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L’Inter en opération rachat

Eric Maggiori
5 minutes
L’Inter en opération rachat

Vainqueur vendredi du Chievo (0-2), après une série de neuf matches sans victoire, l’Inter a retrouvé le moral et la confiance. Les nerazzurri n’ont désormais qu’un seul objectif : battre l’OM pour lancer le sprint final d’une saison où ils ont déjà pris beaucoup trop de retard.

Parfois, une image parle plus que mille commentaires. Vendredi soir. On joue la 90ème minute du match entre le Chievo et l’Inter. Après 89 minutes de souffrance, Diego Milito place sa tête et permet à l’Inter d’assurer la victoire. Alors que tous les joueurs de l’Inter se sautent les uns et sur les autres, les caméras s’arrêtent sur Claudio Ranieri. Le bonhomme, manteau noir, le cheveu toujours grisonnant, reste stoïque au bord de la pelouse. Ses yeux deviennent brillants, un peu rouges, même. Oui, le vieux Ranieri, qui en a vu des belles et des moins belles dans sa carrière, lâche quelques larmes. Des larmes de libération. A la fin de la rencontre, le technicien s’explique. « Mes larmes ? Oui, ce sont des larmes qui veulent dire que j’y tiens, à cette équipe. Mes garçons ont réalisé une énorme prestation. C’est un résultat qui nous donne de la confiance, c’est une bouffée d’oxygène » détaille-t-il.

De fait, pendant plusieurs semaines, l’Inter a perdu, perdu, perdu encore. Et si elle avait perdu, vendredi, contre le Chievo, Ranieri aurait probablement sauté. Mais l’ancien coach de la Roma a résisté, serré les dents, insisté dans ses idées de jeu, et a fini par être récompensé. Alors certes, l’Inter n’est pas encore champêtre. Mais la victoire fait un bien fou. Cette victoire qui fuyait depuis le 22 janvier dernier, contre la Lazio (déjà une victoire étriquée et entachée d’un but hors-jeu) et qui, par son absence, avait fini par détruire une à une toutes les certitudes de Ranieri. Le succès retrouvé, les nerazzurri peuvent désormais se concentrer sur le match de Ligue des Champions contre Marseille. Une équipe marseillaise qui, à l’instar des interisti avant leur déplacement victorieux à Vérone, est au fond du trou.

Tabou San Siro

Ranieri tente de s’appuyer sur les statistiques. L’Inter, soit elle perd, soit elle gagne. Pas de juste milieu. La dernière fois qu’elle a interrompu une série négative, au mois de novembre dernier, elle a enchaîné huit victoires consécutives, dont celle dans le derby contre le Milan AC. Et le technicien sait que son équipe marche au moral et à la confiance. Une confiance qui a clairement changé de camp par rapport au match aller, disputé au Vélodrome. « Quand nous sommes allés à Marseille, nous avions beaucoup de défaites dans les jambes, alors que eux avaient collectionné de nombreux succès consécutifs. Maintenant, la victoire nous a donné le moral, l’équipe est forte, déterminée et a réagi après un moment difficile. Nous avons l’opportunité de continuer notre parcours en Ligue des Champions. Le stade sera plein et cette équipe ne trahira pas » assure-t-il en conférence de presse.

Le stade, tiens. Un San Siro autrefois invincible, qui n’avait pas connu la défaite pendant près de deux ans sous Mourinho (du 26 novembre 2008 au 14 novembre 2010), et qui ne fait désormais plus peur à grand monde. Trabzonspor, le Napoli, la Juventus, l’Udinese, le CSKA Moscou, Novare et Bologne : telles sont les équipes qui sont venues marcher sur la Scala du football depuis le début de la saison. Un tabou que Ranieri ne veut pas considérer. Pour lui, les 80 000 tifosi de San Siro seront une arme supplémentaire pour faire chuter des Marseillais déjà à terre. « Nous avons besoin du soutien du public. Avec nos tifosi derrière nous, ce sera encore plus facile de faire quelque chose. Comme nous jouons à domicile, il est impératif de marquer des buts sans en encaisser. Nous connaissons la vitesse des Marseillais en contre-attaque. Je connais leurs points forts et leurs points faibles. Notre objectif est simple : gagner, et ne pas prendre de but » a-t-il martelé. Et peu lui importe si l’histoire dit qu’il n’a jamais battu Didier Deschamps en Ligue des Champions.

Le coup-franc de Sneijder

Au-delà de l’envie de se hisser dans le Top 8 d’Europe, l’Inter a une arme que les Marseillais redoutent : l’expérience. L’expérience de ceux qui ont remporté la Ligue des Champions il y a deux ans, avec des joueurs comme Milito, Zanetti ou Stankovic, qui sont toujours là pour en témoigner. L’expérience de ceux qui, l’an dernier, à ce même stade de la compétition, avaient perdu 1-0 le match aller à domicile contre le Bayern Munich, avant de s’imposer 3-2 au retour, à Munich, dans un match où ils ont été menés 2-0. L’expérience de ceux qui, l’an dernier toujours, étaient sortis la tête basse de la compétition, en se faisant fesser par Schalke (2-5 à l’aller, 2-1 au retour), et qui n’ont aucune intention d’offrir, à nouveau, une telle désillusion à leurs supporters. Seulement attention, Marseille reste sur quatre défaites consécutives, certes, mais ce n’est pas une raison pour tuer l’ours tout de suite, comme dirait l’ami Bedimo. L’Inter n’est en effet pas encore une machine de guerre prête à profiter de la faiblesse de son adversaire.

Elle est elle aussi une bête blessée, qui tente de se soigner, mais qui a encore de sacrés doutes quant à son état de santé. Contre le Chievo, et pour la première fois depuis le 15 janvier, l’Inter n’a pas encaissé de but. Un peu rassurant, mais pas trop, compte-tenu du peu d’assurance offert par Lucio, Samuel et autres Ranocchia. En attaque, la certitude se nomme Diego Milito. Le Principe, absent au match aller au Vélodrome, est le véritable phare de l’attaque, avec ses dix buts en treize matches depuis le début de l’année 2012. Mais à côté de lui, des points d’interrogation. Forlan ? Mouais. Pazzini ? Bof. Zarate ? LOL. Pas impossible que, comme contre le Chievo, Ranieri propose à nouveau le duo Milito-Forlan, épaulé par un Sneijder qui tente petit à petit de se réintégrer dans le onze. Le résultat n’est pas encore très convaincant, mais le Hollandais est typiquement le genre de joueur qui peut se réveiller, comme ça, à l’improviste, pour sauver son équipe dans une situation foireuse. Et pourquoi pas pendant un match de Ligue des Champions, d’ailleurs. Avec, par exemple, un de ses coup-francs en pleine lucarne. On imagine déjà la tête de Mandanda…

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