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- Ukraine-Italie (0-0)
L’Italie, l’Euro élue
En arrachant un précieux nul face à l'Ukraine (0-0), l’Italie, championne d’Europe en titre, défendra bien sa couronne en Allemagne en juin prochain. Un soulagement pour tout un pays traumatisé par les fiascos sportifs des dernières années.
Le cœur de tous les Italiens s’est arrêté de battre à la 92e minute de cet interminable Ukraine-Italie. Précisément au moment où Mikhaïlo Mudryk, la pépite de Chelsea décevante tout au long de la rencontre, a surgi devant Bryan Cristante à deux pas du point de penalty. Avant de se tordre de douleur devant les bras levés du milieu de la Roma, qui se voyait déjà comme le nouvel ennemi public numéro un de l’autre côté des Alpes. Penalty ? Pas penalty ? L’arbitre espagnol Gil Manzano a dit non. Provoquant moult discussions, regrets éternels pour les uns et joie intense pour les autres : l’Italie défendra bel et bien son titre de championne d’Europe dans sept mois. Non sans peine.
« Nous sommes là où nous méritons d’être »
Il était impératif que cette Nazionale-là conjure le mauvais sort. Pourtant, face à des Ukrainiens vraiment pas fringants, les coéquipiers de Nicolo Barella ont encore une fois réussi à se faire peur. La faute avant tout à leur éternel manque de réalisme, conséquence directe de la pénurie de numéro 9 de grand talent. Car en première période, l’Italie a eu les occasions (Frattesi, Barella, Raspadori) de passer devant. Avant de peu à peu se liquéfier dans la seconde moitié de la partie, comme lors de chaque match couperet de fin de qualifs, et d’être à deux doigts de s’offrir une nouvelle soirée de cauchemar, en fin de bal, comme face à la Macédoine du Nord il y a un an et demi. Oui, ce serait mentir que d’affirmer que l’Italie s’est invitée à la table des 24 plus grandes équipes d’Europe en passant par la grande porte. Mais comme souvent dans ces moments-là, les protagonistes d’un soir retiendront le positif. À raison.
« Nous sommes là où nous méritons d’être, malgré toutes les difficultés que nous avons traversées, clamait au coup de sifflet final le capitaine Gianluigi Donnarumma. Nous sommes de retour grâce au nouveau sélectionneur et à son staff. Nous allons en Allemagne pour gagner l’Euro, en tant que champions en titre. » Un sentiment partagé par le véritable leader technique de cette équipe, l’homme par qui tout peut changer : Federico Chiesa. « Beaucoup de gens pensaient que nous allions échouer, mais nous l’avons fait, assénait à son tour le tonitruant trublion de la Juve au micro de la Rai. Ce soir, nous sommes heureux. »
Rendez-vous l’été prochain
D’une certaine manière, cette qualif à l’arrache des Azzurri rappelle ce qui a longtemps fait l’ADN de la deuxième nation européenne la plus titrée du globe. Comme avant ses sacres mondiaux de 1982 et 2006, l’Italie a galéré et s’est offert un scandale avec les paris de Tonali et consorts. De là à dire que c’est prémonitoire pour la suite ? N’abusons pas. Le contre-exemple parfait est d’ailleurs récent, l’Euro 2020, où la Nazionale avait été reçue 10/10 avant de mettre l’Europe à ses pieds. Un peu à la surprise générale, mais avec plus ou moins les mêmes qualités et défauts que l’équipe reprise en main par Luciano Spalletti mi-août. Même si, sur ce dernier point, des interrogations demeurent sur le groupe actuel, notamment au niveau défensif : le vieux briscard Francesco Acerbi et les jeunes loups que sont Alessandro Buongiorno, Gianluca Mancini et Alessandro Bastoni, vont devoir faire oublier le légendaire tandem Bonucci-Chiellini. Bon courage.
Enfin selon toute vraisemblance, l’Italie devrait atterrir dans le chapeau 4 et s’offrir un groupe de la mort. Comme en 2008, avec les Pays-Bas et la France, où elle était finalement parvenue à se tirer d’affaire malgré une claque inaugurale filée par les Oranje (0-3). Deux ans plus tard, au Mondial sud-africain, elle ne parvenait en revanche pas à sortir d’une poule « abordable » composée de la Slovaquie, de la Nouvelle-Zélande et du Paraguay. Parce que depuis toujours, seule l’Italie sait qui elle est vraiment. Et donc nul ne sait, dans sept mois, quel visage elle affichera à l’endroit même où elle est montée sur le toit du monde il y a bientôt dix-huit ans. Mais faites que cela arrive vite.
Par Andrea Chazy