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L’Inter laisse le mal au placard ?
Jamais, depuis 65 ans, l’Inter Milan n’avait connu un début de championnat si catastrophique. Mais attention. La Ligue des Champions reste une échappatoire, bien loin de la triste réalité que connaissent les Nerazzurri en Serie A.
Lorsque l’on regarde le classement de Serie A, on peine à y croire. Premier, deuxième, troisième… Non… neuvième, dixième… Toujours pas… On baisse encore un peu les yeux… Quinzième, seizième… Dix-septième. Voilà. L’Inter Milan est dix-septième du classement. Bien entourée par des équipes comme le Chievo, Novara, Lecce ou Cesena. Difficile de comprendre. L’équipe championne d’Europe en 2010 est méconnaissable, et enchaîne contre-performance sur contre-performance. Et le pire, c’est qu’elle ne fait plus peur à personne. Palerme, Novara, Napoli, Catane, Juventus : voici les noms des tombeurs éclectiques des Nerazzurri depuis le début de la saison. Cinq défaites auxquelles s’ajoutent celle en Supercoupe d’Italie, contre Milan, et celle lors du match inaugural de Ligue des Champions, contre Trabzonspor. Les tifosi avaient vite compris : c’était ChaoLin, le meurtrier. Ou plutôt, GianPiero Gasperini. Arrivé cet été, l’ancien du Genoa n’a jamais réussi à poser sa patte sur l’équipe. Donc, c’est de sa faute. Donc, il dégage. Voilà Claudio Ranieri, annoncé comme le grand sauveur qui va ramener l’Inter au sommet. Alors ? Alors rien. Après une victoire en trompe-l’œil face à Bologne, l’Inter est retombée dans ses travers. Et la dégringolade continue. Oui, mais jusqu’à quand ?
Les anciens peinent, les nouveaux peinent
L’Inter souffre en effet de plusieurs maux. Déjà, le club ne s’est jamais réellement remis du départ de Samuel Eto’o. Le Camerounais a laissé un vide que ni Forlan ni Zarate ne sont parvenus à combler. Le premier est l’ombre du magnifique joueur qui flambait il y a quelque temps avec l’Atletico (de plus, il est blessé), le second confirme ce qui a été vu à la Lazio pendant trois ans : un joueur capable de très belles choses, mais beaucoup trop irrégulier. Diego Milito étant toujours le fantôme de lui-même, tout le poids de l’attaque repose sur Giampaolo Pazzini, le seul capable, actuellement, de faire la différence devant. Deuxième souci, les cadres sont en perte de vitesse. Artisans des grandes victoires sous Mourinho, les Sneijder, Maicon, Lucio et autres Julio Cesar ne donnent plus l’assurance nécessaire.
Longtemps blessé, Sneijder revient petit à petit mais, quoi qu’il en dise, semble toujours avoir la tête ailleurs (à Manchester ?). Maicon n’a plus toujours les jambes. Tandis que Lucio et Julio Cesar, autrefois remparts de la muraille nerazzurra, font preuve d’une fébrilité étonnante. Enfin, les nouveaux acquis, arrivés cet été, ne donnent pas satisfaction. Alvarez, Castaignos, Jonathan : ils étaient tous arrivés à Milan pour rajeunir l’effectif et donner un véritable coup de peps à l’équipe. Raté. Aucun des trois ne n’est imposé, et les voilà même jugés « indignes de porter le maillot de l’Inter » par la plupart des tifosi. Ajoutez à cela une spirale négative et quelques décisions arbitrales pas franchement en sa faveur, et voilà une formation qui n’arrive pas à sortir la tête de l’eau. Une situation qui a amené le président Moratti à se décider à agir, au plus vite, en mettant la main au portefeuille. Dès janvier.
« Un gros mental »
Le seul rayon de soleil dans ce début de saison, paradoxalement, c’est la Ligue des Champions. Battus lors du premier match par Trabzonspor (après avoir dominé toute la rencontre), les Interisti se sont bien rattrapés en allant gagner deux matches à l’extérieur, chez le CSKA Moscou (2-3), et à Lille (0-1). Six points : suffisant pour être leaders de leur poule, et envisager positivement la suite. D’ailleurs, si la C1 pouvait permettre de relancer la mécanique en championnat, ce ne serait pas de refus. « L’Inter est une grande équipe, même si elle est en train de traverser un moment particulier de son histoire. Nous avons du respect pour Lille, qui ne perd pas à l’extérieur depuis longtemps et qui a déjà battu le Milan AC, ici à San Siro. Mais nous devons les battre pour prouver que nous ne sommes pas au tapis » assure Claudio Ranieri en conférence de presse.
Ranieri, d’ailleurs. L’ancien technicien de la Roma, débarqué il y a quelques semaines, n’arrive pas à redresser l’équipe, comme il avait notamment réussi le faire lors de son arrivée à Rome. « Lorsqu’il y a un changement d’entraîneur, ce n’est pas le magicien d’Oz qui débarque et qui règle tout en peu de temps. Je savais que j’allais rencontrer des problèmes et je suis venu ici pour les résoudre. Comment ? En entraînant l’équipe et en attendant. Nous devons avoir de la force et un gros mental » explique-t-il. Un positivisme dont veut également faire preuve Diego Milito, le buteur perdu. Lui se souvient encore qu’il y a un peu plus d’un an, il inscrivait un doublé en finale, et offrait la C1 à l’Inter. Une période qui, selon lui, n’est pas révolue. « Contre Lille, nous allons montrer qui nous sommes, encore. C’est une belle opportunité pour démontrer que nous sommes en vie. Nous voulons faire un grand match, gagner et nous mettre en bonne position pour terminer premiers de ce groupe » affirme l’Argentin. Alors oui, l’Inter est au fond du trou. Oui, l’Inter doute. Oui, l’Inter est bien plus vulnérable que lorsqu’elle était intouchable. Mais l’Inter conserve son orgueil et ses traditions. Peut-être ses meilleures armes.
Eric Maggiori