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Ligue internationalisée, équipe nationale pénalisée ?

Par Nicolas Jucha et Nicolas Kssis-Martov
Ligue internationalisée, équipe nationale pénalisée ?

Le 22 septembre 2014, la Professionnal Footballeurs Association a officiellement réclamé l'instauration de quotas pro-Anglais en Premier League. Raisons officielles ? Le déclin de l'équipe nationale et l'absence d'opportunités pour les jeunes formés au pays. L'internationalisation du football de club tue-t-elle le football de sélection ? La réponse par les chiffres.

Un championnat qui ne fait pas la part belle aux joueurs locaux est-il par nature nuisible à son équipe nationale ? Le débat – relancé par l’association des joueurs anglais le 22 septembre – est, dans les faits, ouvert depuis plus d’une décennie de l’autre côté de la Manche. Il faut bien avouer que les chiffres parlent pour les footeux anglais : sur la saison 2013-2014, seuls 211 Anglais ont joué en Premier League, soit un peu moins de 34% de l’ensemble des footballeurs impliqués (628). Et au Mondial ? Les Three Lions ont disparu dès le premier tour, condamnés dès leur second match, avec une équipe hétérogène de stars en fin de course (Gerrard, Lampard) associées à des jeunes encore un peu tendres à ce niveau (Jones, Shaw, Oxlade-Chamberlain, Sterling, Welbeck…). Quant aux joueurs « intermédiaires » censés être en pleine force de l’âge tels Rooney, Sturridge ou Hart, ils n’ont pas sublimé leur sélection. Philippe Piat, président de l’UNFP et de la FIFpro, est persuadé de l’existence d’une corrélation : « C’est vrai que les compétitions les plus importantes, la Coupe du monde, le Championnat d’Europe, sont tronquées par la présence trop importante d’étrangers dans certains championnats. Les pays qui ont trop importé de joueurs n’ont pas de résultats probants. Les joueurs nationaux n’ayant pas de places pour jouer, l’équipe nationale est forcément affaiblie. Ne serait-ce que pour ça, on ne peut que compatir à la situation anglaise. »

Premier League, Serie A et Liga Sagres, boulets de leur sélection ?

Pour appuyer cette théorie, rien de plus facile que de pointer du doigt la performance de la Squadra Azzurra, elle aussi sortie dès le premier tour, et pour laquellet la Serie A affichait un ratio de seulement 49% d’Italiens en Serie A en 2013-2014. On peut aussi évoquer le cas du Portugal, humilié par l’Allemagne alors que sa Liga Sagres ne fait jouer que 48% de sélectionnables. Pendant ce temps, les sélections sud-américaines présentes en quarts de finale, l’Argentine, le Brésil et la Colombie, affichaient des ratios de nationaux supérieurs à 90% dans leurs championnats nationaux respectifs… Il est clair que la présence massive en première division de joueurs nationaux favorise l’éclosion de plus de talents, ceux-ci ayant l’opportunité d’acquérir expérience et visibilité, quand ils ne partent pas l’acquérir à l’étranger. Cependant, le protectionnisme dans le football n’est pas forcément une condition sine qua non du succès de l’équipe nationale.

Pour se contenter du laboratoire du Mondial 2014, la J-League et ses 85% de Japonais n’ont pu empêcher le fiasco de la bande à Alberto Zaccheroni, tandis que la Belgique est redevenue une place respectable du foot mondial quand sa Jupiler League se contente de 50% de joueurs belges. Arrêt Bosman oblige, la préférence nationale dans les championnats européens n’est d’ailleurs plus qu’un lointain souvenir, les championnats dépassant les 60%, comme la Ligue 1, la Liga espagnole ou l’Eredivisie faisant office de poches de résistance. Même l’Allemagne, pourtant brillante championne du monde, ne comptait que 54% d’Allemands dans son championnat la saison passée. Au final, la véritable différence au niveau européen reste la présence de nationaux dans les meilleurs clubs : avec le Real Madrid et le Barça d’un côté, le Bayern Munich et le Borussia Dortmund de l’autre, les deux derniers champions du monde ont pu s’appuyer sur des vraies ossatures. Les chiffres : sept champions du monde 2014 issus du Bayern Munich, quatre du côté du Borussia Dortmund, qui auraient pu être un de plus sans la vilaine blessure de Marco Reus.

La préférence nationale, une douce utopie ?

À la lumière du contre-exemple de la Bundesliga, qui continue de former des jeunes Allemands talentueux – comme le prouve la victoire à l’Euro U19 – les revendications de la PFA et de son président Gordon Taylor s’apparentent plus à un réflexe naturel, comme le confirme Philippe Piat : « La position normale des joueurs de foot, c’est que des quotas existent pour les fédérations, les sélections. Si la demande anglaise, à savoir quatre joueurs nationaux minimum par match de championnat, venait à se mettre en place, nous y serions favorables. » De là à dire que l’UNFP demandera bientôt l’instauration de quotas de joueurs français en Ligue 1… Philippe Piat s’interdit de le franchir par réalisme : « C’est contraire au droit européen. Pour avoir participé à beaucoup de réunions à la Commission européenne, je vois mal l’un des fondements de la constitution européenne – celui de la libre circulation des personnes et des biens – être entravé par la mise en place de quotas. »

Pour le président de l’UNFP et de la FIFpro, laisser le monde du football réguler la circulation des joueurs en fonction de leur nationalité ne ferait qu’enclencher un mécanisme beaucoup plus grand : « On ne peut pas dire qu’il existe une profession – en l’occurrence footballeur – où il faut établir des quotas. Si on le fait pour les footballeurs, même si c’est légitime, il faudra le faire pour l’ensemble des travailleurs. » Si l’Angleterre veut que ses jeunes évoluent plus nombreux en Premier League, il va donc falloir – à défaut de pouvoir changer les règles – changer les mentalités ou alors trouver les autres sources du problème. Et Philippe Piat de conclure : « On dit souvent que l’herbe est plus verte ailleurs. En France, le système des transferts est fait de telle manière qu’il ne permet pas vraiment de s’enrichir. Dans les autres pays, c’est différent, il y a des pressions car pour certains intermédiaires, c’est plus avantageux de réaliser un transfert avec un joueur étranger qu’avec un joueur national. »

Les notes du derby OL-ASSE

Par Nicolas Jucha et Nicolas Kssis-Martov

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