- Copa América
- Finale
- Argentine-Brésil (1-0)
Lionel Messi, l’anomalie réparée
Depuis des années, Lionel Messi entend qu'il n'a jamais rien gagné chez les grands en sélection. Une anomalie que la Pulga a réparée en remportant la Copa América avec l'Argentine face au Brésil (1-0) au Maracanã de Rio de Janeiro. Et tant pis s'il est passé à côté de sa finale, l'essentiel est ailleurs.
Des câlins avec le joueur le plus proche, des personnes allongées au sol avec les mains sur le visage, des bras levés, des courses dans tous les sens. Voilà à quoi ressemble le plus souvent une célébration au moment du coup de sifflet final de l’arbitre. À moins qu’il y ait eu une séance de tirs au but où la coutume est de voir l’ensemble de l’effectif se ruer sur le dernier buteur ou sur le portier qui vient de réaliser une parade. Samedi soir, au Maracanã de Rio de Janeiro, il n’y a pas eu de tirs au but entre l’Argentine et le Brésil. Pourtant, dès qu’Esteban Ostojich a porté le sifflet à sa bouche, tous les joueurs argentins, ainsi que les remplaçants, se sont dirigés immédiatement vers un homme : Lionel Messi. Car s’ils se sont tous battus – littéralement vu le nombre de fautes subies par Neymar durant la rencontre – dans cette finale de Copa América, c’est en grande partie pour offrir ce titre international tant attendu par la Pulga qui n’avait jusque-là remporté « que » les Jeux olympiques et une Coupe du monde U20. Et quoi de mieux que le faire lors de sa probable dernière tentative face au Brésil qui avait jusque-là toujours remporté la compétition lorsqu’elle avait lieu sur ses terres ?
Le talisman Di María
Une poignée de minutes avant cette explosion de joie, Lionel Messi aurait pu inscrire le but du K-O et ainsi éviter un temps additionnel insoutenable aux Argentins, dominés depuis le début de la seconde période. Seule devant Ederson après une nouvelle passe magique de Rodrigo De Paul, la Pulga réussit son dribble avant de glisser de manière inexplicable et de voir le portier brésilien s’emparer du cuir. À ce moment-là, tout le monde s’est dit que le Brésil allait égaliser et que la malédiction de Lionel Messi avec l’Argentine allait perdurer. Le chômeur le plus célèbre du monde a dû repenser quelques secondes après son énorme raté à la finale de Copa América 2016 où il manque son tir au but contre le Chili avant d’annoncer sa retraite internationale, lassé par les nombreux échecs. Que ce soit les éditions 2007 et 2017 perdues en finale face au Brésil et au Chili. Ou encore la finale du Mondial 2014 face à l’Allemagne déjà au Maracanã.
Sauf que cette fois-ci, sa glissade ne sera pas décisive puisque l’Albiceleste résiste aux derniers assauts brésiliens et remporte le titre grâce à un lob soyeux d’Ángel Di María. Ce même ADM qui avait inscrit l’unique but de l’Argentine en finale des Jeux olympiques face au Nigeria en 2008. Un véritable talisman qui aurait pu changer l’histoire s’il n’avait pas été blessé lors de la finale de la Coupe du monde 2014.
Une finale ratée, mais une compétition XXL
À l’image de son raté en fin de match, Lionel Messi est passé un peu à côté de sa finale. Et comme Cristiano Ronaldo en 2016, il a dû compter sur ses coéquipiers pour aller décrocher son premier titre international avec les grands (le premier pour l’Argentine depuis 1993). Des coéquipiers qui, là encore comme pour CR7, sont arrivés jusqu’au Maracanã grâce à leur capitaine. Car oui, la Copa América réalisée par la Pulga est immense. Il n’y a qu’à voir les statistiques qui font de lui le meilleur buteur de la compétition (4 buts, tout comme le Colombien Luis Díaz) et le meilleur passeur (5 offrandes).
Mais aussi son attitude à l’image de la séance de tirs au but en demi-finales contre la Colombie où il ne tremble pas pour inscrire sa tentative avant de haranguer ses coéquipiers et de faire du trashtalkaux adversaires, et notamment à Yerry Mina à qui il a lancé un « Vas-y danse maintenant ! » après son échec. Avec ce trophée, Lionel Messi file droit vers un septième Ballon d’or. Mais ça, le numéro 10 n’en a que faire pour le moment. Non, l’Argentin a plutôt préféré savourer sa victoire en zone mixte : « J’en ai rêvé tant de fois. J’avais besoin de gagner quelque chose avec la sélection. Je suis reconnaissant. J’ai pensé à ma famille, ma femme, mes enfants et mes parents. Et toutes les fois où je suis parti en vacances en étant triste les premiers jours après ne pas avoir gagné. » Cette fois-ci, Messi va pouvoir partir en vacances avec le sourire. Et un supplément bagage pour y glisser le trophée.
Par Steven Oliveira