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L’indéboulonnable Maxwell
Lucas Digne a dû se rendre à l'évidence après le match de Saint-Étienne : il a encore du boulot pour déloger Maxwell de son poste de titulaire. Non pas que le jeune Français soit encore trop tendre - en fait, si - mais surtout parce que l'ancien joueur de l'Ajax Amsterdam est un drôle de bon joueur.
En reprenant le chemin de l’entraînement très tôt en juillet, Lucas Digne pensait mettre tous les atouts de son côté pour mettre son entraîneur Laurent Blanc dans l’embarras à l’heure de choisir son latéral gauche numéro 1. Pendant que Ratatouille se retapait avec ses potes du PSG, Maxwell était toujours retenu au Brésil, où sa sélection se faisait démâter sur le pré, mais également dans tous les médias du coin. Logiquement donc, Lucas Digne a débuté la saison officielle du PSG parmi les starters. Guingamp au Trophée des champions, Reims, Bastia et Évian en Ligue 1. Quatre matchs de suite. Quatre rencontres où le champion du monde U20 a fait le boulot. Sans plus. Puis est arrivé Saint-Étienne. Au-delà du festival Zlatan Ibrahimović (triplé, colère et tapage médiatique), Maxwell a livré une partition quasi parfaite pour une reprise : un caviar pour son pote Ibra sur le deuxième but, une déviation intelligente sur celui de Cavani et une présence offensive et défensive parfaite.
Et comme Digne s’est raté avec les Bleus en Serbie, la comparaison est presque évidente. Pour ne pas dire gênante. Digne fait figure de bon petit joueur en devenir, mais il ressemble surtout à un enfant. Sur chaque duel, sa carcasse vole en éclat et son apport offensif est encore trop limité pour qu’il devienne une réelle menace pour Maxwell. Si le Brésilien, à 33 piges, est encore le numéro 1 du poste aux yeux de Laurent Blanc, c’est avant tout pour ce qu’il démontre sur la pelouse, là où personne ne peut tricher et où les réputations ne servent plus à rien. La vérité est simple. Limpide. Évidente. Maxwell est un bon joueur de football. Un très bon même. Arrivé dans la discrétion la plus totale en janvier 2012, on a – trop – vite présenté le joueur comme le remplaçant du remplaçant d’Éric Abidal à Barcelone avant d’en faire le meilleur pote du Z sans jamais s’intéresser vraiment à lui. Mauvaise idée.
Le Leonardo du pauvre
Justement, Maxwell, c’est qui ? Recruté par Leonardo, le gaucher ressemble étrangement à l’ancien directeur sportif du club parisien. « Maxwell est un joueur que j’ai toujours aimé. On a quelque chose de similaire, peut-être parce qu’on a joué au même poste, avec un peu le même profil » , balançait même Leo au moment de la présentation du joueur en janvier 2012. Même si Maxwell ne passe pas son temps le pouce en l’air, il a des similitudes avec l’ancien gaucher qui a fait rêver le Parc des Princes un soir d’été 1997 contre Bucarest : cheveux souples et châtains, polyglotte, sous-médiatisé. Sous contrat jusqu’en juin prochain, Maxwell est surtout un cadre du vestiaire. Un mec discret, humble, calme, souriant, posé. « C’est la force tranquille » dit-on au PSG quand on parle du numéro 17. Il faut dire que depuis son arrivée dans la capitale, le mec ne s’est pas raté en match. Jamais. À l’inverse de beaucoup de latéraux brésiliens, Maxwell sait défendre, lui. Et toujours debout qui plus est.
Logiquement, son casier judiciaire français ne présente aucun écart (quatre avertissements en 72 matchs de championnat). Bizarre pour un joueur qui a débuté sa carrière au poste de numéro 10. Originaire de Vitória, un bled situé entre Rio et Bahia sur les bords de l’océan Atlantique, Max grandit dans une famille plutôt aisée, puisque Papa est ingénieur en chimie et Maman enseigne le portugais. Pourtant, à 15 ans, le petit gaucher doit quitter le foyer et rejoindre Belo Horizonte où Cruzeiro croit en lui. C’est là qu’il se fixe finalement au poste d’arrière gauche. Pas par envie, mais plutôt par hasard puisque les latéraux habituels étaient sur le flanc, le jeune Maxwell a fait un match pour dépanner. Et il a brillé. Forcément.
Paris, la consécration
Le mec se balade tellement que l’Ajax Amsterdam tombe amoureux et l’enrôle à 20 ans. C’est à Amsterdam qu’il va croiser Zlatan Ibrahimović. Un Ibra immédiatement sous le charme du garçon comme il aime le raconter dans sa biographie : « Il n’était pas comme les autres Brésiliens, bien que j’allais apprendre à le connaître. Il n’avait pas ce côté animal, pas de besoin de se prendre la tête. Il était le contraire, incroyablement sensible, très proche de sa famille, qu’il avait besoin d’appeler régulièrement. » C’est à « MeDa » que les deux hommes vont poser les bases de leur incroyable amitié. Un lien qui va s’étendre à Milan, Barcelone et Paris. Quatre aventures communes qui portent la marque du hasard, de leur talent, mais aussi celle de Mino Raiola, leur agent commun. Et qui a présenté l’ancien pizzaiolo à Zlatan Ibrahimović ? Maxwell.
Mais ne vous y trompez pas : le Brésilien n’est pas le faire-valoir du Suédois. Entre les deux, c’est à la vie à la mort. C’est d’ailleurs la mort qui va cimenter leur relation. 2002, Maxwell apprend le décès de son frère dans un accident de la circulation au Brésil. Ébranlé, le joueur se réfugie alors dans la foi et dans les bras de son géant suédois. Douze ans plus tard, ce trio tient toujours. Et si le Brésilien est assuré d’être encore le numéro 1 dans l’esprit de Laurent Blanc avant d’aller défier Rennes, on peut être certain que Dieu et Ibra n’y sont pour rien. À 33 ans, l’âge du Christ, Maxwell est tout simplement au-dessus.
Par Mathieu Faure