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Lille-OM : le moment de Fonseca
Ce samedi soir (21h), Pierre-Mauroy sera plein comme un œuf pour le choc entre le LOSC et l'OM. Une ultime joute face à un gros morceau cette saison pour les Dogues dont le bilan, bien que séduisant dans le jeu, sera forcément décevant sans qualification en Coupe d’Europe. Et devrait déterminer le futur de Paulo Fonseca sur le banc lillois.
Le sprint final est un entonnoir d’où seuls les plus costauds s’extirpent en un seul morceau. Pour le LOSC, ces derniers mètres qui le séparent de l’arrivée le verront croiser le fer avec Nantes à domicile, qui se bat pour sa survie en Ligue 1, puis à Troyes lors de la dernière journée. Une formation auboise déjà condamnée, mais qui n’avait pas vraiment réussi aux Nordistes l’an passé. Mais avant, il y a l’OM, ce samedi, pour ce qui s’annonce comme l’une des affiches les plus excitantes de cette fin de saison. De par le classement, l’enjeu, mais aussi le jeu pratiqué par deux des plus belles équipes de cette cuvée 2022-2023. À l’aller, l’OM s’était imposé (2-1) le jour de la première titularisation de Lucas Chevalier, et avait amorcé malgré lui l’une des meilleures séries de Lille sous Fonseca (4 victoires lors des 5 matchs suivants, dont un derby face à Lens). Ce dernier virage à haute intensité de la saison le sera évidemment pour le club de la capitale des Flandres, mais aussi pour Fonseca.
Un bilan positif, et en fin de saison ?
La première saison dans l’Hexagone pour le technicien portugais est pour le moment une réussite à bien des égards, en témoigne sa nomination pour le titre d’entraîneur de l’année. Après une saison post-titre plus compliquée sous Jocelyn Gourvennec, Fonseca est parvenu à insuffler une nouvelle dynamique et à proposer un style offensif qui plaît au public lillois et plus globalement aux suiveurs réguliers de la Ligue 1. Sans Coupe d’Europe, son 4-2-3-1 énergivore a permis à pas mal de joueurs d’attirer la lumière sur eux ou de se refaire une santé. « Fonseca a amené une philosophie que le club n’avait plus ou perdue, je ne sais pas, estime Lucas Chevalier, l’une des révélations de la saison des Dogues. Je pense que le LOSC cette année est différent des autres équipes de par ce qu’il propose, que le LOSC procure du plaisir cette année, tout le monde dit qu’on est très attractif. Les performances ne suivent pas toujours, c’est vrai, mais je pense qu’il a amené sa patte, ce qui fait qu’on a une identité : on arrive à reconnaître le LOSC et son jeu. » Outre le gardien de but de 21 ans, qui a su saisir sa chance et énormément progressé en l’espace de quelques mois (nommé lui aussi aux trophées UNFP, tout comme Jonathan David), Rémy Cabella fait partie de ces profils qui ont embrassé les idées de jeu de l’ancienne tête pensante de la Roma. Si bien qu’à 33 ans, malgré un manque d’efficacité par moments, Cabella réalise l’une de ses meilleures saisons aussi bien sur le plan collectif que statistique (7 buts et 9 passes décisives en Ligue 1 cette saison). « Avec lui (Fonseca), j’ai simplifié mon jeu, confiait l’ancien Montpelliérain à La Voix du Nord. Si je fais une passe et que le joueur ne marque pas, je ne suis pas décisif… Le coach aime le jeu, c’est ce qu’il recherche, moi j’aime ça. »
Ils ont un métier à multiple casquettes, et les meilleurs d’entre eux sont nommés pour le Trophée UNFP du Meilleur Entraineur de @Ligue1UberEats :
P. FONSECA P. GASTIEN F. HAISE P. MONTANIER I. TUDOR#TropheesUNFP pic.twitter.com/knACKu2PYK
— Ligue 1 Uber Eats (@Ligue1UberEats) May 16, 2023
Côté pile du bilan de Fonseca, on peut apercevoir une philosophie basée sur la conservation du ballon et les projections offensives qui ont porté leurs fruits, même dans certaines périodes où certains vieux démons du LOSC se sont réveillés. Comme depuis le début de l’année civile 2023, où Lille a rarement pu compter sur sa défense type (Ismaily, Fonte, Djalo et Diakité) comme ce sera une nouvelle fois le cas face aux Marseillais avec les absences de Fonte, Djalo et Alexsandro. La conséquence d’un effectif également moins fourni que celui de ses concurrents directs, notamment aux postes de latéraux, ce qui avait poussé Fonseca à réclamer un joueur au mercato d’hiver qui n’est jamais arrivé. Côté face, le manque d’efficacité de sa formation ou de gestion des moments dans un match lors de grands rendez-vous (Lyon aller-retour, Rennes, Lens au retour, Paris au Parc…) couplé à des points bêtement perdus en route (Angers) ne permettent pas aux Dogues de regarder ses poursuivants se déchirer depuis une quatrième place qu’il avait les moyens de sécuriser. D’où cette fin de saison haletante pour la huitième équipe qui crée le plus grand nombre d’occasions en Europe, mais qui pointe à cinq points de la quatrième place française à trois matchs de la fin. Forcément frustrant.
Stop ou encore ?
Un constat loin d’être secondaire, puisque malgré leurs différends, Olivier Létang et Paulo Fonseca se sont toujours entendus sur une autre chose : une qualification européenne du LOSC en fin de saison. Dans nos colonnes fin janvier, Paulo Fonseca le rabâchait une nouvelle fois à nos oreilles : « On veut finir dans les places européennes. Au-delà de ça, le plaisir et la joie sont très difficiles à trouver pour un entraîneur, et ici, je me sens très bien. J’aime la ville, les gens, mes joueurs… Je ne sais pas de quoi l’avenir sera fait, mais aujourd’hui, je ne me vois qu’au LOSC. J’y suis très heureux et ma famille aussi. C’est tout ce qui compte. »
Inutile alors de préciser que le classement final du LOSC, ainsi que les moyens alloués à Paulo Fonseca l’an prochain pour faire mieux seront un atout pour le convaincre de rester au moins jusqu’au bout de son contrat qui court jusqu’en 2024. Tout simplement car selon nos informations, l’intérêt de West Ham, actuel finaliste de la Ligue Europa Conférence, est bel et bien réel, et des discussions devraient avoir lieu après la 38e journée entre le club anglais et le clan Fonseca. Après la fin du bal, lorsque le LOSC sera sûr de savoir s’il jouera aussi le jeudi soir l’an prochain ou pas.
Par Andrea Chazy, à Lille