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Lim investit, Valence sourit
Alors que l'accord entre Bankia et Peter Lim a été trouvé, ne reste plus que la signature à apposer au bas du contrat. Un changement de propriétaire pour un FC Valence qui souhaite changer de dimension. Ça tombe bien, le milliardaire de Singapour semble arriver avec un projet solide. À moins que...
Les Fallas sont la fête traditionnelle de Valence et de sa communauté. Du 14 au 19 mars, les rues deviennent noires de monde et se remplissent de gigantesques monuments en matériaux composites. Le dernier soir, ces plus de 700 œuvres d’art sont brûlées au milieu des débris de gobelets et de jeunes assoiffés. Du traditionnel et du jeune, ivre le plus souvent, rendent cette fête emblématique en Espagne. Pour les prochaines Fallas, une présentation en maquette des plus grandes structures est prévue le 24 octobre prochain. Parmi ces monuments, deux seront dédiés à Peter Lim, prochain big boss du FC Valence. Plus qu’un homme providentiel, Peter Lim est déjà vu comme un dieu sur les bords de la Méditerranée. Depuis Singapour, il orchestre le rachat – compliqué – du club ché. Homme d’affaires au compte banque à plusieurs zéros, Lim a réussi à redonner le sourire à des supporters qui, peu à peu, tombaient en dépression. Alors que l’accord de vente a été trouvé, ne reste plus qu’à le signer et continuer d’engranger des succès. Car après 7 journées de Liga, les Chés se pavanent à la seconde place du classement.
Bankia bon débarras
Officialisé dans la semaine, ce rachat a été discuté pendant près de six mois. Une demi-année de tractations, de vérification, de montages financiers pour une vente qui annonce la fin d’une ère à Valence. Bankia, banque symbole de la folie des grandeurs, puis de la crise économique espagnole, s’apprête enfin à quitter le fanion ché. Et ce serait un euphémisme d’affirmer que cela attriste les supporters valenciens. Déjà, le 6 juin dernier, la banque, à travers un communiqué, officialisait un accord : « La transaction est structurée de manière que Bankia puisse recouvrir la totalité des fonds accordés par le passé au club et à sa fondation VCF, pour un montant total d’environ 320 millions d’euros. » Pour autant, malgré cet accord, aucune officialisation de la vente n’a été faite depuis. Normal, le dossier est un iota compliqué. En rachetant le Valence FC, Peter Lim s’adjuge du même coup la dette colossale du club. Une dette de 275 millions d’euros et une situation inextricable du Nuevo Mestalla qui ont fait stagner, voire régresser le club depuis son dernier titre de champion en 2004.
Un autre facteur de cette longue attente réside dans la longue liste des précédents plus bancales que bankables des rachats dans le football espagnol. Avec les exemples du Racing Santander et plus récemment de Málaga bien en tête, la direction du FC Valence, emmenée par son président Amadeo Salvo, a pris son temps. Les fonds de Peter Lim, et de sa holding Meriton, ont été étudiés, puis garantis. Même les autorités de Singapour et de la diplomatie espagnole ont été mises à contribution. Ainsi, c’est de la bouche du secrétaire d’État singapourien, Teo Chee Hean, qu’est sortie la bonne nouvelle : « Peter Lim a acheté le FC Valence » . Avec l’accord final trouvé, ne manque plus que la signature de ce cher señor Lim. Elle devrait être apposée à Madrid d’ici quelques jours, juste avant la réception d’Elche. Une rencontre à Mestalla qui sera également l’occasion pour le public valencien de souhaiter, à l’aide d’un grand tifo, la bienvenue à l’homme providentiel – « Welcome » sera inscrit en grand dans les tribunes, l’homme ne parlant pas encore l’espagnol.
Jorge Mendes, forcément…
De Singapour, richissime et sauveur de la patrie ché, voici les traits connus de la personnalité de Peter Lim. Dans le monde du football, et plus généralement du sport et des affaires, il n’en est pourtant pas à son galop d’essai. Ainsi, celui qui s’offre le troisième rachat de club le plus onéreux de l’histoire (derrière ceux de Manchester United et de Liverpool) détient déjà 35 % des parts de l’écurie F1 McLaren. Niveau ballon rond, il a déjà fait partie de la nébuleuse de l’Atlético de Madrid et a été tout proche de s’offrir Middlesbrough. Ses grands amis dans le milieu ne sont autres que Cristiano Ronaldo et Jorge Mendes… Cette dernière amitié a déjà permis au club valencien de ramener cet été quelques poulains de Gestifute : Rodrigo, André Gomes, Filipe Augusto, João Cancelo… Et l’entraîneur, Nuno Espírito Santo, dont la carrière est également gérée par l’omnipotent agent portugais. Forcément, avec le carnet d’adresse de Mendes et le compte en banque estimé à 2 milliards d’euros de Lim, les supporters chés ont la banane, eux qui connaissent la crise depuis désormais dix ans.
Par Robin Delorme, en Espagne