- Italie
- Serie A
- 8e journée
- Inter/Juventus (0-0)
L’Inter et la Juve donnent tout… pour rien
Match sans but mais avec frissons à San Siro. L'Inter et la Juve se quittent dos à dos, laissant les supporters indécis entre satisfaction et frustration. Et une nouvelle année sans victoire dans le derby d'Italie pour l'Inter.
Les supporters interisti comptaient bien remettre à jour le calendrier. En rappelant la date du 6 juin 2015 et la défaite contre Barcelone en guise de bienvenue aux joueurs de la Juve, ils voulaient aussi oublier cinq ans sans victoire à San Siro dans le derby d’Italie. Ce ne sera pas pour cette fois. Ce soir, les spectateurs se souviendront d’un combat intense et permanent et oublieront les imprécisions techniques et la première place qui tendait la main à l’Inter. Au moins ne se sont-ils pas encore fait taper par une Juve en plein renouveau.
De l’envie et des cartons
Ignorant la phase d’intimidation verbale, les deux équipes montrent les poings d’entrée. Avec Jovetić à la technique ou Cuadrado à la frappe, chacune possède des arguments à faire valoir. Mais les plus belles actions du premier quart d’heure sont à mettre au crédit du maillot jaune de l’arbitre et de sa passion pour la biscotte : dès la 5e, Paolo Valeri souhaite un bon retour sur les terrains à Marchisio, puis enchaîne avec Felipe Melo, Khedira et Zaza en moins de dix minutes. Il en faut plus pour calmer les ardeurs nerazzurre et bianconere. Felipe Melo et surtout Gary Medel prennent peu à peu le contrôle du milieu de terrain, alors que Brosović et Perišić font tourner les trois têtes de la défense turinoise par des permutations incessantes. Jovetić a beau être présent de l’orientation du jeu à la frappe en passant par le centre, c’est d’abord Perišić, dont la tête vient caresser le bras de Bonucci dans la surface, puis Brosović, d’un centre-tir claqué par Buffon sur sa transversale, qui offrent à San Siro ses premiers vrais frissons à l’approche de la demi-heure.
Si les ailes de l’Inter font souffrir la Juve, Zaza ou Morata savent rappeler aux Milanais qu’il faut surveiller leurs arrières. Pogba, lui, rappelle par intermittence le superbe joueur qu’il peut être. Malheureusement pour Allegri et tous les Juventini, le grand Paul passe plus de temps à être perdu ou en retard sur ses interventions. Ce n’est pas le cas de Chiellini, Bonucci et Barzagli, au grand dam d’Icardi, sevré de ballons et interdit de penalty malgré ses bras levés. À la mi-temps, la Juve n’est pas la seule à souffler : les joueurs ont livré un combat intense, les équipes ont alterné les phases de domination, et les spectateurs vont trouver le temps long pendant quinze minutes.
Tout donner, ne rien recevoir
En seconde période, le trio Zaza – Morata – Cuadrado s’illustre d’entrée, pour une frappe du Colombien repoussée par un Handanović fermant bien ses jambes. Comme en début de première mi-temps, l’Inter a du mal à se sortir du pressing fringant exercé par la Vieille Dame. Résultat : deux corners et un torticolis pour Miranda devant un Pogba à l’aise sur le beat. Jovetić tente de sonner la révolte d’une belle reprise aux 20 mètres que Buffon repousse avec difficulté, au contraire de Handanović, tranquille devant un Pogba réveillé. Mais c’est bien la Juve qui continue de pousser. À l’heure de jeu, Évra prend son jaune assumé, Mancini sort Felipe Melo pour Fredy Guarín.
Cinq minutes plus tard, Allegri répond en dégainant Mandžukić pour Morata. Avant de sortir, l’Espagnol tient à laisser, enfin, un bon souvenir dans ce match d’une déviation délicieuse dans les six mètres locaux, pour une frappe de Khedira sur le poteau d’un Handanović planté dans le gazon. Cuadrado continue à cavaler à droite, les grands compas de Pogba se promènent à gauche, et Gary Medel bouche les trous de tous les côtés. Les Interisti n’arrivent que trop rarement à sortir, sans aucun danger pour Buffon, mais restent bien en place derrière. Allegri change alors son animation offensive avec l’entrée de Dybala pour Zaza, posant ainsi une doublette sexy sortie du banc pour les dix dernières minutes. Cuadrado continue à allumer son côté droit, Chiellini fait le show d’une tentative de retourné improbable, et Valeri sort son 7e carton jaune contre Miranda à l’entrée du temps additionnel. Dernière action d’un beau combat. Ne manquaient que les buts.
Par Eric Carpentier