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L’Italie a les meilleurs footeux étudiants
La 28e édition de l'Universiade d'été avait lieu à Gwangju en Corée du Sud du 3 au 14 juillet. C'est la Squadra Azzurra qui a remporté le tournoi de football masculin.
Quel est le point commun entre le champion du monde Massimo Oddo, Alberto Paleari, Lorenzo Cerrai et Paolo Faragò, honnêtes joueurs de troisième division italienne ? Une belle breloque dorée qui figure dans l’armoire à trophées. En effet, il y a 18 ans, l’ancien arrière latéral de la Lazio et du Milan remportait le tournoi de football de l’Universiade. C’était la 19e édition, et elle était justement organisée en Italie, précisément en Sicile. Avec le gardien Adriano Zancopè, ils ne seront que deux à connaître la Serie A quelques années plus tard, mais pour ce dernier, moins connu, ce sera le seul titre de sa carrière. Une médaille que les néo-lauréats se doivent donc de savourer.
Des J.O en miniature
Mais c’est quoi au juste cette Universiade ? Créée à la fin des années 50, ayant lieu tous les deux ans, et connaissant deux versions : hiver et été. Il s’agit de mini olympiades réservées aux sportifs étudiants âgés de 18 à 27 ans, le tout organisé par la Fédération internationale des sports universitaires. Cette année, elle se déroulait en Corée du Sud, et les petits plats ont été mis dans les grands comme le décrit Alberto Paleari, un des trois gardiens de cette équipe d’Italie médaillée d’or : « La cérémonie d’ouverture a eu lieu dans le World Cup Stadium, un stade de 50 000 places. C’était fabuleux, on est tous restés sans voix. Notre porte-drapeau était Martina De Memme, une nageuse. » Une vraie ambiance de Jeux olympiques donc. « Absolument, avec le village, la cantine et tout le toutim. Tout a été construit exprès, des grands immeubles de trente étages. Dans certaines disciplines, l’Universiade est très importante puisqu’elle permet d’accumuler des points pour les prochains Mondiaux aux J.O. C’est notamment le cas de la natation, il y a les championnats du monde à Kazan dans quelques jours, et beaucoup étaient ici à Gwangju. »
Mais parlons un peu football. La compétition a le format d’un Euro à seize équipes, sauf qu’elle se dispute en seulement onze jours. « On a fait une préparation d’une semaine à Rome avant de partir. Au début, avec le jet-lag et l’humidité, c’était franchement compliqué, personne n’aurait donné l’Italie gagnante. » Vingt joueurs s’envolent en Asie. Le sélectionneur Piscedda pioche dans le réservoir des équipes d’Italie de Serie B et de Lega Pro réservées aux U23. « Il n’y a aucun pensionnaire de Serie A, car ils sont évidemment très peu à poursuivre des études en parallèle. Et il est même fort probable que leur club s’opposerait à une convocation. » Parmi les convoqués, on ne retrouve étonnamment qu’un seul attaquant. « Parce qu’ils sont plus ignorants que les autres » , s’esclaffe Alberto ! « Plus sérieusement, on a eu beaucoup de blessés dans ce secteur, et d’autres ont préféré s’envoler à Ibiza et Formentera. Ils ne savent pas ce qu’ils ont perdu ! » Ils ont sans doute gagné quelques MST. Chacun son trophée.
Une victoire surprise
L’Italie débute alors la compétition en sourdine. « Ce n’est qu’à partir des demies que les matchs ont été retransmis sur Eurosport. » Le niveau des adversaires est, lui, très disparate. « Oui, ça dépend, par exemple la Corée, ce sont des joueurs de D1. Le Canada, c’est une section universitaire, il y a de tout. » Le Japon, lui, fait mieux en préparant tous les deux ans une équipe spéciale universiade. « Mais le plus beau, c’est de rencontrer une équipe et de se recroiser le soir à la cantine et de tailler le bout de gras. » La victoire finale de l’Italie n’est donc pas un mince exploit, Japon, Corée, Brésil et même la France tenante du titre avaient les faveurs des pronostics. « L’esprit de groupe a fait beaucoup. En finale, on joue le pays organisateur, heureusement, ils prennent un rouge au bout de dix minutes et, du coup, on l’emporte 3-0. »
Et la prime ? « Rien. On n’a pas le droit. Au mieux, on nous offrira un téléphone ou un ordinateur. La vraie récompense, c’est d’avoir pu représenter notre pays, entendre l’hymne et puis faire des rencontres incroyables. Tous les athlètes se soutenaient, on est allés supporter les nageurs, l’équipe de water-polo médaillée d’argent. En fait, un jour on avait match, et l’autre, on était au repos. » Une journée bien mise à profit par ailleurs : « On a visé quelques nationalités, notamment les Lettones qui étaient dans notre bâtiment » , confie-t-il avec amusement. Le retour à la réalité est particulier après cette parenthèse bienheureuse. Alberto va poursuivre ses études de STAPS : « On est de plus en plus de joueurs étudiants à mon niveau, précarité du métier de footballeur oblige » tandis que la reprise des entraînements avec la Giana Erminio est déjà prévue pour le 20, avec une belle breloque à montrer à ses coéquipiers.
Par Valentin Pauluzzi