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L’interview bistro de Grégory Pujol
Depuis sa retraite, Grégory Pujol est particulièrement difficile à attraper. L'ancien homme fort de l'attaque valenciennoise officie désormais en tant que patron de la brasserie le Président, sur la place d'Armes de la cité nordiste. Toujours à courir entre deux rendez-vous professionnels, ce Jurassien de naissance a pris le temps de souffler un gros quart d'heure pour revenir sur sa carrière, sa reconversion et son amour du Nord de la France. Le tout accompagné de ses coups de cœur servis à la carte. Interview à picorer.
Salut Greg, il paraît que tu fais dans la bonne chère maintenant ? Comment as-tu atterri dans la restauration, quand pas mal de tes collègues retraités restent actifs ad vitam aeternam dans le milieu du foot ? C’est avant tout une question de plaisir. Cela fait des années que je voulais avoir un restaurant et j’ai enfin pu concrétiser ce projet. C’est un gros investissement sur lequel je garde un œil en permanence. Mais je ne peux pas y être présent tout le temps non plus, donc j’ai pris un directeur qui m’assiste. Ma belle-sœur y travaille aussi, cela me permet de faire d’autres choses à côté. Je continue de m’entraîner physiquement pour garder la forme, je vais voir les matchs au stade du Hainaut et, surtout, je m’occupe de ma famille. Pendant ma carrière, elle m’a suivi partout là où je jouais, donc c’est normal que je leur rende la pareille aujourd’hui. J’adore Valenciennes, j’y ai passé sept années extraordinaires lorsque je jouais au VAFC, mes enfants ont grandi ici, ma fille y fait de l’équitation, c’était la région parfaite pour s’installer définitivement.
L’entrée : l’assiette de foie gras, servie avec sa confiture d’oignonsTu te vois plutôt comme un chef d’orchestre qui organise la vie au quotidien ou comme un chef de meute qui dicte la marche à suivre ?Mener une entreprise, c’est comme coacher une équipe de foot. Il faut gérer des personnalités différentes, cela exige d’être rigoureux. Pareil avec les comptes ou ce qu’on sert dans les assiettes, sinon on met rapidement la clé sous la porte. Le plus important, c’est de s’entourer des bonnes personnes : le chef, le personnel en salle, c’est comme avoir un bon gardien ou un bon attaquant. Comme je le disais, je ne peux pas être présent en permanence, donc je me vois plus comme le chef de meute qui dicte les consignes à respecter. Cela reste mon établissement, donc chaque décision doit recevoir mon aval avant d’être prise ou non. Après, chacun remplit son rôle au mieux.
Le plat principal : la blanquette de veau, façon Pujol, « ma recette secrète »Entre Nantes, Bruxelles, Sedan, Valenciennes et Ajaccio, tu n’as joué que dans des coins avec une grosse gastronomie. Est-ce qu’on s’éclate plus sur le terrain quand la bouffe locale est bonne ?C’est un paramètre qui s’inscrit dans un ensemble plus large, mais c’est vrai que ça compte. Toute ma carrière, j’ai eu la chance de ne jouer que dans des clubs familiaux en étant entouré de gens excessivement sympathiques. À Ajaccio par exemple, le Gazélec n’avait pas beaucoup de moyens, mais quand on évolue dans un environnement composé de gens magnifiques, on oublie vite ce détail, car tout est fait pour que les joueurs se sentent bien au quotidien. Valenciennes, même pas besoin d’en parler. J’y suis resté sept ans, c’est que du bonheur. Nantes, Sedan, pareil, que des moments extra. Quand je regarde ma carrière, je ne regrette aucun de mes choix. Il n’y a qu’à Bruxelles où les choses ne se sont pas passées comme je l’espérais. Si Anderlecht m’avait proposé un contrat à la fin de mon prêt, je serais sûrement resté là-bas. En 2006, on a fini champions de Belgique, je côtoyais de grands joueurs et en plus, c’est une ville magnifique.
Ce vendredi, Valenciennes se déplace à Niort avec l’objectif de rester dans la course pour le maintien. Elle sent pas un peu le maroilles, la saison du VAFC ?Lundi dernier, je suis allé les voir contre Strasbourg et la victoire à la dernière minute leur a fait énormément de bien. C’était mérité parce que Faruk (Hadžibegić, ndlr) fait du bon boulot avec son groupe. Je suis persuadé qu’il n’y aura aucun souci pour le maintien. Gagner contre une équipe en forme, ça fait du bien au moral et ça leur donnera l’énergie nécessaire pour tout donner jusqu’à la fin de saison. Mais l’année prochaine, il faudra essayer de garder les bons éléments pour gagner en stabilité. Je pense notamment à Angelo Fulgini et Nuno Da Costa, même si je sais qu’ils sont assez courtisés. Avec le soutien de gars d’expérience et de qualité, comme mes vieux potes briscards, Jérémie Bréchet, David Ducourtioux ou Jérôme Le Moigne, ils peuvent vraiment faire de grandes choses. Ça compenserait les sacrifices qu’a dû faire le président Eddy Zdziech au niveau du budget.
Le p’tit digeo : le rhum du patronIl paraît que malgré tout, le football te manque. Est-ce qu’on a plus de chances de te revoir un jour faire ton grand retour sur les terrains, ou de voir Jean-Louis Borloo, grand supporter du VAFC, revenir en politique ?Honnêtement, je miserais plutôt sur Borloo (rires). C’est vrai que l’envie est toujours là, surtout celle de marquer des buts. Mais j’ai mis fin à ma carrière pour certaines raisons qui sont toujours d’actualité. Je pense à mes nombreuses blessures qui m’ont forcé à m’entraîner à l’écart du groupe, à ne jouer que dix matchs par saison et je n’ai pas envie de devoir revivre ça. En revanche, je n’exclus pas un retour en amateur d’ici quelques mois, juste pour le plaisir de jouer au ballon et surtout pour garder la ligne !
Propos recueillis par Julien Duez
Le Président, 30 place d'Armes, 59300 Valenciennes. Réservations : 03 27 46 26 01