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L’Italie, lentement, mais sûrement
Samedi face à la Grèce, l’Italie peut d’ores et déjà valider son ticket pour le prochain Euro 2020. Forcément un soulagement après le naufrage face à la Suède en novembre 2017, mais qui ne doit pas faire oublier à la Nazionale qu'il lui reste encore du chemin pour retrouver les sommets.
698 jours. Voici la durée qui sépare la Nazionale, actuelle leader du groupe J des qualifications pour l’Euro 2020, de sa plus grande désillusion sportive récente. Une longue période où l’Italie a d’abord morflé en galérant à élire le président de sa Fédération. Un trou noir où, dans le marasme le plus total, la sélection italienne servait alors même de sparring-partner à la France en vue du Mondial russe. Indigne de son rang et de son statut de quadruple champion du monde. C’est dans un moment pareil, où l’Italie était tombée jusqu’au 20e rang du classement FIFA (le plus bas de son histoire), que Roberto Mancini a été nommé et a commencé à travailler. Et samedi, 698 jours plus tard, elle a déjà la possibilité de s’inviter au prochain Euro qui aura lieu dans toute l’Europe en 2020.
Barella, le chaînon manquant
Pour comprendre le début du redressement de la sélection italienne, il faut remonter un an tout pile en arrière. Le 10 octobre 2018, l’Italie reçoit l’Ukraine dans un match qui n’attire que 12 000 tifosi au Luigi Ferraris de Gênes. La rencontre est loin d’être exaltante, à quatre jours d’un match de Ligue des nations décisif en Pologne où l’équipe de Mancini doit impérativement gagner pour ne pas sombrer de nouveau. Dans son 4-3-3, Mancini décide alors de titulariser pour la première fois Nicolò Barella, qui joue encore à Cagliari et n’a pas la moindre expérience du très haut niveau, aux côtés de Marco Verratti et de Jorginho. Rapidement, l’initiative est une réussite. Mieux, depuis que ce milieu à trois a été mis en place par l’ancien coach de l’Inter, l’Italie n’a plus perdu. Elle recommence même, par séquence pour l’instant, à reproduire un football qui correspond davantage à son réel potentiel.
Celui d’une grande nation, en reconstruction certes, mais d’une grande nation quand même, qui gagne ses matchs. Même laborieusement quand il le faut, comme en Arménie ou en Finlande, le mois dernier. Ironie du sort, c’est ce même Barella, aujourd’hui pièce maîtresse de l’Inter de Conte et qui « rappelle Tardelli » à Mancini, qui avait inscrit le premier but de la campagne de qualifications des Azzurri face à la Finlande à Udine en mars dernier (2-0). Après ce premier succès, l’Italie a fait un carton plein : 6-0 face au Liechtenstein, 3-0 face à la Grèce, 2-1 face à la Bosnie, 3-1 en Arménie et enfin 2-1 en Finlande. Ce qui donne aujourd’hui une Squadra Azzurra en tête de son groupe avec six succès en autant de rencontres. Loin d’être un indicateur définitif qui annoncerait son retour au premier plan. Mais c’est un début.
Le problème du neuf est toujours là
Si quelques chantiers ont déjà été amorcés, le principal reste toujours le problème du buteur. La moyenne de trois buts par match inscrits depuis le début des qualifications est loin d’avoir résolu le problème. Sur l’année 2019, aucun joueur italien n’a inscrit plus de deux buts en équipe nationale. Pas étonnant alors de voir Mancini « laisser la porte ouverte » à un retour de Balotelli en équipe nationale si ses performances avec Brescia sont bonnes. Pas étonnant non plus d’entendre Immobile « ne pas savoir » s’il débutera samedi face à la Grèce comme le confessait le buteur de la Lazio en conférence de presse : « Aujourd’hui, Il Gallo(Andrea Belotti, N.D.L.R.) et moi sommes là. Après, on ne sait pas. Tous ont la possibilité d’endosser le maillot italien. »
Face aux Grecs, qui sortent d’un humiliant match nul à domicile face au Liechtenstein le mois dernier, Roberto Mancini veut que la communion soit totale au stadio Olimpico, quatre ans après le dernier match de l’Italie à Rome : « J’espère que le stade sera plein et que l’on pourra se qualifier dès samedi.(…)Il y a un an, nous étions en grande difficulté. Nous sommes heureux du chemin parcouru. » Mancini peut commencer à sourire : près de 40 000 spectateurs se sont déjà donné rendez-vous pour garnir l’enceinte romaine samedi. L’opération reconquête sera longue pour exorciser les démons présents depuis deux ans dans les têtes des tifosi italiens. Mais oui, elle a débuté.
Par Andrea Chazy