- C3
- Gr. H
- Sparta Prague-Lille
Lille Europe : le train fantôme entre en gare
Entre le LOSC et l’Europe, l’histoire d’amour tourne au vinaigre depuis près de dix ans. Pourtant régulièrement performants en championnat, les Dogues ne cessent de se casser les dents sur le Vieux Continent, aussi bien en Ligue des champions qu’en Ligue Europa. Et si 2020 était enfin la bonne année pour que la flamme se rallume ?
Neuf ans et demi, c’est long. Et si vous ne vous souvenez certainement pas de ce que vous faisiez à l’hiver 2011, les supporters lillois, de leur côté, doivent probablement avoir pas mal de souvenirs encore en tête. C’est en effet à cette période que le LOSC a pour la dernière fois franchi les poules d’une compétition européenne. Opposés au PSV Eindhoven les 17 et 24 février exactement en 16es de finale de Ligue Europa, les Dogues s’inclinaient 5-3 sur l’ensemble des deux rencontres. Quelques mois plus tard, la bande d’Eden Hazard, Moussa Sow, Mickaël Landreau ou encore Gervinho offrait aux Nordistes un authentique doublé Coupe-Championnat. La construction du stade Pierre-Mauroy se terminait tranquillement, Rudi Garcia faisait encore office de coach performant et respecté, et Adil Rami était sans doute loin de se douter qu’il finirait consultant pour RMC… Bref, la vie était belle dans le nord de la France.
Passion quatrième place
Oui, mais depuis, si le parcours lillois est resté plus qu’honnête dans le championnat de France (le club a fini sept fois parmi les huit premiers du classement en neuf ans, dont une deuxième place et deux troisièmes places, N.D.L.R), la trajectoire européenne des Dogues ressemble quant à elle à un véritable chemin de croix. Qualifiée trois fois pour la Ligue des champions – y compris la saison passée –, la formation du Nord a dit adieu à la compétition presque aussi vite qu’elle l’avait découverte, terminant à chaque fois dernière de son groupe, derrière notamment le CSKA Moscou et Trabzonspor en 2011-2012, et même le BATE Borisov l’année suivante. Pas plus de réussite dans la petite Coupe d’Europe, que le club a jouée en 2014-2015, et qu’il a quittée en queue de peloton d’un groupe où figuraient Everton, Wolfsburg et Krasnodar.
Ce n’est pas tout, car le plus gros échec sur le Vieux Continent du club aujourd’hui présidé par Gérard Lopez restera celui subi à l’aube de la saison 2015-2016. Opposés à Qabala au troisième tour de qualification à la C3, les partenaires d’Éder et de Morgan Amalfitano avaient subi la loi des Azerbaïdjanais, se faisant mettre au tapis (2-1) sur la confrontation aller-retour. Les coachs ont beau s’être succédé (de René Girard à Christophe Galtier, en passant par Frédéric Antonetti) et les effectifs avoir tourné, l’évidence est pourtant là : non, l’Europe n’aime décidément pas le LOSC. Comme un signe, on a même l’impression que c’est désormais elle qui se refuse à l’actuel leader de Ligue 1 : alors que ce dernier était en bonne position la saison dernière pour gratter une place en C1, il a été stoppé dans son élan par l’arrêt du championnat, terminant à un tout petit point de Rennes et donc d’une qualification pour la coupe aux grandes oreilles.
Et si ce coup de grâce était en réalité un mal pour un bien ? En se lançant dans l’aventure de la petite Coupe d’Europe, le LOSC peut logiquement se permettre d’avoir des perspectives plus ambitieuses que s’il avait été déposé dans la grande. Encore plus avec la forme, le jeu, et l’ambition qu’il affiche depuis le début de saison, lui qui est pour l’instant le pensionnaire le plus séduisant du championnat. À l’aube de retrouver le Sparta Prague ce jeudi soir en Ligue Europa, il se dit en tout cas prêt à entrer dans sa compétition le couteau entre les dents : « J’ai hâte de démarrer cette campagne avec le LOSC, expliquait Renato Sanches cette semaine sur le site du club. L’équipe a beaucoup de potentiel et sera compétitive, quel que soit l’adversaire en face. C’est l’état d’esprit que nous devons avoir : être prêt le jour J, et ne rien lâcher. » Dans une année 2020 où rien de vraiment normal ne se passe sur la planète, c’est peut-être le moment où jamais pour Lille d’enfin forcer un destin européen qui lui échappe depuis trop longtemps.
Par Félix Barbé