- Euro 2012
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- Espagne/Irlande
L’Irlande peut-elle le faire ?
L'Irlande a foiré le début son Euro, s'inclinant sans les honneurs face à la Croatie (1-3) lors du premier match de poule. Déjà dos au mur, l'Eire se présente devant l'Espagne sans aucune garantie. Une arrière-garde fébrile, un milieu à la ramasse : les « Boys in Green » de Giovanni Trapattoni s'apprêtent à défendre comme des chiens face à la Roja. Les Irlandais souhaitent néanmoins se servir de la dernière confrontation contre la Roja pour croire à l'exploit.
Le « Kick and Rush » face à une équipe sans attaquant ? L’Irlande-Espagne qui se profile ce jeudi vaudra son coup d’œil. La sélection de Giovanni Trapattoni n’a pas les faveurs des pronostics, loin de là, et c’est normal. L’Eire a montré d’entrée ses limites techniques face à la Croatie (1-3), se tirant une balle dans le pied dans les premières minutes avec un but casquette. Les Verts ne sont pas les plus talentueux de la compétition et ils le savent. Mais les coéquipiers de Damien Duff affichent des valeurs de combat empruntées au XV du Trèfle qui masquent certaines lacunes. Une abnégation qu’il faudra maximiser face à la Roja. « On est tombés dans un groupe très difficile, explique Mark Rodden, journaliste sportif irlandais basé à Paris. On a de gros défauts au niveau technique et on est conscients que c’est l’équipe irlandaise la plus moyenne qui se soit jamais qualifiée pour un tel tournoi. Mais les mecs ont un avantage : ils n’ont pas peur de l’Espagne. Il faudra bien défendre et gérer nos temps forts pour pouvoir exister. »
Prendre exemple sur la Suisse
Tout le monde se fait une raison au pays. L’Irlande est bien meilleure au rugby ou dans les sports gaéliques qu’avec une gonfle dans les pieds. Mais elle ne doit sa qualification pour ce championnat d’Europe qu’à elle-même. Le système mis en place par le Trap a « été très efficace » , selon notre gratte-papier irlandais. « Le coach pense d’abord à ne pas perdre, avec un leitmotiv : encaisser le moins possible de buts. » L’équipe de John O’Shea devra sortir un minimum face à l’Espagne pour éviter de trop subir contre une nation réputée pour sa qualité de jeu. Un choc des cultures, dix ans après la dernière confrontation entre les deux pays. Un huitième de finale de Coupe du monde perdu aux penalties encore dans la mémoire de Shay Given, Damien Duff ou Robbie Keane, unique buteur irlandais de cette rencontre.
Depuis, de l’eau a coulé sous les ponts. L’Espagne s’est trouvé une véritable identité, l’Eire a, elle, gardé la même uniformité. Peut-elle reproduire l’exploit d’un match nul contre les Espagnols ? « Les joueurs ont beaucoup progressé au niveau mental, ces dernières années, et c’est une équipe qui, malgré ses points faibles, est très difficile à battre, raconte Mark Rodden. Le groupe va être très motivé après la défaite face à Croatie. Mais les supporters ne croient pas du tout à la victoire. L’Irlande doit prendre exemple sur la Suisse qui a gagné contre l’Espagne en 2010 (1-0). Les Helvètes l’ont fait alors pourquoi pas nous ? »
Walters à la place de Doyle ?
Les « Boys in Green » devront sortir le match de leur vie pour plier les Xavi, Fàbregas & co. Pour inverser la tendance des bookmakers, Giovanni Trapattoni est tenté de titulariser Jonathan Walters à la place de Kevin Doyle, comme le confirme Carl O’Malley, chroniqueur à l’Irish Times. « Walters est plus en confiance que Doyle, actuellement. Le coach a laissé entendre que le joueur de Stoke pourrait démarrer. Le Trap veut bouger un maximum l’axe central Piqué-Ramos qu’il considère comme le point faible de la Roja. Walters a montré face à la Croatie qu’il peut être la solution. » Une chose est sûre, l’Irlande devra être bien meilleure qu’il y a quatre jours, y compris au milieu de terrain, le talon d’Achille de la nation irlandaise. « Nos milieux de terrain axiaux (Andrews, Whelan) ne sont ni rapides, ni de bons passeurs, poursuit O’Malley. Ils sont rarement autorisés à franchir la ligne médiane et, de ce fait, sont inhibés dans le domaine offensif. » Bref, l’Eire va devoir se surpasser pour glaner les trois points et créer le premier véritable exploit de cet Euro. Quitte à planter un but de la mimine…
Par Romain Poujaud