- C3
- Gr. H
- Milan-Lille
Lille : Sven Botman, le dernier chevalier
Arrivé au LOSC dans l'anonymat l'été dernier, Sven Botman est devenu en quelques semaines un titulaire indiscutable pour Christophe Galtier et est l'une des plus grosses révélations du début de saison à son poste.
Attention, machine. Et drôle de phénomène. Cent quatre-vingt-treize centimètres de hauteur, un physique de troisième ligne, un regard à la Frank Abbandando : Sven Botman est un type qu’on n’a pas forcément envie d’emmerder. C’est aussi ce que raconte son début d’aventure en France : le défenseur néerlandais, arrivé au LOSC fin juillet pour remplacer Gabriel, parti définitivement exploser à Arsenal, est un mec qui ne laisse rien passer, qui tourne à une dizaine de ballons récupérés par match, six interceptions en moyenne par rencontre, qui n’a pas raté le moindre tacle lors des cinq dernières copies qu’il a eu à rendre et qui est le joueur qui a dégagé le plus de ballons en Ligue 1 depuis le début de saison. A-t-il des failles ? Peu. Il a même délivré sa première passe décisive lors de la victoire lilloise à Prague (1-4). Ainsi, celui qui a débarqué dans un relatif anonymat cet été dans le Nord n’aura eu besoin que de quelques semaines pour mettre tout le monde d’accord sur son cas. À Milan, où le LOSC se déplace jeudi soir avec un José Fonte touché à l’œil lors d’un contact avec Memphis Depay dimanche soir et incertain, c’est vers lui que les regards se tourneront principalement.
« C’est un joueur structuré »
Tout a été très vite. Botman y est évidemment pour beaucoup, lui qu’on avait vu arriver timidement début août à Luchin avec la simple envie de « se développer ». Puis, le Néerlandais a montré de belles choses face à Rennes lors de sa première sortie et a ensuite confirmé en grand, que ce soit à Prague, contre Lens, à Nice ou face à l’OL. Simple : au-delà de ses qualités dans le duel et de son sens de l’anticipation, Sven Botman est aussi un relanceur propre, qui n’est descendu qu’une fois cette saison en-dessous des 85% de passes réussies, qui n’a toujours pas raté le moindre dribble et qui n’hésite pas à jouer vers l’avant dès qu’il en a la possibilité. Début septembre, Christophe Galtier avait ainsi évoqué le cas de sa nouvelle recrue : « Sven a eu une intégration assez rapide. C’est un joueur structuré sur le plan mental et le fait d’avoir un joueur d’expérience comme José à ses côtés lui permet d’être guidé. En plus, il est très réceptif aux corrections que l’on peut apporter tout au long de la semaine. » À son poste, Botman est sans aucun doute la plus grosse révélation de ce début de saison de Ligue 1 en compagnie de Nayef Aguerd (Rennes).
Défenseur spécial
Avant de le voir débouler au LOSC, un doute existait, pourtant : Sven Botman n’avait qu’une saison professionnelle dans les chaussettes, à Heerenveen, où l’Ajax avait décidé de le prêter l’an passé et d’où il était quand même revenu avec une feuille de stats assez monstrueuse. Tellement monstrueuse qu’il a tapé dans l’œil de Luis Campos, qui a présenté son profil à Galtier au moment de choisir le remplaçant de Gabriel. Mais pourquoi l’Ajax l’a-t-il laissé partir aussi facilement ? Son ancien coéquipier en réserve à Amsterdam, Kaj Sierhuis, a donné une piste dans les colonnes de L’Équipe, il y a peu : « Il n’a jamais été considéré comme un crack, même s’il a passé les étapes les unes après les autres assez facilement. Il ne ressemble pas au prototype du défenseur formé par l’Ajax : pas très grand, très habile avec ses pieds, qui n’a pas peur de dribbler et peut jouer au milieu. Lui, il est plutôt grand, très bon défenseur, mais il a dû apprendre à ne pas avoir peur de jouer, à dribbler. C’est ce qui le rend encore plus spécial aujourd’hui. » Aujourd’hui, Botman semble savoir tout faire : créer comme arrêter les vagues. San Siro est un bel endroit pour valider ces promesses.
Par Maxime Brigand