- C1
- Schalke 04/Inter (2-1)
L’Inter n’a pas eu la force
C'est fini pour l'Inter. Le champion en titre, en bout de course, abandonne sa couronne dans la Ruhr, où l'exploit de la remontée restera un mirage. Schalke a un grand Raùl. Schalke a un grand Neuer. Schalke va faire chier United.
Schalke 04 – Inter Milan : 2-1
Buts : Raul et Höwedes pour Schalke, Motta pour l’Inter
Le champion est mort. Pas de remontée. Pas de rimonta. Pas de remuntada. Non. Une bonne vieille élimination, méritée et sans conteste vu la physionomie des deux matches. L’Inter sort tête basse de cette Ligue des Champions et abandonne son titre sur la pelouse de Gelsenkirchen. Fort de sa splendide victoire du match aller (2-5), Schalke 04, emmené par un Raùl superlatif, s’invite en demi-finales de la plus prestigieuse des compétitions, pour venir se frotter aux Red Devils. Et c’est finalement le beau paradoxe d’une telle compétition : un club qui campe la neuvième place du championnat allemand se paye le luxe d’éliminer tour à tour les cadors des championnats portugais, espagnol et italien. Or, si face à Valence, en huitièmes de finale, il a fallu cravacher, contre le champion interiste, tout a semblé simple. Trop simple même. Deux victoires. Deux triomphes. Un à l’aller, un au retour. Sept buts marqués pour trois encaissés : le tableau est parfait. Non, l’Inter n’est plus vraiment l’Inter. Cette équipe capable l’an dernier de passer trois buts au grand Barça et d’annihiler le Bayern Munich en finale restera un beau souvenir. Après cinq années de succès couronnées par le quintuplé de la saison passée, la « Pazza Inter » de Moratti doit peut-être se résigner : ce soir, dans le théâtre de la Ruhr, c’est la fin d’un cycle.
Inter stérile, Raùl fertile
Pourtant, avant même le coup d’envoi, l’Inter y croit. Leonardo y croit. Zanetti y croit. Un seul credo : « Difficile mais pas impossible ». Pourtant, après seulement dix minutes de jeu, tout le monde l’a bien compris : jamais l’Inter ne collera quatre buts à cette défense de Schalke. Sneijder remue dans tous les sens mais rate ses passes, Eto’o veut déplacer les montagnes à lui-seul, Maicon court mais ne décoche pas une flèche et Nagatomo s’offre un tête-à-tête japonais avec Uchida. L’envie est là, mais pas les jambes. Leonardo a beau inciter les siens depuis son banc de touche, son équipe manque cruellement d’idées pour aller inquiéter l’imposant Neuer. Après un bon premier quart d’heure des locaux, l’Inter tente de faire le match. Mais lorsque quelqu’un qui n’a aucune inspiration a le monopole de la construction, cela engendre un océan de rien. Pas d’occasions, quelques frappes et une démonstration par le concret du sens propre de « domination stérile ». Le seul frisson demeure une frappe de Stankovic à la demi-heure de jeu, enlevé de la lucarne par l’impeccable portier blondinet. Lucio se fait pote avec tout le stade en mettant un coup d’épaule gratuit à Raùl. Ce n’est que partie remise. A une minute de la mi-temps, le buteur espagnol prend l’axe, ridiculise son chien de garde brésilien, élimine Julio Cesar et marque dans le but vide. soixante-et-onzième but en cent quarante matches de Ligue des Champions. La moyenne est facile à faire. 1-0 à la pause. L’Inter doit marquer cinq buts en seconde période. Fastoche.
Bête noire
Tellement fastoche que les Interistes plantent le premier de leurs cinq buts dès le retour des vestiaires. Sur un corner, Thiago Motta inscrit le but égalisateur sur un cafouillage tout dégueu. Le stade continue à chanter comme si de rien n’était, même si quelques tifosi italiens se laissent aller à un utopique « Et si… ». Et si rien du tout. Cette réalisation n’est qu’un feu de paille. Malgré une possession de balle barcelonaise (63% à la fin de la rencontre) et des tirs à répétition (vingt-et-un au total), les Nerazzurri ne se montrent guère dangereux. Les rares incursions sont vite démantelées par les excellentes sorties de Neuer, l’homme capable d’offrir une balle de but à ses attaquants en renvoyant le ballon avec sa main. Pandev entre, Coutinho aussi, l’Inter se retrouve quasiment avec quatre attaquants. Tant pis pour la défense. Tant pis aussi pour l’orgueil, puisque sur un contre magnifiquement amorcé par Raùl, le défenseur Höwedes s’en va battre Julio Cesar d’une frappe sèche à ras du sol. 2-1 à dix minutes du coup de sifflet final. La Veltin’s Arena est en fusion : c’est la cerise sur la forêt noire, la mousse sur la Beck’s. Schalke réalise l’un des plus beaux coups de son histoire. Quatorze ans après avoir remporté la Coupe UEFA face à l’Inter (comment on dit « bête noire » en allemand ?), Schalke 04 élimine l’équipe milanaise de la Ligue des Champions et se qualifie pour les demi-finales. Que Sir Alex Ferguson, présent dans les tribunes ce soir, ne se voit pas déjà en finale. Ces Allemands-là vont être de vrais poisons.
Eric Maggiori
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