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- Iran-États-Unis (0-1)
L’Iran a tout perdu
Face aux États-Unis, la Team Melli n’a pas été en mesure d’accrocher le point du match nul qui l’aurait envoyée vers un historique huitième de finale de Coupe du monde. Conséquence : sur comme en dehors du terrain, l’Iran a tout perdu.
Carlos Queiroz n’aura pas réussi son coup. Comme en 2018, son Iran a loupé la qualification pour un but. Sauf que cette fois, ce n’est pas un bombazo de Iago Aspas à la 91e minute – qui avait qualifié l’Espagne à sa place grâce à un nul face au Maroc (2-2) – dans l’autre rencontre du groupe qui a barré la route de la formation perse. Non, là, c’est bien tout seul que l’Iran s’est sabordé en se montrant incapable de contenir les vagues américaines en première période, puis à foutre le feu ensuite dans la surface de la Team USA. Encore une fois, le géant du Moyen-Orient ne sera pas au rendez-vous des huitièmes de finale d’une Coupe du monde. Le triste épilogue sportif d’une campagne qui aura davantage divisé que rassemblé un peuple iranien aujourd’hui plus que jamais désuni.
Déception sur le terrain, tension en tribunes
Dès la première danse de la Team Melli face à l’Angleterre, qui s’est soldée par un fiasco sur le terrain (2-6) et un banquet de revendications en tribunes, il était écrit que l’histoire se terminerait mal. Au coup de sifflet final de ce faussement symbolique États-Unis-Iran, qui n’avait pas grand-chose à voir avec le match de la paix de 1998, des bagarres ont éclaté autour du stade Al-Thumama entre supporters iraniens prorégimes et partisans de la révolution en cours. La fin d’un fil rouge sur le sol de Doha qui a vu, au fil des jours, de plus en plus de partisans d’Ebrahim Raïssi rallier l’émirat pour réduire au silence des femmes et des hommes seulement venus chanter leur demande de liberté. Entre le premier match face aux Three Lions et ce dernier contre les USA, la pression policière de l’État qatari aux abords des stades et l’arrivée massive « de marionnettes du régime » comme nous le confiait une militante avant la rencontre face au pays de Galles ont considérablement augmenté.
Une tension grandissante qui n’a pas épargné les joueurs de l’équipe nationale. À la suite de leur silence lors du premier hymne national diffusé, le régime les aurait menacés « d’emprisonner et de torturer » leurs familles selon CNN. S’en est donc suivi un long silence médiatique des stars iraniennes, protégées par Carlos Queiroz dégainant à tout-va face aux journalistes. À la veille de cette ultime bataille, le sélectionneur portugais répétait encore : « Tous ces événements qui surviennent pendant cette Coupe du monde, j’espère que ce sera une bonne leçon pour nous tous dans le futur et que lors du prochain événement international, nous apprendrons que notre mission ici est de divertir les gens pendant 90 minutes, de les rendre heureux. » Sauf que même ça, l’Iran n’y est pas parvenu.
De cette campagne sportive, il n’y a en effet pas grand-chose à retenir de très positif. Avec Sardar Azmoun diminué et Mehdi Taremi qui a sauvé son tournoi grâce à son doublé inscrit face aux Anglais, la Team Melli n’aura finalement que des regrets sur ce dernier match face aux États-Unis. Après la rencontre, en conférence de presse, Queiroz faisait le bilan :« Malheureusement, en football, l’équipe qui ne marque pas est punie. C’est simple, l’équipe qui a marqué en première période mérite de gagner. Nous n’avons pas marqué et nous sommes punis. En football, il n’y a pas de justice. Félicitations aux États-Unis et bonne chance à eux pour les huitièmes de finale. » Nul ne sait de quoi son futur sera fait, ni celui de toutes ces femmes et de ces hommes qui auront jusqu’au bout tenté d’alerter le monde entier sur leur sort. Il ne faut pas s’y tromper : c’est maintenant pour eux, au moment de rentrer au pays, que le plus dur va commencer.
Par Andrea Chazy, à l'Al Thumama Stadium