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Lille aux trésors
C'est indéniable, il se passe quelque chose à Lille depuis dix ans. Après le doublé en 2011, le LOSC a terminé sur le podium et a déjà géré avec doigté le départ d'Eden Hazard avant d'arriver dans un nouveau stade ultra-moderne. Et si les Nordistes étaient déjà devenus incontournables sur le territoire français ?
Comment vivre sans Eden Hazard ? C’est simple, en remplaçant le meilleur joueur de l’histoire du club par 50 000 mecs. 50 000 âmes qui rempliront le Grand Stade Lille Métropole à partir d’août prochain. Le diamant belge a pris la route de Londres, de sa livre, de sa ferveur et de la Premier League, pendant que le LOSC enquillait tout droit sur sa nouvelle adresse : « Borne de l’espoir » , quartier de l’Hôtel de Ville, à Villeneuve-d’Ascq. C’est là où les choses se passeront dorénavant, parce que le LOSC s’est offert son nouveau stade. Enfin, serait-on tenté de dire, après huit années à végéter comme des cabochards au Stadium Lille Métropole de Villeneuve-d’Ascq. Une nouvelle adresse, un nouveau logo (plus épuré, plus crédible, aussi), on a chiadé la forme durant l’été. Pour le fond, Lille a surtout recruté intelligemment pour compenser la perte de leur X-Factor. Et du lourd. Un maître à jouer nommé Marvin Martin pour 10 millions et le gros coup Salomon Kalou, en fin de contrat à Chelsea. Deux internationaux qui commencent à avoir de la bouteille.
À titre d’exemple, l’Ivoirien sort d’une récente victoire en finale de la Ligue des champions avec les Blues. « J’avais dit que j’essaierais d’attirer deux pointures pour remplacer Eden Hazard. Avec Marvin Martin et Salomon Kalou, on les a » , épluchait Michel Seydoux dans la presse il y a peu. Michel, un homme de parole. Dans l’esprit, ce Lille-là ressemble à l’OL de 1999, l’année où Jean-Michel Aulas s’était adjugé Sonny Anderson. Son premier gros coup. Le début de la décennie rhodanienne surtout. Bon, on ne parle pas encore d’hégémonie du côté des Nordistes, car la concurrence est sacrément couillue, notamment au niveau du porte-monnaie – n’est-ce pas, le PSG ? – mais les bases sont, elles, nettement plus solides que celles du copain lyonnais en son temps. Car, il ne faut pas l’oublier, Lille a déjà goûté aux plaisirs de la chair avec ce délicieux doublé en 2010. On le sait, les ouailles de Rudi Garcia savent gagner. Et avec la manière. En terminant sur le podium l’an dernier, les Nordistes ont montré qu’il ne s’agissait pas d’un coup sans lendemain. Ils ont franchi un palier. Fini les complexes. Place à l’ambition. Et ça passe par le recrutement.
Gouverner, c’est prévoir
Déjà l’été dernier, Seydoux s’était saigné pour arracher Dimitri Payet à Saint-Étienne. En janvier, c’est Nolan Roux qui a coûté son paquet de blé. Les deux hommes incarnent l’avenir du club formateur de Djezon Boutoille. Ils ont eu leur période de rodage, maintenant, ils vont carburer. C’est écrit. D’autant que le duo répond à un critère fondamental aux yeux de l’entraîneur Rudi Garcia : la polyvalence au sein d’un 4-3-3 rodé et efficace. C’est sur cette base que Kalou s’est d’ailleurs engagé. « C’est un joueur percutant balle au pied, qui peut jouer aux trois postes de l’attaque et qui sait être décisif. Je compte bien l’utiliser devant et sur les côtés » , a déclaré Garcia lors de l’arrivée de l’Ivoirien. Même Nolan Roux s’est senti tout chose en apprenant la venue du petit reuf de Bonaventure : « L’arrivée de Salomon Kalou est vraiment une bonne chose pour le LOSC. C’est un grand joueur, international ivoirien, qui vient de remporter la Champions League. Il arrive de Chelsea, je pense qu’on ne peut que s’en réjouir. » Parce qu’avec Payet, Roux et Kalou, l’attaque du LOSC peut foutre le bordel partout en France. Sans parler du pivot De Melo et de Marvin Martin, venu compléter un milieu de terrain déjà très costaud (Mavuba, Balmont, Pedretti, Gueye). Certes, tout n’est pas idyllique et les questions sont nombreuses : que vaut vraiment Kalou après cinq saisons moyennes à Chelsea ? Quel est le réel niveau de Martin ? Nolan Roux est-il capable de planter plus de dix buts en Ligue 1 sur une saison ? Après tout, un club sans question est un club qui stagne.
Tout l’inverse de Lille qui a tout compris avant les autres. De son centre d’entraînement ultra moderne à sa politique de formation (Lucas Digne en est l’exemple le plus récent) en passant par cette continuité chronique (trois entraîneurs en dix piges), le club progresse. Dans tous les domaines. Et les premières jalousies se font sentir. Il suffit d’éplucher les déclarations de Michel Seydoux sur le mercato lilllois pour comprendre que le LOSC est attendu : « On n’a pas les moyens. Et puis maintenant qu’on a recruté Salomon, les autres pistes s’éteignent naturellement. On va plutôt essayer de trouver des jeunes talents qui pourraient finir leur apprentissage chez nous pour être performants ces prochaines années. Ryan Mendes ? Quand le LOSC arrive, maintenant, les prix augmentent. Il nous intéresse, mais on le paiera au prix du marché. » La rançon de la gloire, diront les plus optimistes. Au final, en dix ans, Lille n’est-il pas devenu un modèle à la française ? Un club sain, compétitif, sexy et attirant, réussissant là où tout le monde s’est planté. Lyon n’avait pas su fédérer de par la personnalité de Jean-Michel Aulas, l’OM de Deschamps était ennuyeux et le PSG de QSI trop riche. Dès lors, le modèle lillois pourrait être celui qui convient le mieux aux mœurs hexagonales. Comme quoi, la vie sans Eden Hazard n’est pas si difficile. Il suffit de s’adapter. De la polyvalence. Encore une fois.
Mathieu Faure