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Lisandro super-héros
Contre toute attente, le Racing Club de Lisandro López se déplace ce dimanche soir à River Plate en tant que leader du championnat argentin. Un choc qui pourrait rapprocher l'ex-attaquant de l'OL, énorme cette saison, du statut de légende du club.
Comme une impression de déjà-vu. En 2016, Lisandro López revenait au bercail dans son club formateur du Racing Club de Avellaneda, deux ans après le retour glorieux de Diego Milito au sein du même club. Deux formidables avants-centres, deux amoureux du maillot ciel et blanc du Racing, mais avec une différence : l’un, Milito, avait déjà remporté un championnat d’Argentine dans sa jeunesse. L’autre, López, ne compte que des championnats du Portugal à son palmarès. Désormais âgé de 36 ans et avec le temps qui court, Lisandro semble ainsi comme en mission depuis le début de saison : cette année, la Superliga Argentina est pour lui et son Racing, un titre qui leur échappe justement depuis le départ à la retraite de Diego Milito. Et après 17 journées, ça sent plutôt bon : avant son déplacement ce dimanche soir à River Plate, le Racing compte en effet trois points d’avance sur les surprenants Defensa y Justicia, et onze sur les principaux concurrents de Boca Juniors (qui compte un match en moins), doubles tenants du titre.
La dernière fois que le Racing a visité le Monumental, pas grand monde ne le donnait pourtant favori du championnat argentin. C’était en août dernier, à l’occasion d’un huitième de finale retour de Copa Libertadores remporté aisément par River (3-0). Le championnat argentin venait tout juste de débuter, et le Racing semblait alors très loin du niveau des deux grands clubs de Buenos Aires. C’est à ce moment que Lisandro s’est mué en chef de révolte, comme si l’aperçu d’une nouvelle saison vierge l’avait piqué. Au micro des journalistes, il fait passer un message clair à ses coéquipiers : désormais, le Racing est « obligé » de gagner le championnat. Trois jours après, c’est lui qui ouvre le score contre Rosario Central d’un but sur corner. Et cinq mois plus tard, Licha est tout simplement en tête du classement des buteurs avec 14 buts en 17 journées. Pas mal pour un vieillard qui ne peut plus taper un sprint : « Je n’aurais jamais pensé marquer autant de buts ! » , a-t-il ainsi avoué tout sourire au micro d’une radio argentine.
Une grinta légendaire et communicative
Sans ses jambes de jeunesse, Lisandro compense par son sens du placement, sa roublardise et, disons-le, pas mal de buts de raccroc. Comme il le dit lui-même, « en ce moment, on privilégie la victoire, on verra après pour la qualité du jeu » . Toujours aussi guerrier et combatif sur un terrain de foot, sa grinta est l’une des forces motrices de ce Racing, comme le confirmait il y a quelques jours son coéquipier Augusto Solari pour Olé : « Il est un exemple. Aussi bien sur le terrain qu’en dehors, c’est lui qui nous montre le chemin à prendre. Licha est notre capitaine et le joueur de l’effectif avec la plus grande expérience, il nous transmet tout ce qu’il a vécu au long de sa carrière. Et il a un tel amour pour le Racing que ça nous donne un sentiment d’appartenance à ce club. » Ces paroles ne viennent d’ailleurs pas de n’importe qui : formé à River, Augusto Solari est le neveu de Jorge Solari, un ancien joueur de River, et un cousin de Santiago Solari, l’actuel coach du Real Madrid lui aussi formé à River. Le fait qu’il confie aujourd’hui « appartenir » au Racing est l’exemple parfait du charisme contagieux qui émane de ce Licha en pleine mission pour lui et son club de cœur.
Mais est-ce suffisant pour renverser ce soir les champions d’Amérique du Sud sur leur terrain ? Malgré la baffe reçue l’été dernier, le capitaine courage du Racing y croit dur comme fer. Et évidemment, son discours d’avant-match pour Olé ne parle pas de tactique : « Il va falloir qu’on se batte plus que la dernière fois. Qu’on sorte des vestiaires avec une autre attitude, un autre visage, qu’on y aille avec une autre intensité. » Au bout de ce match, le Racing pourrait faire un sacré pas vers une victoire finale en championnat, d’autant plus qu’on voit mal Boca Juniors se remettre totalement de sa défaite tragi-comique en finale de Libertadores et revenir sur le Racing. Alors oui Licha, c’est sûrement l’année ou jamais. Et en vrai, la plupart d’entre nous qui l’avons vu dans le championnat de France souhaitons le voir accomplir son rêve de gamin. Car si quelqu’un le mérite, c’est bien lui.
Par Kerill McCloskey