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Lionel Messi, vainqueur par défaut
Lauréat du Ballon d'or pour la huitième fois, Lionel Messi a apposé une énième pierre à son immense édifice individuel. Pour autant, ce trophée n'est pas vraiment le plus pimpant.
2009, 2010, 2011, 2012, 2015, 2019, 2021 et donc 2023. Voilà Lionel Messi un peu plus dans sa légende, lui qui vient de remporter son huitième Ballon d’or. Comme un trophée symbolique venu entériner une carrière hors du commun, pour en faire le joueur le plus titré de l’histoire individuellement.
LIONEL MESSI IS THE 2023 MEN’S BALLON D’OR!
Eight Ballon d’Or for Argentina hero! 🖐🤟#ballondor pic.twitter.com/1slOJ6EoKj
— Ballon d'Or #ballondor (@ballondor) October 30, 2023
Mondial relais
Messi n’aura ainsi eu besoin que de 21 jours pour rafler la mise. Du 22 novembre au 18 décembre plus précisément. Un mois de Coupe du monde improbable avec l’Argentine, qui voyait La Pulga inscrire sept buts en autant de rencontres, brassard de capitaine au bras, pour soulever le plus beau des trophées face à la France. Car malgré des prestations parfois ternes au Qatar (trois réalisations inscrites seulement dans le jeu), c’est de cette dimension charismatique que le meneur s’est nourri afin de tirer la jeune garde albiceleste au bout.
Il faut dire que pour cette édition 2023 du Ballon d’or, le Mondial a prévalu sur l’ensemble de la saison écoulée, en préambule des votes annoncés. Pour Lionel Messi, ces semaines au Qatar ont ainsi largement rattrapé ses mois compliqués passés au Paris Saint-Germain. Largement commentée, la parenthèse parisienne de l’ancien du Barça n’aura en effet jamais semblé s’être greffée à son CV. La faute à une adaptation jamais achevée, à un rendement sportif quelconque – en dépit d’un statut de meilleur passeur de Ligue 1 la saison dernière –, et à un désamour quasi réciproque avec une majeure partie des supporters. Dans l’esprit de Messi, ces deux saisons au PSG ont, dès lors, pris des allures de préparation à cette Coupe du monde victorieuse.
La fin d’une ère
Le cheminement peut donc paraître logique, en s’attardant notamment sur la concurrence proposée à l’Argentin. Et de concurrents, il n’y en aura pas eu des masses. Parmi les prétendants, Kylian Mbappé, Erling Haaland ou Rodri faisaient ainsi partie d’une maigre shortlist, au sortir d’une année que l’on ne qualifiera pas de grand cru. Meilleur buteur du Mondial – dont un exceptionnel triplé en finale –, Mbappé s’est vu priver de ce sacre personnel à cause d’une jambe trop bien tendue d’Emiliano Martinez. Pour Haaland, les 52 réalisations en 53 matchs n’auront également pas suffi, la faute, certainement, à une participation moindre dans le jeu et un passeport qui ne lui a pas permis de participer à la Coupe du monde.
Contrairement au tenant du titre Karim Benzema, dont la domination sportive avait fait consensus l’an dernier, Messi se retrouve donc dans un rôle de vainqueur par défaut. Rien de choquant, ni de surprenant, mais simplement la démonstration – s’il en fallait encore une – de la baisse d’aura ou de prestige émanant du Ballon d’or. Une décadence née de la concurrence Cristiano Ronaldo-Messi justement, et entérinée par l’annulation de l’édition 2020 en raison du Covid, puis la mise en retrait de Robert Lewandowski l’année suivante, alors que le Polonais partait en grandissime favori. C’est donc dans ce contexte de nouvelle ère footballistique, voyant émerger une génération de joueurs à qui l’on « ne parle plus d’âge » que Lionel Messi, 36 ans, est venu remporter sa huitième et dernière sphère dorée. Comme pour démontrer que le buteur de l’Inter Miami était encore ce géant parmi les plus grands. Mais ça, on le savait déjà.
Par Adel Bentaha