- Journée mondiale de prière pour les vocations
L’incroyable destin de Frère Raymond
Aujourd’hui, c’est la journée mondiale de prière pour les vocations. Une raison suffisante pour revenir sur la crise de foi que risque de connaître Raymond Domenech. S’il tient toutefois sa promesse...
– Ce qui suit est une fiction. Toute ressemblance avec des faits réels ne serait que pure et fortuite coïncidence –
« Si à 11 contre 10 le Barça ne se qualifie pas je rentre dans les ordres » . D’un simple tweet, la vie de Raymond Domenech bascule. Oh, il a beau pester contre le match tout en abnégation de Drogba, le poteau, le pénalty manqué et le but inespéré de Torres, ces talents de pronostiqueur le condamnent à une vie nouvelle aux parfums d’encens. A peine le temps d’embrasser Estelle et les bambins, qu’il oblique au séminaire le plus proche. Sur le trajet qui le rapproche d’avantage du Christ, il se répète : « J’ai dit que je gagnerai la Coupe du monde : j’ai échoué. J’ai demandé la main d’Estelle : je ne l’ai pas eue. Il est grand temps que la France voit de quel bois je me chauffe ! » . Regards sceptiques des hommes de foi : qu’un type responsable d’un grand bordel se pointe les inquiète pour la bonne entente au sein de la communauté. Mais la bonté chrétienne se résout à l’accueillir à bras ouverts. Et tant pis s’il s’était laissé corrompre par l’astrologie païenne.
A l’intérieur d’une chambre spartiate, Raymond passe des journées entières à dévorer la Bible. Non, pas France Football. Celle qui se vend encore. Le best-seller. Mais bon sang la réponse se trouvait là, imprimée en petit caractère sur du papier à cigarette. « Soyez bons les uns envers les autres, compatissants, vous pardonnant réciproquement, comme Dieu vous a pardonné en Christ » , ressasse-t-il. Cette sentence résonne en lui. Pourquoi n’y avait-il pensé avant au lieu de claquer des jetons au poker ? Il prend le téléphone, qu’il avait pris soin de planquer sous sa soutane, et compose le numéro d’Anelka. Répondeur asiatique. Combatif, il remplit la messagerie de versets bibliques sur le pardon. Qu’importe le coût de la facture. Le matériel est superflu désormais.
Le démon du football
Il se sent revivre. Ce séminaire lui rappelle Clairefontaine. Il y fait ses gammes. Apaisé, apprécié de tous, frère Raymond se distingue durant l’office par ses talents d’acteur de théâtre. Et ses sermons se font plus convaincants que les causeries d’avant-match de sa vie antérieure. Un matin, le téléphone sonne. C’est Monseigneur Di Falco qui souhaite lui confier une mission. Redorer le blason du FC Lourdais XI. A peine le temps d’invoquer l’aide divine nécessaire, qu’il grimpe à l’arrière de la moto du prêtre des loubards Guy Gilbert. Direction les Hautes-Pyrénées et le démon du football. Accueilli en grande pompe par tout ce que la ville compte de paralysés et de cas jugés désespérés par la médecine, Domenech est galvanisé : « N’ayez pas peur ! Je ne porte plus de croix sur le dos. Je m’en remets à Dieu et non aux Dieux du foot. Que Bernadette Soubirous m’aide à accomplir ma tâche ! » , lâche-t-il sous les clameurs. Raymond découvre les charmes de la DH. Un championnat à son niveau glousse les mauvaises langues. Chapelet à la main, il dirige son équipe aux côtés du fidèle Mankowski. Les médias se pressent mais il n’accorde d’interviews qu’à La Croix et Le Jour du Seigneur : « Je n’aime pas trop vos concurrents directs. Si on pouvait faire un record d’audience » , ose-t-il, comme une rechute.
C’est que Domenech n’est pas totalement en paix avec lui-même. Pas qu’il veuille enterrer la hache de guerre avec les journalistes. Au contraire. Son obsession répond au doux nom d’Anelka et le pousse à allumer des cierges. A force de lui téléphoner, il en vient à connaître par cœur la messagerie en mandarin. Après des mois d’un harcèlement téléphonique digne d’un vendeur de portes-fenêtres, Anelka n’y tient plus et répond. Emu, Raymond bégaye un : « Et ne jugez point, et vous ne serez point jugés. Ne condamnez point, et vous ne serez point condamnés. Absolvez et vous serez absous » . Peu sensible à la prose de Saint Luc, Anelka raccroche après avoir balancé des mots doux bien sentis. Entre ses deux hommes, il y aura toujours un problème de décrochage.
Par Adrien Rodriguez Ares