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Lionel Messi : « Mon rêve est de passer professionnel »
Loin des stades en folie, des teintures et des tribunaux, Lionel Messi mène une vie tranquille en Haute-Garonne. Pas facile pourtant pour un jeune toulousain de vingt et un ans, d’origine camerounaise, de garder les pieds sur terre quand on est l’homonyme parfait d’un quintuple Ballon d’or. Nouvelle recrue phare de l’AS Muret, le Lionel Messi toulousain, qui joue milieu défensif, sait bien que la route vers Barcelone est encore longue.
Alors ça fait quoi de vivre avec le même nom et prénom qu’un quintuple Ballon d’or ?
Ça fait bizarre, c’est clair. Mais ça ne change rien à mon quotidien. Je continue de vivre normalement.
Ce n’est pas pénible de passer pour le « faux » Lionel Messi et d’être toujours comparé à lui ?
C’est vrai que parfois, c’est un petit peu énervant on va dire. Mais j’ai pris l’habitude maintenant. Donc je prends ça avec un peu de recul.
Quand est-ce qu’on a commencé à te comparer à lui ?
Ça a commencé quand j’ai atterri à Angers. Je jouais dans un club de la banlieue toulousaine et j’avais effectué des essais à Angers qui ont été concluants. Et du coup, le site du club avait mis le nom des recrues sur Internet et pas mal de journalistes sont venus et c’est là que ça a commencé.
Ce nom, ça rajoute une pression ou pas ?
Non, non, ça ne me met pas de pression particulière. Déjà, Messi est à Barcelone. Moi je fais mon petit bout de chemin. Mon rêve est de passer professionnel.
Et le regard des autres, ce n’est pas gênant ?
Ceux qui ne me connaissent pas ou qui me voient pour la première fois sur un terrain de foot, en entendant mon nom, ils s’attendent peut-être à voir le même style que le Lionel Messi de Barcelone. Alors que ce n’est pas du tout le cas. Mais après, sans me jeter des fleurs, pour mon poste, j’ai toutes les qualités qu’il faut. La preuve, à l’âge de dix-huit, dix-neuf ans, j’enchaînais déjà des matchs de National, ce qui est très rare. Donc je pense avoir assez de qualités pour côtoyer le haut niveau. J’attends juste le moment où j’aurai ma chance.
Contrairement au Messi argentin, toi t’as déjà pas mal bougé. T’es passé par Auch, Angers et Colomiers. Ça se passe comment ton arrivée dans chaque nouveau club ?
À chaque fois, ça se passait bien parce que j’étais déjà un peu connu dans la région. Et puis après Angers, je suis revenu dans ma région que je connaissais depuis toujours, donc pareil, ça s’est bien passé.
Pourquoi ça n’a pas marché à Angers ?
J’étais au centre d’Angers. J’estimais que je pouvais déjà côtoyer le haut niveau et on va dire que je n’ai pas été patient. Comme je savais que j’avais les qualités pour jouer, j’ai pas voulu attendre et j’ai décidé de partir.
Tu t’en veux d’être parti ?
Oui et non. Parce qu’après avoir quitté Angers, je suis parti en Italie, à Brescia. Là-bas j’ai côtoyé le monde professionnel au quotidien. Même si je n’ai pas fait de match professionnel officiellement, j’ai passé quelques mois où je m’entraînais chaque jour avec le groupe professionnel, ce qui a été une bonne expérience pour moi. J’ai beaucoup appris tactiquement. D’un autre côté, je me dis que si j’avais été patient, j’aurais fini par avoir ce contrat pro.
Et aujourd’hui, tu te plais bien à l’AS Muret ?
Oui je me plais parce que je connais bien le coach. C’était le coach de l’équipe B de Colomiers quand j’étais en équipe A. Comme moi, il connaît mes qualités. Après presque une année sans club, j’étais content de rejouer.
Du coup, tes coéquipiers, ils t’ont donné un surnom, genre « la Pulga » ?
Ils m’appellent juste Léo Messi, comme l’Argentin. Il n’y a quasiment que ma mère qui m’appelle Lionel maintenant.
Barça ou Real Madrid ?
Je suis plus team Barça parce que moi, je suis un joueur de ballon. Pas seulement parce qu’il y a Messi. Forcément c’est un des meilleurs joueurs du monde donc je l’admire, mais voilà, comme un peu tout le monde. J’admire aussi beaucoup de joueurs du Real comme Toni Kroos ou Modrić qui sont des références à mon poste évidemment.
Et alors, question qui fâche : tu penses quoi de Cristiano Ronaldo ?
C’est un grand joueur. Comme je viens de le dire, j’admire Lionel Messi parce que c’est peut-être le meilleur joueur du monde, mais donc forcément j’admire aussi Cristiano Ronaldo. Ce que j’aime chez lui, c’est sa force mentale et sa volonté de toujours travailler plus. Il est impressionnant.
Le Ballon d’or devrait échapper à Lionel Messi cette année, pas trop triste ?
Il en a déjà cinq donc ça va, je ne pense pas qu’il soit trop à plaindre. Après il est encore jeune, tant pis pour cette année, il en aura encore un ou deux dans les années à venir.
T’aimerais rencontrer Lionel Messi ?
Évidemment ! Sur les terrains ou en dehors, ça serait vraiment un honneur forcément. Mais c’est un peu le rêve de tout footballeur j’imagine.
Tu passerais vingt-quatre heures dans la vie de Lionel Messi ?
Oui, tout de suite ! Ça doit être énorme ! Après, la vie de Lionel Messi de l’AS Muret me va bien aussi. J’ai ma petite vie tranquille avec des personnes que j’apprécie qui m’entourent. Je suis très content avec.
On dit souvent, quand un frère d’un joueur connu réussit à se faire remarquer, qu’il est parvenu à se faire un prénom. Pour toi ça va être plus difficile…
(Rires)Un peu. Mais bon on verra bien. En y pensant, j’aurais bien aimé avoir un grand frère pour me conseiller. Avec un grand frère, à cette heure-ci, je serais peut-être professionnel.
Propos recueillis par Robin Richardot