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Lionel Messi, bouc émissaire incroyable après le Bayern Munich
Critiqué par certains après l'incroyable déculottée subie par Barcelone contre le Bayern Munich en quarts de finale de Ligue des champions, Lionel Messi n'en croit pas ses oreilles malgré sa mauvaise performance. Et pour cause : au sein du marasme alarmant des Catalans, il est l'un des seuls à faire bonne figure.
Lorsqu’un 8-2 est inscrit sur un tableau d’affichage, d’innombrables autres chiffres (historiques ou analytiques) viennent s’ajouter après le coup de sifflet final. Surtout quand il s’agit d’une défaite d’un grand club. Surtout quand il s’agit d’une défaite d’un grand club en quarts de finale de Ligue des champions. Surtout quand il s’agit d’une défaite d’un grand club en quarts de finale de Ligue des champions qui concerne Lionel Messi.
Alors, après la déculottée subie par Barcelone face au Bayern Munich, les voyants et rappels numériques se sont tous éclairés en même temps : la C1 n’avait plus vu de demies sans équipe espagnole depuis 2007, la C1 n’avait plus vu de demies sans Cristiano Ronaldo ou son rival sud-américain depuis quatorze ans, et l’Argentin n’a plus remporté de trophée international depuis cinq années. Comme un goulot d’étranglement qui se resserrerait sur elle, la Pulga ne serait donc pas pour rien dans ce fiasco. Pire, elle en serait même une des responsables selon certains.
Jeter des cailloux à celui qui mérite des bisous
En août 2020, il est donc possible de critiquer un type qui pèse 31 buts et 25 passes décisives en 44 matchs toutes compétitions confondues (meilleur buteur/passeur de Liga) tout en lui faisant porter une partie des maux d’un Barça en plein déclin dont il est de loin le meilleur joueur (que ce soit sur le plan statistique, ou autre). Certes, Messi a habitué les amateurs de football à offrir bien davantage que ce qu’il a montré contre les Bavarois. N’empêche que, comme souvent et malgré un déchet plutôt conséquent, le Ballon d’or a représenté la plus grosse menace des siens en frappant trois fois (personne ne fait mieux, au Barça), en touchant une soixantaine de ballons (seuls Gerard Piqué et Jordi Alba ont manié plus longtemps le cuir) ou en provoquant (trois dribbles, plus gros total de sa team).
Les plus malhonnêtes osent également s’en prendre au bilan de Léo dans les matchs à élimination directe de ces dernières saisons, estimant que le bonhomme n’a pas été assez décisif lors de ces rencontres à fort enjeu (et utilisant l’horripilante comparaison répétitive avec CR7, en guise d’argumentation). Sauf que ça ne tient pas. Au tour précédent, le garçon a d’ailleurs marqué contre Naples. Autre exemple : en 2018-2019, il a sorti une énorme prestation face à Liverpool dans le dernier carré durant la confrontation aller (3-0, doublé dont un coup franc splendide) et désossé Manchester United en quarts (doublé, là aussi) ou l’Olympique lyonnais en huitièmes (deux pions, deux assists). Idem en 2017-2018, avec trois réalisations contre Chelsea en huitièmes.
Tout faire tout seul, avec des limites
Reprocher à Messi son manque de présence dans les grands rendez-vous de LDC, c’est en fait lui demander de planter un triplé à chaque fois que Barcelone est en difficulté. Car la réalité, tout le monde la connaît. Depuis de très nombreux mois, les Catalans se sont enfermés dans un style de jeu complètement dingue à la réflexion : attendre les exploits ou les appels offensifs de sa star, et lui filer le ballon pour qu’il invente quelque chose menant à un tremblement de filet.
Finalement, le Guardianrésume parfaitement la situation à l’heure de commenter l’humiliation du Barça à Lisbonne qui suit celles infligées par la Roma et par les Reds lors des éditions précédentes : « Leur football est vicié, leur âme a disparu et trop de joueurs ont connu des jours meilleurs. L’histoire ne sera pas clémente avec les gens qui prennent les décisions au Camp Nou, ils ne méritent que du mépris pour avoir dilapidé le talent de Lionel Messi. » Et de conclure : « Cinq ans se sont écoulés depuis la dernière victoire de Messi en Ligue des champions et il a atteint le stade où il pourrait devoir faire l’impensable et quitter Barcelone, qui est sans gouvernail hors du terrain et léthargique. » Ce que n’a pas confirmé (et ne confirmera sans doute pas) le principal intéressé, mais que les traits de son visage au bout du 8-2 étaient loin d’infirmer.
Par Florian Cadu