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Lille à l’ombre de l’affaire Thauvin
Au LOSC, il y a l'affaire Thauvin qui agite l'été. Mais il y a aussi un honnête début de saison dont on ne parle pas, ou très peu. Normal, après avoir connu les sommets puis la chute, le club redémarre de zéro. Dans la plus grande discrétion.
Avouons-le, René Girard et le LOSC, c’est ce couple inattendu auquel on n’arrive jamais trop à croire lorsqu’on apprend la nouvelle. D’un côté, un club très anglo-saxon dans sa façon de faire, de communiquer, de se construire patiemment depuis une dizaine d’années avec le titre de 2011 en point culminant. Pas un club lisse, non, mais un club où la communication est maîtrisée, les mots choisis avec précaution. De l’autre, un homme dont l’image est rattachée à ses années montpelliéraines, sa communication « méditerranéenne » , branchée sur ses humeurs et celles de son président Loulou. À Montpellier, les deux faisaient la paire, distillaient, branchaient et amusaient. D’ailleurs, si les réactions des supporters paraissaient mitigées au moment de la signature, ils semblent aujourd’hui s’être fait à l’idée. René Girard reste dans les clous en ce début de saison et le LOSC, l’habitué des départs compliqués, vient d’aligner cinq victoires en amical et deux victoires lors des trois premières journées. Alors que les commentateurs en tout genre sont trop occupés à disséquer les débuts de saison parisien, marseillais, monégasque ou encore le yo-yo lyonnais, Lille retrouve l’anonymat et le moral après une saison très compliquée qui aura vu un cycle s’achever. Le cycle des promesses.
Alors, oui, il est loin le temps où le LOSC alignait le trio Hazard/Sow/Gervinho, où le PSG était encore la propriété de Colony Capital et où il était question de régner sur l’Hexagone pour prendre la succession d’un Lyon déclinant. Mais en interne, plutôt que de regretter ces années fastes, on est surtout content d’avoir limité l’ampleur de la chute, à en croire Frédéric Paquet, directeur général du club : « Dans l’ensemble, on s’en est plutôt bien sorti. On a fait deux-trois erreurs, mais comme on n’avait pas de contrat de très longue durée après la fin du cycle, on a pu amenuiser les risques et vite repartir avec une nouvelle équipe. On a vécu une fin de cycle normale » , explique-t-il, en réfutant l’idée que le club s’est trompé après le titre : « Pour pouvoir se maintenir à un très haut niveau aujourd’hui, il faut être capable de remplacer Eden Hazard par Eden Hazard, or 98% des clubs en Europe n’ont pas les moyens de le faire. L’histoire des joueurs qui rencontrent des difficultés à remplacer des joueurs champions et ont du mal à assumer un titre qui n’est pas le leur est une histoire bien connue » . Difficile de lui donner tort, alors pour définitivement tourner la page et assurer la pérennité du club, le LOSC a beaucoup vendu cet été (Chedjou, Digne et Payet pour 30 millions d’euros) et très peu acheté.
4-4-2 losange, bloc bas
Lille aborde donc cette saison sans pression, sans effet d’annonce et avec la gueule de l’équipe qui peut surprendre, libérée de la Ligue des champions et donc libérée de ses névroses des saisons précédentes. René Girard a transformé le 4-3-3 en 4-4-2 avec un milieu en losange et ramené en même temps l’ambition esthétique de Rudi Garcia à une ambition plus terre à terre : gagner des matchs et relancer des joueurs en difficulté comme Marvin Martin, porté disparu depuis son arrivée dans le Nord. Une escouade éclectique faite donc de joueurs revanchards (Martin, Kalou, Enyeama), de membres de l’équipe historique (Béria, Balmont, Mavuba) et de quelques jeunes (Souaré, Gueye, Rodelin) avec la charnière centrale très internationale Basa-Kjær. Lors des premiers matchs, le bloc a joué bas et beaucoup cherché Kalou dans la profondeur. Vous l’aurez compris, Lille réapprend à jouer comme une petite équipe après avoir fait école sous les ordres de Rudi Garcia. L’équipe n’a pas encore brillé et ne brillera sans doute pas cette saison. Mais elle engrangera des points, souvent sur le plus petit des écarts comme contre Lorient ou Saint-Étienne. La marque de fabrique d’une équipe qui sera avant tout solide. Avec ou sans Thauvin.
par Antoine Mestres