- France
- Ligue
- 17e journée
- Bordeaux/Lille (1-0)
Lille et Enyeama craquent à Bordeaux
Après avoir produit de solides prestations jusque-là, le LOSC, fort d’une défense de fer, a fini par craquer sous les coups de boutoir bordelais, dimanche après-midi, à Chaban-Delmas (1-0). Un coup d’arrêt pour les hommes de René Girard, tombés sur onze Bordelais qui se sont battus comme des chiffonniers…
Bordeaux – Lille : 1-0But : Kjær (27e, csc) pour Bordeaux.
« J’ai deux/trois joueurs, je leur paye à bouffer s’ils marquent dimanche. » La citation de Francis Gillot a pris tout son sens quand Landry Nguemo a décoché une frappe au sol cadrée, à la 27e minute de jeu. Parce que la sphère, elle a fini au fond du but de Vincent Enyeama, via son poteau. C’est cruel, mais ainsi. Surtout qu’au final, c’est Simon Kjær qui a marqué… le but le plus médiatisé de cette première partie de saison. Pas moulu, le Danois, qui a brisé net la série d’invincibilité de son gardien de but en se trouvant sur la trajectoire. Consolation : il pourra manger en tête-à-tête avec J-Lo ; voire avec le Camerounais ! Bref, dans l’histoire, c’est Bordeaux qui a assuré, et Gaëtan Huard – présent sur le bord du terrain – qui s’est fait bisouter dans le cou tout partout…
Record accord
Bon, on ne va pas se mentir : le truc qui attirait le plus l’attention en ce dimanche aprem’ ensoleillé à Chaban-Delmas, c’était la présence dans le but lillois de Vincent Enyeama. Et de sa volonté de vouloir battre bientôt le record d’invincibilité de Gaëtan Huard, bien sûr. Avec 1034 minutes sans prendre de cageot, soit onze matchs consécutifs en L1, le Nigérian courait après les 1176 minutes de l’ancien Bordelais. À 141 minutes du Graal, donc. Avant le coup d’envoi, les matheux et statisticiens étaient contents. Les supporters des deux camps pleins d’espoir, parce que pour l’autre moitié d’entre eux, « Guégette » , il fait partie des vieux meubles, à Bordeaux. Le pacte, quoi. Après, il était vrai aussi que le LOSC, emmené par un tandem coach-capitaine Girard/Mavuba en mode couleurs locales, pouvait consolider sa deuxième place au classement. Et, en cas de victoire, revenir à une unité du PSG. Pour les Marine et Blanc, l’objectif, c’était de grappiller un peu plus, histoire de revenir – au moins – à hauteur de l’OM (5e). Sinon, Cheick Diabaté était cloué au lit. Mendes et Ruiz absents.
Pression et maîtrise collective
La pression. C’est celle du résultat et probablement d’autre chose, qui a permis aux Girondins de se battre comme des chiens enragés, d’entrée. Pourtant, face aux Dogues et au pitbull Balmont, c’était pas évident, à la base. Mais avec un pressing très haut, les joueurs de Francis Gillot ont fait la nique à ceux de René Girard. C’est donc l’arrière-garde lilloise qui a été mise rapido sous le fer à repasser. Parce qu’à l’image de Jussiê, Obraniak ou Maurice-Belay devant, qui ont gêné Basa, Kjær et consorts, Bordeaux avait décidé d’afficher un visage conquérant. Comme à Guingamp, mercredi (1-0). Et si Faubert s’amusait à distiller des « framptres » (comprendre un mix de « frappes » et de « centres » ), Jussiê faisait passer le frisson. Par une reprise devant le but (au-dessus, 5e), d’abord, puis par une attaque en règle dans les pieds d’Enyeama. Obraniak y allait également de son écot (37e et 40e), mais le portier adverse en sortait vainqueur. Bon, en revanche, c’est clair que sur la frappe ras-de-terre axiale de N’Guemo, déviée par Kjær, il ne pouvait rien faire (27e)… Finalement, seul Souaré donnait un peu d’espoir, mais son coup franc était trop enroulé (24e). C’était là quasiment la seule véritable occase du LOSC en première période. Voire du match. Plus forts dans l’impact, les Girondins ont bougé d’athlétiques Lillois. Plus solides, ils ont maîtrisé le cuir, tandis que les Ch’tis proposaient beaucoup trop de déchet technique dans les transmissions, pour pouvoir rivaliser.
Peu d’occases, mais de l’ambition
On n’en est pas bien sûr, mais il se pourrait que les murs du vestiaire lillois aient tremblé à la pause… Parce que le père Néné, il n’a probablement pas aimé les cadeaux faits en première période à son ancien club. Et malgré des changements, accompagnés d’un carton rouge pour Poundjé (58e), dès la reprise, on assistait au même genre de jeu de part et d’autre. À la différence près que les partenaires du fantomatique Kalou s’installaient plus haut, dans le camp aquitain. Sans oublier un autre changement notoire : la réorganisation tactique des locaux, réduits à dix… Bref. Un peu plus de possession de balle pour les Nordistes, un peu plus d’efforts compensatoires pour leurs vis-à-vis, et c’était une deuxième mi-temps rythmée qui sanctionnait les débats. Agréable à suivre, intéressant d’un point de vue stratégie de jeu, l’acte II confirmait entre autres la bonne tenue de la charnière Sané-Henrique, très présente sur l’homme, et bien encline à réduire les espaces. En face, hormis l’abnégation de Balmont et Mavuba, peu de situations dangereuses. En vrai, seul en coup franc digne des U12 de Sertic faisait patienter l’assistance… C’est dire. Pas glop tout ça. Des contacts, des tacles et un sauvetage de la tête sur sa propre ligne de but de N’Guemo (84e) ; c’est en résumé tout ce qu’il y a eu au cours des dernières minutes de jeu. Le constat de voir les Dogues laisser échapper une opportunité de mordre d’un peu plus près le short du PSG, également, puis celui de signaler la bonne forme du moment de Girondins de plus en plus ambitieux.
Bordeaux : Carrasso (cap) – Mariano, Henrique, Sané, Poundjé – Nguemo, Sertic, Faubert, Obraniak, Maurice-Belay – Jussiê (Saivet, 62e).
Lille : Enyeama – Béria, Kjær, Basa, Souaré – Balmont, Mavuba (cap), S. Kalou (Origi, 68e), I. Gueye – Roux (76e, S. Meité), Rodelin (M. Martin, 51e).
Par Laurent Brun, à Chaban-Delmas.