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  • Ligue Europa – Groupe I – Ironi Kiryat Shmona/Lyon

L’Ironi dans l’histoire

Par Régis Delanoë
6 minutes
L’Ironi dans l’histoire

Sacré champion d’Israël à la surprise générale la saison dernière, l’Hapoël Ironi Kiryat Shmona défie Lyon ce soir, après avoir ramené un excellent résultat nul de son déplacement à Bilbao lors de la première journée. Découverte d’un club qui laisse penser que les miracles continuent encore aujourd’hui de se produire en Terre Sainte.

La présence de l’Hapoël Ironi Kiryat Shmona dans les compétitions européennes cette saison interpelle. Il y a ce blaze, déjà, long comme un samedi passé en Israël quand on n’est pas croyant. En 2000, deux clubs de la ville de Kyriat Shmona, l’Hapoël et le Maccabi, fusionnent avec pour premier résultat ce patronyme à rallonge. Quant aux résultats sportifs, ils ne tardent pas à venir. L’équipe progresse rapidement dans la hiérarchie du football israélien, pour passer de la 4e division à l’élite dès 2007. Cinq ans plus tard, le voilà champion, devançant les puissants clubs de Tel Aviv, d’Haïfa et de Jérusalem. Il faut remonter à 1983 et la victoire du Maccabi Netanya pour trouver trace d’un titre national non glané par une formation d’une de ces trois villes.

« J’ai vu les missiles pleuvoir »

Voilà d’ailleurs une autre chose qui interpelle avec l’Ironi Kiryat Shmona – on va raccourcir un peu ce nom, ça va être plus pratique : mais comment diable s’est-il hissé à ce niveau ? Avant tout grâce à la bienveillance d’un généreux mécène, Izzy Sheratsky. Le richissime homme d’affaires a fait fortune en fondant en 1994 Ituran, une société spécialisée dans la fabrication de GPS pour les États-Unis et l’Amérique du sud. L’homme a du blé à ne pas savoir qu’en faire et un petit cœur qui palpite. Alors, quand il apprend les malheurs d’une modeste ville de l’extrême nord du pays, son sang ne fait qu’un tour. « En 1999, la situation à Kiryat Shmona allait très mal, a-t-il récemment raconté à un journaliste du Der Spiegel. J’ai vu les missiles pleuvoir sur la ville, alors j’ai décidé de l’adopter. »

Les 23 000 habitants de Kiryat Shmona vivent en effet une situation pas banale, coincés qu’ils sont dans une zone instable. La frontière libanaise n’est qu’à une poignée de kilomètres au nord-ouest, le plateau du Golan à l’est et la Syrie juste de l’autre côté. En ce moment, c’est relativement calme en ville, mais il faut bien reconnaître que le Hezbollah libanais a dans un passé proche régulièrement pointé dans sa direction ses vieux Katioucha soviétiques, tirant épisodiquement quelques roquettes, histoire que le matériel ne s’encrasse pas. Forcément, dans ces conditions, difficile de vivre une vie normale. La petite cité est l’une des plus déshéritées du pays, le taux de chômage y bat des records et une bonne partie de la population rêve de mettre les voiles. Enfin ça, c’était avant qu’Izzy Sheratsky ne déboule, lui qui aide depuis plus d’une décennie Kiryat Shmona, à hauteur de 200 000 euros chaque année.

Le budget du Paris FC

Avec les étrennes du généreux parrain, la mairie a pu financer des projets dans les domaines de l’éducation et de la santé notamment, redonnant dynamisme et pouvoir d’attractivité à la ville. Pour le volet loisirs, le maire a soufflé l’idée à tonton Izzy de mettre des billes dans le ballon rond. « Le football est une goutte d’eau dans l’océan, mais ça permet au moins aux gens d’oublier les soucis du quotidien » , justifie-t-il, lucide. C’est donc dans ces conditions que les deux clubs de la ville ont fusionné en 2000 pour n’en créer qu’un seul, qui a rapidement grandi, un peu à la façon d’Hoffenheim en Allemagne. À la différence que Dietmar Hopp avait décidé dès le départ d’investir massivement dans des stars, payées généreusement. Alors que la stratégie de son homologue israélien est tout autre. Lui a accepté de devenir président de l’Ironi Kiryat Shmona, mais à deux conditions : 1/ que l’effectif soit majoritairement composé de jeunes du coin formés au club et 2/ que les joueurs recrutés à l’étranger acceptent de vivre en ville, et non par exemple à Haïfa, situé à seulement une centaine de bornes au sud.

C’est dans ce particularisme que se trouve la réponse à la troisième source d’étonnement concernant l’Ironi Kiryat Shmona. Mais comment donc fait ce club pour obtenir de si bons résultats sur la durée ? Car il a un président blindé de thunes, ok, mais il n’a jamais été question pour lui de céder à la facilité de trop s’en servir. Le club affiche cette saison un budget de 4 millions d’euros. C’est moitié moins que certains gros clubs de Tel Aviv et Haïfa, moins que le budget du GFC Ajaccio en Ligue 2 française et à peu près autant que celui du Paris FC en National. Pourtant, avec si peu d’argent, l’équipe a donc gagné le championnat, remporté les deux dernières éditions de la Coupe de la Ligue, bien failli se qualifier pour la Ligue des champions – échec en play-offs face au BATE Borisov – et est allée obtenir un résultat nul 1-1 à Bilbao, finaliste de la dernière édition, lors de la première journée de cette phase de poules de Ligue Europa. Ces exploits multiples ont été réalisés par un groupe de joueurs ultra-soudés dans l’adversité, concernés et concentrés. Dans une ville sans distraction ou presque, les joueurs n’ont que le terrain en tête.

Motivés, mais diminués

La colonne vertébrale de l’équipe est constituée de joueurs nés à Kiryat Shmona et formés au club : le gardien Danny Amos, le néo-international Shir Tzedek, le capitaine Adrian Rochet… Autour d’eux, quelques joueurs d’expérience, dont une poignée d’étrangers : le défenseur serbe Dušan Matović, le meneur macédonien Darko Tasevski, le buteur hongrois László Lencse… Rien de clinquant et pourtant ça marche. Enfin, jusqu’à présent en tout cas. Le problème, c’est que l’Ironi doit composer cette saison avec la perte de deux éléments majeurs et réussites passées : l’entraîneur Ran Ben Shimon, parti à Larnaca à Chypre, et le buteur Barak Badash, qui fait le bonheur de Beveren en Belgique depuis qu’il y a débarqué fin août. Du coup, le club peine à confirmer cette saison, avec déjà un changement d’entraîneur, une place en milieu de tableau en championnat après 5 journées et une série en cours de cinq matchs sans victoire, toutes compétitions confondues. C’est dans ces conditions de miracle permanent mais instable que les « Lions » – leur surnom – de Kiryat Shmona vont défier les lions de Lyon ce soir. À Haïfa, le stade local de 5500 places n’étant pas homologué par l’UEFA. Et devant un public nombreux et familial qui peut, grâce à cette équipe pas banale et à son épopée un peu folle, revendiquer enfin avec un peu de fierté le fait de vivre dans la ville la plus septentrionale du pays.

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