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L’Inter veut croire au Conte de fées
Ça y est, on y est : après avoir retrouvé la Ligue des champions les deux dernières saisons, l'Inter a décidé de passer à la vitesse supérieure en se séparant de Luciano Spalletti, remplacé par Antonio Conte. Une rupture nécessaire, pour un club qui n'a pas perdu espoir de mettre fin à l'hégémonie sans partage de la Juve sur le football italien. Mais les Nerazzurri ont-ils vraiment ce qu'il faut dans le moteur pour affirmer pouvoir viser le Scudetto ? Mystère et début de réponse face à Lecce ce lundi, pour la première journée de Serie A.
C’est une stratégie élémentaire, mais efficace. Confronté à un ennemi invincible et inébranlable, l’attaque frontale n’a plus de sens. Il faut ruser, inventer, contourner le problème, plutôt que de lui rentrer dedans. Après s’être cassé les dents sur la Juventus ces dernières saisons, l’Inter a donc choisi de recruter quelqu’un qui a lui même posé les bases de l’invulnérabilité de cette Vieille Dame là. Nom : Conte. Prénom : Antonio. Mission : refaire du club lombard une équipe qui donne des sueurs froides à ses adversaires. De quoi lancer une saison qui s’annonce charnière pour le club nerazzurro, puisque l’Inter, avec son nouveau gourou tactique et son copieux mercato estival, se pose comme la curiosité majeure de cette Serie A cuvée 2019-2020.
22, v’la le 3-5-2
Alors que l’Inter débutera ce lundi son championnat face à Lecce, les changements estivaux n’ont pas seulement illuminé le club de nouveaux espoirs et ambitions, mais aussi généré leurs propres zones d’ombre. S’il est convenu que Conte devrait installer son 3-5-2 signature comme l’a confirmé le principal intéressé, l’identité des joueurs qui donneront vie au système n’est pas encore tout à fait claire. Le flou prédomine notamment quant aux noms qui composeront les lignes offensives. Si Conte a bien joué le coup en recrutant Romelu Lukaku, qui officiera dans un rôle d’attaquant pivot très apprécié de l’ancien juventino, l’Inter n’a pas encore trouvé le joueur idéal avec qui coupler le colosse belge.
Pour évoluer à ce poste de neuf et demi, les Lombards feraient d’ailleurs actuellement le forcing pour rapatrier Alexis Sánchez, lost in translation à Manchester United. En attendant d’éventuellement accueillir le Chilien dans leurs rangs, les Interisti devront composer avec ce qu’ils ont en magasin : à savoir Lautaro Martínez, qui peut faire le boulot comme deuxième attaquant mais n’est pas un spécialiste du poste, ou Matteo Politano, plus habitué à jouer les funambules sur son côté droit, mais suffisamment doté techniquement pour faire le liant entre l’attaque et le milieu de terrain.
L’ailier italien pourrait quoi qu’il arrive être obligé d’abandonner son coté, le 3-5-2 réclamant généralement sur les ailes des joueurs plus performants défensivement. Recruté pour une vingtaine de millions d’euros, l’Autrichien Valentino Lazaro, qui peut évoluer aussi bien défenseur droit que milieu de terrain, semble à terme le mieux taillé pour remplir ce rôle de piston. Kwadwo Asamoah est tout désigné pour être son équivalent sur le coté gauche. Pour les postes de milieux axiaux, Conte a à sa disposition un groupe homogène, où la difficulté sera peut-être d’établir une hiérarchie claire : selon la Sky, le Mister devrait aligner un trio Brozović-Vecino-Stefano Sensi (prêté avec option d’achat par Sassuolo cet été) dans l’entrejeu face à Lecce ce lundi, mais les cartes pourraient être redistribuées dans les semaines à venir.
Recruté pour une somme estimée à 45 millions d’euros, le Sarde Nicolò Barella se pose à terme comme le remplaçant attitré de Radja Nainggolan au milieu. Roberto Gagliardini pourrait être intégré à la rotation, quand Borja Valero et João Mário devraient bénéficier d’un temps de jeu assez mince et pourraient même être transférés d’ici la fin du mercato. La défense centrale, elle, laisse a priori moins de place aux doutes : Conte a la possibilité d’aligner un trio Godin-Skriniar-De Vrij du plus bel effet.
En embuscade derrière la Vieille Dame
Un onze type qui a de la gueule en somme, mais ne semble qualitativement pas encore à la hauteur du mastodonte Juventus. Pas fou, Conte lui même ne suggère pas le contraire : « Nous savons bien qu’en ce moment il y a une équipe qui s’est construite de façon importante : la Juventus. Derrière la Juve, le Napoli s’est inséré, mais l’Inter a une histoire importante, une tradition importante. J’ai le devoir de tout faire pour replacer l’Inter à la place qu’elle mérite. Il faudra un peu de temps, on ne construit pas un gratte-ciel en quelques jours. Mais nous avons commencé et nous allons retourner au combat. » Alors, qu’est-ce que peut précisément espérer l’Inter pour l’exercice à venir? Difficile à dire, même si la formation lombarde peut déjà ambitionner de redevenir le poil à gratter d’une Vieille Dame qui s’est habituée à remporter la Serie A les doigts dans le nez.
Un rôle que le Napoli a périodiquement assumé ces dernières années et que l’Inter voudra certainement endosser, avant d’éventuellement viser directement le titre dans une ou deux saisons. En admettant, évidemment, que Conte s’éternise en Lombardie, lui qui n’a jamais effectué plus de trois exercices consécutifs sur le banc d’un même club. Réputée pour son implacabilité, ses exercices physiques pointus et son management vertical, la méthode Conte semble aussi efficace qu’éreintante pour les joueurs à sa disposition. À titre d’exemple, l’ex-Mister de la Juve n’a pas hésité à mettre tout de suite à l’écart Icardi et Nainggolan (finalement transféré à Cagliari), dont il juge les comportements néfastes pour le groupe. Le sort de l’attaquant argentin, qui n’a manifestement pas envie de quitter Milan, est comme une pièce de plus à ajouter au complexe puzzle lombard, dont la somme des parties s’en remettra à la patte experte de Conte pour former un tout que les tifosi espèrent irrésistible.
Par Adrien Candau