- Footgolf
L’improbable retour en grâce du Jabulani
Souvent décrié par les joueurs lors de la Coupe du monde 2010 en Afrique du Sud, le célèbre ballon Jabulani fait un retour remarqué sur les terrains... de footgolf. Mais pour acquérir ce précieux sésame, il vaut mieux avoir le portefeuille solide, car certains se vendent à prix d’or.
« Un ballon de supermarché », dixit Júlio César, « un ballon en plastique », selon Hugo Lloris, une sphère « pourrie » pour Iker Casillas, ou encore « une honte » pour Gianluigi Buffon. Une chose est sûre, le ballon Jabulani, utilisé lors de la Coupe du monde 2010 en Afrique du Sud, n’a pas fait que des heureux. Si sa texture grip’n’groove « assure un meilleur contrôle du ballon, des trajectoires de balle particulièrement stable et une accroche parfaite », selon son fabricant Adidas, le Jabulani a été le cauchemar de nombreux gardiens, qui se sont plaints de la modification de leurs repères. Demandez à Robert Green, qui a perpétué la légende des boulettes des portiers anglais lors de la rencontre face aux États-Unis (1-1) en phase de poules du Mondial 2010, en se trouant complètement sur une frappe de Clint Dempsey.
Du fait de sa conception différente (un soudage thermique de huit éléments, au lieu de 32 pièces pour un ballon classique, NDLR), le Jabulani acquiert la réputation d’être trop rond, trop parfait. Des caractéristiques qui ne collent pas avec le football. Si le célèbre ballon n’a pas fait long feu sur les pelouses aux quatre coins du globe, il fait aujourd’hui le bonheur des footgolfeurs sur le green. Sport de plus en plus populaire en France (50 terrains homologués, 30 clubs) et dans le monde, le footgolf est l’occasion idéale pour recroiser le fameux Jabulani. D’ailleurs, les meilleurs de la discipline arrivent tous sur le green équipé de leur précieux sésame. « J’utilise le Jabulani depuis mes débuts dans le footgolf. C’est un ballon que j’apprécie, car il va plus loin que les autres (Adipure, Speedcell, Europass, NDLR), confie Romuald Prétot, le président de l’Association française de footgolf. Autre avantage très important : la légèreté du ballon. S’il n’est pas trop gonflé, il fait moins mal au corps. » Avec le Jabulani, les footgolfeurs sont assurés d’avoir une trajectoire rectiligne à l’approche du drapeau.
Money, money, money
Pourtant, le Jabulani n’est pas la tasse de thé de Benjamin Gavanon, ancienne légende de l’AS Nancy Lorraine et reconverti footgolfeur depuis 2013. « Ce ballon ne me plaît pas, car il part toujours tout droit. Or, j’aime bien donner une trajectoire enroulée à mon ballon. » En bon spécialiste des coups de pied arrêtés, Benjamin Gavanon préfère l’Europass, le ballon de l’Euro 2008. « L’Europass prend l’effet que vous lui donnez. C’est le ballon idéal pour apprendre la discipline. Avec le Speedcell, qui est un mix entre le Jabulani et l’Europass, ce sont à mes yeux les meilleurs ballons pour performer sur le green. » Autre aspect important qui permet au ballon d’aller plus loin que les autres : les pièces du Jabulani sont fusionnées avec de la chaleur, il n’y a donc pas de coutures apparentes sur la surface de la balle.
Avis aux gros bourrins : pour réussir son coup au footgolf, pas besoin d’envoyer une énorme sacoche, mieux vaut assurer son coup. « C’est l’erreur que tout le monde fait au début. Ces ballons sont tellement particuliers qu’on se dit qu’en frappant fort, ça va le faire. Le problème est qu’on perd en précision, explique le champion du monde de footgolf avec les Bleus.Il faut chercher à aller dans les « zones sécurisées » et éviter les obstacles comme les points d’eau et les bunkers. En tirant de l’intérieur du pied avec un ballon qui va où on veut, on a plus de chance de réussir. » Alors que le Jabulani a ses fervents défenseurs et ses détracteurs, difficile de composer des équipes qui s’accordent. « Lorsqu’il faut former les binômes pour l’équipe de France, on regarde d’abord quel ballon les joueurs utilisent. Si le premier joue avec le Jabulani et le deuxième avec un Europass, ils ne peuvent pas jouer ensemble, car les caractéristiques des ballons sont différentes », ajoute Romuald Prétot.
Objet tant désiré par les amateurs de footgolf, le Jabulani se fait de plus en plus rare. Véritable flop lors de sa commercialisation en 2010, il est aujourd’hui un précieux trésor dont les possesseurs se comptent sur les doigts d’une main. Pour en acquérir un, il vaut mieux avoir le portefeuille solide. En se rendant sur les sites de ventes d’occasions, type Leboncoin ou eBay, les prix ont de quoi s’arracher les yeux : de 250 à 500 euros pour le Jabulani, et jusqu’à 1500 balles pour le Jobulani, son pote de la finale du Mondial. « Aujourd’hui, il est quasi impossible d’en trouver un neuf. Ceux d’occasion peuvent se vendre autour de 300 euros, mais chaque année, le prix grimpe, explique Sab, qui vend son Jabulani à 480 euros sur Leboncoin. C’est un ballon qui est thermo collé et qui va plus loin que les autres. Des ballons comme Jabulani, Jobulani et Speedcell font réellement la différence en compétition de footgolf. » Comme quoi, tout le monde mérite une deuxième chance, même un ballon.
Par Analie Simon
Tous propos recueillis par AS