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L’Italie doit repartir de zéro après sa piteuse élimination face à la Macédoine du Nord
Après le Mondial 2018 en Russie, l'Italie va manquer la Coupe du monde 2022 au Qatar. Un tremblement de terre que personne n'a voulu voir arriver après la victoire à l'Euro cet été. Pourtant, les signes étaient là. Maintenant, comme il y a cinq ans, les Azzurri vont devoir repartir de zéro.
Assis au bord de la pelouse du stade Renzo Barbera de Palerme, après un match perdu face à la Macédoine du Nord, Marco Verratti est en larmes. Qui l’aurait imaginé ? Personne. Le footballeur est pourtant un être humain comme un autre qui parvient à être surpris de voir que les heures sombres peuvent refaire surface. Lorsqu’il a repris en main la sélection en 2018, après des mois où personne ne voulait le job, Roberto Mancini avait récupéré un groupe détruit. Quatre ans et demi plus tard, après une thérapie qui semblait avoir fait effet, Mancini se retrouve avec devant lui des hommes détruits. Certains certainement pour de bon.
Et dire que pendant les beaux jours, la vérité – qui n’était en réalité qu’un mirage – avait rassuré tout le monde : l’Italie avait gagné l’Euro et, après des années de galère, était enfin de retour au premier plan. À sa place, celle de deuxième nation la plus titrée de l’histoire en Coupe du monde ex-aequo avec l’Allemagne et juste derrière le Brésil. La planète foot retrouvait l’un de ses cadors, mais elle a été aveuglée. La rentrée des classes avait pourtant tenté d’ouvrir les yeux sur ces maux transalpins qui ne s’étaient pas tous évaporés. Face à la Bulgarie, à deux reprises contre la Suisse, face à l’Irlande du Nord, l’Italie bégayait déjà devant le but. Les 32 tirs du soir contre la Macédoine du Nord l’ont confirmé, et Ciro Immobile, Lorenzo Insigne et Domenico Berardi ont eu comme prévu les pieds qui tremblaient au moment de la mettre au fond.
Pour la deuxième fois de suite, l’Italie va regarder la Coupe du monde sur la Rai. Dans un pays où le football est une religion, il est encore trop tôt pour mesurer l’ampleur des dégâts. Pendant au moins douze ans, les enfants italiens ne verront pas les Azzurri lutter pour décrocher un cinquième titre mondial. La nuit magique de Wembley n’est pas oubliée, mais c’est tout comme après cette nouvelle humiliation. Il n’y a qu’à entendre les zéros du soir parler pour déceler le mal. Au coup de sifflet final, Jorginho concédait penser encore et encore à ces deux penaltys manqués face à la Suisse qui auraient envoyé l’Italie au Qatar. Giorgio Chiellini, lui, se disait tout simplement « détruit ». De son côté, Roberto Mancini parlait ni plus ni moins de « moment le plus dur de sa carrière ».
Comme il y a cinq ans, viendra le moment de s’asseoir autour d’une table pour comprendre comment l’impensable a pu se produire. Pour Mancini, le chantier s’annonce encore une fois immense. Voudra-t-il aller au bout de son contrat qui le lie avec la sélection jusqu’en 2026 ? Rien n’est moins sûr. Le football italien vit des heures sombres, et la lumière entrevue cet été n’était en fait qu’une bougie qui vient de se consumer. Le Calcio est plongé dans le noir, et personne ne sait quand arrivera le moment où il reverra scintiller le soleil de Sicile.
Par Andrea Chazy