- EURO 2016
- GR. F
- Islande-Autriche (2-1)
L’Islande s’offre la deuxième place sur le gong
Menés puis largement dominateurs en seconde période, les Autrichiens ont été pris en contre à la dernière minute de jeu par l'Islande et s'inclinent contre le cours du jeu (2-1).
Islande 2-1 Autriche
But : Bödvarsson (19e) et Traustason (90e) pour les Islandais // Schöpf (60e) pour l’Autriche
Ce premier chapitre ne pouvait se terminer que comme ça. Acculés dans leur camp depuis de très longues minutes, les Islandais flirtent avec l’élimination. Leur portier a bien essayé de grappiller des secondes tout au long du deuxième acte d’une rencontre de bonne facture face à l’Autriche, ce sont bien leurs supporters qui se rongent les ongles en cette fin de match, au moment ou le gardien autrichien Robert Almer traîne son crâne chauve dans la surface adverse pour un dernier corner. Mais n’est pas un héros qui veut. Pris en contre, les Autrichiens voient David Alaba battre le record du monde du 60 mètres vainement. Parfaitement trouvé dans l’axe par Bjarnason, le nouvel entrant Traustason crucifie l’Autriche à la dernière seconde de jeu et envoie directement son Islande en huitièmes de finale de l’Euro. Une fin haletante pour un joli chapitre, mais pas la fin de l’histoire. Loin de là. Et tant pis pour les Anglais qui les affronteront en huitièmes de finale.
La folie islandaise
Ils le prennent au mieux pour un fou, au pire pour un énorme casse-bonbon. Venus en masse du côté de Saint-Denis pour enfin voir un but de leur équipe, les supporters autrichiens sifflent copieusement Aron Gunnarsson, capitaine islandais, qui vient de demander au ramasseur de balle de changer de sphère avant une de ces fameuses touches « intéressantes » , pourvu que l’on compte Rory Delap ou César Azpilicueta dans son équipe. Malheureusement pour les hommes en rouge, le sang qui coule dans les veines du capitaine adverse est froid. Le barbu prend son temps avant d’envoyer un missile vers la surface d’Almer. Étrangement tranquille, Bödvarsson se permet un contrôle un peu long dans la surface avant de croiser un tir que le portier adverse ne peut que regarder. Déjà en marche, la folie islandaise s’empare un peu plus du 93. On joue la 19e minute au Stade de France et la foule ne vibre pas pour la première fois. Oui, s’ils sont ceux qui font le plus de bruit dans les tribunes, les Autrichiens ont passé les premières minutes du match à constater que les Islandais savent jouer au ballon. Après 120 secondes de jeu, Bjarnason brise le milieu autrichien d’une passe entre les lignes à destination de Sigurdsson qui commence, lui, son atelier talonnade. La première de la rencontre est parfaite et atterrit dans les pieds de Gudmundsson, un type qui n’aime pas trop se poser de question : sacoche du gauche sur l’équerre d’Almer qui se contente de regarder le ballon comme Barthez face à Roberto Carlos au tournoi de France 1997. Tout cela a duré une petite mi-temps. C’était la folie islandaise. Elle reviendra.
La bonne recette de Marcel
Les Rouges sont avertis mais un joueur autrichien averti n’en vaut même pas un demi. Très faibles dans le jeu où seul Baumgartlinger, et parfois Christian Fuchs, tentent des gestes de footballeur, les joueurs de Marcel Koller se procurent tout de même deux énormes occasions. Halldorsson, qui fait partie de cette caste folle des gardiens mi-rassurants, mi-inquiétants, se fait d’abord chiper le ballon par Arnautović juste devant son but. Mais à cause d’une glissade et d’un bon tacle du portier adverse, le joueur de Stoke ne parvient pas à ouvrir le score. Punis immédiatement par Bödvarsson, les Autrichiens pensent alors pouvoir marquer leur premier but de la compétition suite à une faute de Skúlason sur Alaba dans la surface. Pourtant quand tout le monde attend Alaba ou Arnautović, c’est Dragović qui se présente au point de penalty. Le résultat est le même qu’ont obtenu Juanfran et plus récemment Ronaldo : plat du pied droit croisé, poteau, gardien adverse qui exulte.
Si Renaud a soulé toute la France avec son retour au premier plan, il y a bien un truc dont on ne se lassera jamais en cinq minutes sur un banc, c’est le coaching gagnant. Toujours debout dans sa zone, Marcel Koller n’en peut plus de voir son Autriche pratiquer un football aussi fade pendant que toute la planète foot s’amourache de la balade nord-irlandaise. Bien décidé à contourner ce putain de camion islandais, le patron d’une Autriche menée 1-0 porte ses couilles et sort un défenseur central et un milieu défensif à la pause pour faire entrer un milieu offensif et un attaquant. Tout frais, Alessandro Schöpf fait honneur à son nom de slalomeur à l’heure de jeu quand il efface les centraux islandais comme des piquets à Cortina d’Ampezzo avant de tromper Halldorsson du pied gauche. Après deux matchs et demi, l’Autriche sort enfin de sa léthargie footballistique. S’ils n’étaient pas tombés sur un os nommé Arnason, qui sauve les siens deux fois sur sa ligne, le but de Schöpf aurait pu être celui du break. Largement dominateurs et beaucoup plus séduisants dans le jeu, les potes d’un Alaba méconnaissable déferlent sur le but d’un Halldorsson pas franchement décidé à se faire entuber sa place en huitièmes de finale. En témoigne ce carton jaune pris tardivement pour avoir tenté de gagner du temps pendant une bonne partie du second acte. Pas du genre à laisser béton, Koller pousse les siens jusqu’aux ultimes minutes, mais ce sont bien eux qui marcheront à l’ombre pendant le reste du mois de juin. C’est quand même con de se réveiller à 45 minutes de son élimination.
Par Swann Borsellino, au Stade de France