Lionel, vous allez devenir le nouveau coach d’Istres. C’est une surprise, comment les contacts se sont-ils noués ?
On s’est rencontrés un jour à Paris avec le président, Henry Cremades. Je ne vais pas dire que c’est par hasard, on va dire que c’est le destin qui a fait que. Mais le courant est vite passé. Bon, je ne vais pas dire n’importe quoi, il n’est pas loin de moi. C’était en novembre, décembre dernier. Sur le coup, on n’a pas parlé de Istres, mais de l’évolution du football en général. Puis il y avait encore José Pasqualetti en poste et je ne suis pas du genre à m’immiscer. Mais quand il lui a fallu un coach pour la saison prochaine, il a pensé à moi.
D’Istres, vous connaissiez quoi ? Jérôme Leroy ?
Même pas. Pour être honnête, je ne m’étais jamais penché sur Istres ou sur son image. Quand je suis allé les voir plus tard dans la saison, j’ai effectivement vu qu’il y avait Jérôme Leroy ou Cyril Jeunechamp, mais avant… Je savais que le club avait fait une épopée en première division avec Xavier Gravelaine, mais j’étais pas plus calé que sur Sochaux par exemple.
Quand vous avez entraîné Tahiti, vous pouvez entraîner n’importe où
Et vous allez les entraîner alors qu’ils viennent de finir 19es en Ligue 2.
J’ai toujours refusé le National. J’avais déjà eu 4 propositions par le passé, mais j’avais toujours dit non aux agents. Là, c’est une aventure humaine avant tout. Et puis, c’est tout un projet que l’on a envie de mettre en place dans ce club, un projet à moyen terme qui va bien au-delà du football.
Comment ça ?
Je vous mets l’eau à la bouche, mais ne croyez pas qu’elle va y rester longtemps (rires). Plus sérieusement, c’est très difficile de se démarquer pour Istres alors qu’il y a Marseille et Montpellier pas loin. C’est difficile d’attirer les gens quand on n’est pas premier dans sa discipline. Les tribunes sont pratiquement vides, alors qu’à 40 kilomètres, elles sont pratiquement pleines. Le club vivait de subventions, il va falloir que l’on revoit notre mode de fonctionnement.
Le vrai problème à Istres, est-ce que ce n’est pas surtout les moustiques à l’entraînement ?
Quand vous avez entraîné Tahiti, vous pouvez entraîner n’importe où. Et puis, quand on sait le combat que représente le National, s’entraîner avec des moustiques franchement…
Avec la blessure de Steve Mandanda, Ruffier a été appelé dans le groupe France, sans que l’on sache qui est vraiment le numéro 2. Cela fait penser à l’après-Coupe du monde 98. Vous étiez la doublure de Barthez, mais alors qu’il est forfait, Lemerre appelle Lama pour être titulaire. Vexé de rester numéro 2, vous claquez alors la porte…
Le gros bémol, c’est qu’après le Mondial 98, Bernard Lama avait décidé de gérer sa carrière d’une certaine manière. Il avait fait comprendre au staff qu’il ne viendrait que pour être titulaire (Barthez et Lama n’étaient pas alors les meilleurs amis du monde, ndlr). Chacun fait son truc comme il l’entend, mais pour moi, quand on fait appel à vous, surtout en équipe de France, on se doit d’y aller. Je ne lui en veux pas, à Bernard, mais par contre, je ne comprends pas comment on a pu cautionner ce comportement. Ce n’est pas une bonne image à donner, alors qu’on venait d’être champions du monde, on était en haut de la pyramide. L’exemple donné aux gamins… Moi, je n’ai pas pu cautionner ça.
J’ai trouvé Deschamps très bon au 20h
Est-ce que Landreau risque de faire pareil si finalement c’est Ruffier le numéro 2 ?
Les concernant, je crois que c’est différent, plus clair. Si l’on regarde la saison de Ligue 1, Ruffier a rendu une meilleure copie que Landreau. Mais c’est Micka qui a été appelé en premier dans les 23. Je pense que Deschamps saura leur parler et qu’ils auront l’intelligence de ne pas se battre pour savoir qui est le numéro 2. Parce que là, c’est pour être doublure, pas pour jouer un match international. Donc si ça se trouve…
Troisième gardien lors du Mondial 98, vous êtes resté célèbre pour avoir harangué le public du stade de France lors de la demi-finale contre la Croatie.
C’est gentil de me le rappeler. Après ça, on m’a présenté comme le boute-en-train, alors que pas du tout, c’est juste que j’ai senti qu’on était en train de perdre le Mondial. Et moi, comme tout le monde, j’étais derrière mes titulaires. Il ne manquait pas grand-chose pour que l’on communie tous ensemble dans ce Stade de France, donc j’ai tout fait pour que ça prenne. Et ça a pris. Après, il y en aura toujours pour dire que j’étais un peintre, mais je pense avoir fait le job à côté de ça.
Que pensez-vous de la liste des 23 de Deschamps ? Il a fait une équipe de titulaires et un groupe « derrière les titulaires » ?
Je pense. Cela a dû sûrement se jouer à peu de choses pour 1 ou 2 éléments. Mais je trouve surtout que Didier s’est parfaitement exprimé. Je l’ai trouvé très bon au 20 heures et après dans ses explications. Il n’a pas pris les meilleurs de partout, mais il a pris les meilleurs pour aller le plus loin possible. Quand on se penche sur les âges du groupe, on voit que le mélange est intéressant entre jeunes et moins jeunes. Non, franchement, je n’aurais pas fait mieux, il peut garder sa place !
Les bons tuyaux de l’Entente Feignies-Aulnoye pour performer en Coupe de France