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L’instinct Delort
Auteur de sa première réalisation avec Toulouse, Andy Delort n’a pas attendu bien longtemps avant de retrouver le chemin des filets en Ligue 1. Une réussite qu’il doit à son amour du but et ses choix impulsifs.
Un centre, une jambe tendue, un pied, un but. Et des poings serrés, des yeux fermés, un cri rageur pour une célébration tout en spontanéité. Cette histoire, qui dure depuis plus de deux décennies, c’est celle d’Andy Delort. Revenu du Mexique quelques mois seulement après avoir quitté Caen et la France, l’attaquant vient de marquer son premier but sous ses nouvelles couleurs toulousaines. « Ce n’est que du bonheur pour moi, je ne pouvais pas rêver mieux pour mon premier match ici. Je voulais retrouver la sensation d’être important dans un groupe et je suis vraiment heureux » , a-t-il simplement kiffé après la partie gagnée contre Angers.
Ce genre de buts, l’avant-centre en a mis – et en mettra encore – des dizaines. Car il illustre bien son jeu, avant tout basé sur la simplicité de l’instinct. Delort n’est pas du style à envoyer du geste technique pour dribbler cinq défenseurs, ni à enchaîner les une-deux pour renverser une défense. Non, son truc à lui, c’est plutôt de frapper sans réfléchir, mais au bon moment et au bon endroit. De sentir le tremblement de filet à proximité et de le provoquer. Tout en puissance, à la Djibril Cissé. Ou en renard, au choix. Une attitude observée dès ses débuts sur les terrains, comme l’affirme André Oliva, l’un de ses premiers coachs à Sète : « Le but, c’était sa vie. Donc son rôle, c’était celui du buteur. Mais il représentait l’attaquant à l’ancienne, qui était essentiellement là pour marquer, pas celui qui fait tout dans l’équipe. Je ne connais plus trop les statistiques, mais je dirais qu’il marquait 80 buts par saison quand il était petit. Et il jouait déjà comme maintenant : un contrôle, une frappe / un contrôle, une frappe. Il ne s’embarrassait pas d’autres complications. Il utilisait sa frappe monumentale pour enchaîner les buts comme les perles. »
Un beau parcours illogique
Cette façon de voir le ballon rond semble être calqué sur le caractère du garçon. Car l’ancien joueur de Tours, Metz, Ajaccio, Nîmes ou encore Wigan semble avancer avec un seul objectif : football, football, football. Dupraz l’a d’ailleurs confirmé face à la presse, parlant avant tout d’un homme « qui aime le foot » . Du coup, le bonhomme prend souvent des décisions directes, et revient rarement dessus. Il ne joue pas assez à Nîmes ? Il signe à Ajaccio. Il perd sa place de titulaire en Corse ? Il rallie Metz. Il n’arrive pas à marquer en Lorraine ? Retour à l’ACA. Pas plus de succès devant les cages ? Va pour Tours. L’Angleterre, terre de football, l’appelle ? Ok pour Wigan. On ne lui fait pas confiance là-bas ? Il fait soncome-back dans le club de Jean-Marc Ettori. Des choix qui peuvent parfois être perçus comme des coups de tête, comme l’imbroglio lors de son départ de Caen pour le Mexique – même si le principal intéressé se défend aujourd’hui en évoquant un problème cardiaque qui aurait incité le Stade Malherbe à ne plus l’aligner. Alors, instinctif sur la pelouse comme en dehors, le Delort ?
Pascal le grand frère
« C’est vrai que gamin, il pouvait être un peu difficile à gérer par rapport aux autres. Il avait ses sautes d’humeur à cause de son impulsivité, reconnaît André Oliva. Il est obsédé par le foot, il en fait sa priorité, et n’est donc pas forcément à l’écoute de tout. » Un défaut qui fait toutefois sa force, selon l’entraîneur : « Quand je l’ai coaché, c’était déjà quelqu’un de vrai. Quand on le connaît, c’est un réel bon mec, hein. Sur qui tu peux toujours compter. Pas du genre à se faire porter pale ou à craindre la pluie, si vous voyez ce que je veux dire. Aujourd’hui encore, il repasse régulièrement nous voir pour nous donner des maillots. » Des années après avoir été formé à Sète, Andy a vu son instinct l’envoyer au TFC. « J’ai accroché avec Monsieur Dupraz » , a-t-il tout de suite envoyé pour justifier son transfert. Une collaboration qui pourrait bien s’avérer fructueuse. « Il est peut-être un peu instable. Nous, on savait qu’il pouvait faire n’importe quoi quand il était jeune, se rappelle Oliva. Il a toujours fallu être derrière lui, le cadrer. » Ça tombe bien, Pascal aime bien jouer le rôle du grand frère.
Par Florian Cadu