On va parler de votre grande activité en ce moment : le live-tweet des matchs de la Coupe du monde. Vous êtes un vrai supporter sur les réseaux sociaux ?
Je tweete en passionné et oui, bien sûr, aussi en supporter. Vous savez, j’ai été gardien de but en club pendant huit ans, en Haute-Savoie, et le football c’est une passion, ça ne s’éteint jamais… Le reste de l’année, je suis plutôt sur l’ETG (Évian Thonon Gaillard), le club de ma circonscription. Tous les quinze jours, je vais au stade, voir leurs matchs à domicile. Mais là oui, c’est beaucoup de la Coupe du monde, en ce moment.
Vous n’hésitez pas à vanner. Vous avez même mis une photo du journal Le Matin qui titrait « Plumez ce coq » …
(Rires) Oui, ça c’était le petit clin d’œil à la Suisse ! À Annecy, on est à 40 kilomètres de la frontière. C’était une petite provocation parce que je sais qu’à Genève, il y avait de l’ambiance, écran géant et tout. Mais ça en reste là. De toute façon les deux finalement vont se qualifier pour les huitièmes.
Comment vous sentez l’équipe de France ? Les footix s’en donnent à cœur joie…
Y a une sauce qui prend, c’est incontestable. On sent que les choses montent en puissance. Finalement, l’absence de Samir Nasri et Franck Ribéry, c’est plutôt un mal pour un bien. Quand ils sont là, ils portent trop le ballon. Tous les buts en contre qu’on a mis depuis le début, on ne les aurait jamais mis avec eux. Le jeu à une touche de balle de Griezmann, c’est mieux que les tricoteurs genre Ribéry. Une passe, ça va toujours plus vite qu’un joueur balle au pied…
Et niveau état d’esprit ?
L’équipe gérée comme une cour d’école, avec des caïds comme Ribéry, c’est terminé. On a eu cinq buteurs différents dans le dernier match. Même les Pays-Bas n’ont pas la même diversité : ils ont Robben et c’est tout. Pareil pour le Brésil, ils comptent beaucoup sur Neymar. Là, on voit que l’équipe de France a un super état d’esprit : il n’y a pas de leader charismatique, chacun joue son rôle. Même Benzema n’est pas un leader. Certes il porte l’équipe, il fait son boulot, comme Giroud qui a bien compris qu’une fois il était dehors, une autre il était dedans, en fonction des besoins de l’équipe. Chacun se met au service du collectif.
On n’est pas en banlieue, il doit y avoir des chefs, du respect
En 2010, vous aviez brisé le huis clos de l’audition de Raymond Domenech à l’Assemblée en tweetant, encore une fois. Là, on a l’impression que les joueurs font un peu pareil, ils tweetent pour échapper à la communication verrouillée qu’on leur reprochait auparavant ?
C’est vrai qu’on a tendance à dire que les joueurs sont renfermés, qu’ils vivent en vase clos. Mais maintenant avec les réseaux sociaux, tout se sait. Tout le monde participe. Ils envoient des photos sur leur table de massage ou quand ils jouent aux jeux vidéo. C’est sympa. Après, il faut faire attention, arbitrer, réfléchir aux conséquences : est-ce que ça peut influer sur la tactique, sur ce que pensent les autres joueurs… Il faut faire attention aux clashs malheureux, comme dans toute communication. Mais vouloir contrôler les réseaux sociaux, c’est impossible. C’est comme en politique, c’est nouveau, et il faut faire avec. Quant à cette histoire de huis clos, c’était un ras-le-bol général. Souvenez-vous, l’audition du sélectionneur devait être ouverte. Il y avait 150 journalistes complètement frustrés qui voulaient savoir ce qu’il s’était passé dans le bus. Et quinze minutes avant, la Fédération demande un huis clos. C’était scandaleux. D’autant plus que tout ce qui est dit à l’Assemblée nationale est public deux jours après, car il y a un compte rendu… C’était vraiment se cacher derrière son petit doigt, comme cette lettre surréaliste que Domenech avait lu. Clairement, quand on fait des choses comme ça, on n’est pas fait pour le métier d’entraîneur.
Vous êtes dur : il nous a quand même menés jusqu’en finale en 2006.
Mais quel a été son apport, sérieusement ? En 2006, c’est l’équipe qui se gère elle-même… Et Zidane a joué le rôle du sélectionneur. C’est de l’autogestion. En 2010, les joueurs ont essayé de faire la même chose avec le caïd Ribéry qui faisait sa loi. Mais on n’est pas en banlieue, il doit y avoir des chefs, du respect… C’est comme à l’UMP d’ailleurs. Ce qui est vrai, c’est que 2006 est synonyme de regrets éternels : on a fait un parcours brillant, beaucoup plus brillant qu’en 1998. Le vrai tournant, ça a été la sortie de Patrick Vieira sur blessure pendant la finale. Parce qu’avant, on tape quand même l’Espagne, le Brésil, le Portugal… C’est énorme. Cette année, on peut d’ailleurs avoir un parcours comme celui-là…
Vous êtes optimiste ! Pour l’instant, vous avez dit que le plus beau match, c’était Suisse-France : c’est toujours vrai ?
Oui. Ce qui est vrai, en tout cas, c’est que les matchs sont vraiment pas mal, il y a beaucoup de buts, du spectacle. En revanche le Brésil, ne m’impressionne pas. Contre le Cameroun, ils n’ont pas été aussi bons qu’on le dit. À part Neymar. Et puis le Cameroun était désabusé (interview réalisée avant le match contre le Chili).
C’est amusant cette passion pour le football. Dans votre région, en Haute-Savoie, c’est pas vraiment le ballon qui passionne les gamins, non ?
C’est sur qu’Évian, ce n’est pas Marseille. On n’est pas dans une situation sociale où le football est une passion, un exutoire… Le foot n’est pas l’opium du peuple en Haute-Savoie ! Mais on a quand même du spectacle et les entreprises jouent le jeu niveau financement…
Surtout cette année, avec le maintien épique de l’ETG à la dernière journée, face à Sochaux !
Si on regarde toute la saison, on voit qu’il y a des occasions ratées de se maintenir bien avant. Par exemple, le match aller contre Sochaux, en août. On fait un nul alors qu’on aurait dû gagner 6-0 ! On tape les poteaux, on n’a pas de chance. L’an prochain, ce sera la quatrième année en L1. Il faut y aller doucement, stabiliser les fondations. Et ne pas perdre certains matchs qu’on a perdus cette saison. Finalement, on a quand même terminé 14e devant Montpellier ou Nice, qui ont des budgets nettement plus élevés. C’est beau.
Ce n’est pas avec la taxe à 75% qu’on va faire venir des stars mondiales
Justement, en parlant de budget : vous pensez quoi du rapport entre le football et l’argent, avec notamment les deux mastodontes Paris et Monaco ?
On peut déplorer ce qu’on appelle le « foot business » et je comprends les critiques qui sont faites. Mais c’est comme pour le ski : si les Russes ne vont pas à Courchevel, ils iront ailleurs ! Le système des droits télé par exemple, c’est 80% du budget de l’ETG. C’est énorme. Prenons le PSG : contrairement à Barcelone ou le Real, qui continuent d’être au top niveau européen, Paris n’a pas de dettes, alors que le Barça est virtuellement en faillite ! C’est un débat qu’on doit avoir au niveau européen. Tous les jours, j’ai ce genre de débat avec mon entreprise : face à moi, j’ai des grands groupes et il se pose la question du fair-play financier… On ne lutte pas à armes égales, c’est sûr. Après, on peut mettre en place des sanctions pour que ça change, mais ce n’est pas avec la taxe à 75% qu’on va faire venir des stars mondiales. Ça n’est pas très sexy pour faire venir des grands joueurs. Et le Qatar a au moins le mérite d’investir en France.
Votre voisin lyonnais Jean-Michel Aulas, grand punchliner sur Twitter, peste contre ce PSG surpuissant. Vous en pensez quoi ?
Ah, vous savez, j’ai suivi beaucoup de matchs de l’OL, notamment avec Juninho et Diarra, quand ils auraient dû gagner face à Milan en quarts de finale, en 2006. S’ils avaient gagné ce match-là, ils auraient remporté la Coupe d’Europe ensuite… Je me souviens de l’époque où le Real redoutait de venir jouer à Lyon. Ils avaient perdu 3-0 en 2005 en phase de poules, avec des buts de Wiltord, Carew et Juninho… C’était la belle période : à chaque fois qu’une grosse équipe venait à Lyon, ils prenaient une branlée. Maintenant, c’est un peu plus dur. Ils vont avoir un stade magnifique, mais un peu à contre temps, car d’autres clubs ont plus de moyens qu’eux et vont truster les deux premières places. Au moins, Jean-Michel Aulas jouera enfin en première division au niveau de son stade. Après, son challenge, ce sera de le remplir sans la Ligue des champions.
Vous êtes le gardien de but de l’équipe des parlementaires. Et d’ailleurs, vous avez joué contre Claude Puel, ancien coach lyonnais. Il est comment ?
Claude Puel, ça décape. Il est incroyable. Sur un terrain, il ne rigole pas, c’est la rigueur à l’état pur. Il a gardé une forme et une pêche impressionnante. Lors du dernier match face au Variété Club, il m’a mis un but en pleine lucarne.
Prochain match, c’est en septembre, avec vos collègues Eduardo Rihan Cypel et Eric Woerth… Grosse équipe.
Formellement, l’équipe existait déjà, mais là, ils ont voulu marquer
le coup avec la Coupe du monde au Brésil. C’est bien. Pendant la présentation de l’équipe à l’Assemblée, c’était sérieux, ça ne rigolait pas…
Y aura pas de tacles assassins contre le PS ?
Vous savez, d’un côté il y a les postures dans l’hémicycle et de l’autre il y a la vraie vie. Moi, ça m’arrive de prendre un café avec des gens de gauche ou même de partager un taxi avec un parlementaire de gauche… Non, surtout, on va tâcher de ne pas se marquer un but contre notre camp. Si ça dérape, Guy Roux fera le nécessaire.
Le Barça et le Real reculent sur l’interdiction du port de maillots adverses