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L’International Champions Cup, le tournoi amical mondial
Le plus grand tournoi amical de football a lieu cet été sur quatre continents et mettra aux prises, entre autres, le PSG, Manchester United, le Real Madrid, le DC Barcelone ou Chelsea. L'intérêt des organisateurs : continuer d'abreuver les marchés émergents de foot et de strass. Un dessein qui vient parfois se heurter aux intentions des équipes participantes, qui sont aussi là pour préparer la saison à venir. Deux objectifs pas facilement compatibles…
À compter du 11 juillet et jusqu’au 5 août, va être organisé le plus grand des tournois de préparation de la planète, du moins pour cette intersaison 2015. Un événement tout en démesure, avec donc trois semaines et demie de « compétition » , quinze clubs concernés et quatre continents pour accueillir un total de 23 matchs. Le plateau est exceptionnel, digne des derniers tours de la Ligue des champions : Real, Barça, PSG, Manchester United, Chelsea, Manchester City, AS Roma, Inter, AC Milan, Fiorentina et Benfica pour ce qui est des représentants européens, ainsi que le club d’América pour le Mexique, LA Galaxy, New York Red Bulls et San Jose Earthquakes pour les États-Unis. Mis en place depuis 2013 en remplacement du défunt World Football Challenge, l’International Champions Cup (ICC) a eu lieu uniquement sur le sol américain lors de ses deux premières éditions. Le tournoi est géré par Stephen Ross, magnat septuagénaire qui a fait fortune dans l’immobilier – entre autres – et dont la fortune personnelle est estimée à 6,5 milliards de dollars. Par ailleurs propriétaire des Miami Dolphins en NFL, il a monté il y a peu une société spécialisée dans l’événement sportif, RSE Ventures, soutenue par Qatar Sports Investments, les proprios du PSG. RSE Ventures a récemment fait causer en annonçant son intention de faire main basse sur la holding qui gère les droits commerciaux de la Formule 1, contre 7 à 8 milliards de dollars. C’est dire si cette société a les moyens…
Manchester City chez le petit frangin de Melbourne
RSE Ventures a donc décidé cette année de développer sa section « soccer » à l’international, en mondialisant l’ICC. Si la majorité des matchs sera tout de même disputée en Amérique du Nord (États-Unis et Canada, à Toronto), certains seront délocalisés sur d’autres continents : les deux dernières rencontres du tournoi programmées le 2 août à Florence (Fiorentina/Barcelone) et le 5 août à Stamford Bridge (Chelsea/Fiorentina), mais aussi surtout en Australie et en Chine. Ces deux pays sont considérés, avec les États-Unis, comme les principaux marchés émergents en matière de football. Tout est d’ailleurs minutieusement calculé d’un point de vue marketing et financier. Exemple : le choix de Melbourne pour accueillir les matchs en Australie, avec notamment deux matchs disputés sur place par Manchester City, le club « grand frère » de la franchise locale de Melbourne City FC, les deux ayant les mêmes propriétaires émiratis (comme le New York City FC). On est donc bien face à un vrai business plan bien étudié. Pour ce qui est des intérêts sportifs en revanche, ça semble plus secondaire…
Louis van Gaal a posé ses conditions
Vainqueur de l’édition 2014, Manchester United a accepté de remettre ça, mais pas à n’importe quelle condition. L’entraîneur Louis van Gaal s’est en effet publiquement plaint au printemps des conditions d’organisation de l’événement l’an dernier, son équipe ayant été trimbalée du Colorado à la Floride en passant par le Maryland et le Michigan pour disputer ses matchs. Une partie avait particulièrement fait polémique : face à la Roma à Denver, avec un coup d’envoi à 14h par une température dépassant allègrement les 30 degrés. Pas idéal pour préparer une saison… Et de fait, les Red Devils avaient complètement manqué leur reprise en concédant 3 défaites et 2 nuls lors de ses 6 premiers matchs officiels de la saison l’été dernier. Cette fois, pas question de refaire la même erreur : à la demande du coach néerlandais, MU va moins voyager ce coup-ci, disputant trois matchs sur la côte ouest avant d’en jouer un dernier, face au PSG, à Chicago le 29 juillet. Tous les matchs auront également lieu en soirée et non plus l’après-midi comme certains par le passé.
Plus de 100 000 spectateurs au stade l’an dernier
Une autre polémique a bien failli naître. Elle concerne cette fois deux des trois clubs de MLS qui participent à l’ICC. En effet, LA Galaxy et les New York RB se sont qualifiés pour les quarts de finale de l’US Open Cup, la Coupe des États-Unis, un tour programmé théoriquement les 21 et 22 juillet, une période où ces deux équipes disputent théoriquement un match de l’ICC respectivement face à Man Utd et Chelsea… Un article du Washington Post récemment posait la question en ces termes : « Les équipes de MLS devraient-elles déclarer forfait en US Open Cup ? » En clair : privilégier un tournoi amical, mais lucratif au détriment d’une vraie compétition. Le fait même de s’interroger est assez déroutant et inquiétant pour le devenir du soccer en Amérique du Nord… Au final, c’est la Fédération américaine de soccer qui a cédé en décalant les matchs de Coupe LA Galaxy contre le Real Salt Lake et New York RB contre Philadelphie au 14 juillet. L’ICC a donc été considéré comme prioritaire sur le calendrier de la Coupe… Mais il faut bien reconnaître le succès de ce premier tournoi amical mondial : l’an dernier au stade de l’Ann Arbor University, la rencontre entre Manchester United et le Real Madrid s’est disputée devant un public de près de 110 000 spectateurs.
Par Régis Delanoë