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Veretout, leader à tout faire
L’OM joue pour une place en demi-finales de Ligue Europa, ce jeudi, contre Benfica. Il pourra compter sur l’apport de Jordan Veretout, son homme à tout faire discret, mais précieux.
C’est un geste devenu classique dans cette saison de l’Olympique de Marseille : Pierre-Emerick Aubameyang exécute un salto, Jordan Veretout arrive parmi les premiers pour l’enlacer. Comme le symbole du duo le plus fiable de l’effectif olympien, chargé d’enquiller les buts pour l’un et de faire le ménage au milieu de terrain pour l’autre. C’est justement sur Jordan Veretout que zoome la focale. Le milieu de terrain est devenu un indispensable rouage d’une machine marseillaise souvent enrayée, s’affirmant dans le même temps en leader technique. Tantôt à la relance, tantôt à la passe dans l’axe, Veretout a donc adopté la panoplie du vieux briscard, forcé de sauver les meubles de cet OM en quête d’assurance.
Se réinventer sans Rongier
Le premier élément du renouveau de l’ancien de la Roma ? L’absence de Valentin Rongier. L’un n’allait jamais sans l’autre, mais la longue blessure de son compère, victime d’une fracture de la rotule en novembre, lui a naturellement permis d’étoffer ses responsabilités. Placé en milieu relayeur à l’arrivée de Marcelino, Veretout s’est progressivement retrouvé à grimper sur la pelouse, au point, aujourd’hui, d’occuper une position de quasi-meneur de jeu, apportant le surnombre devant. « Avec la blessure de Valentin, Jordan se retrouve à assumer un dépassement de fonction obligatoire, analyse Chaker Alhadhur, ancien coéquipier de Veretout au FC Nantes. Et c’est un mal pour un bien le concernant, car ça lui permet d’étaler un peu plus sa palette offensive, chose qu’il ne peut évidemment pas faire lorsqu’il a un autre relayeur à ses côtés. »
Une facilité de projection favorisée par la qualité technique de l’intéressé, mais également par l’abattage défensif de Geoffrey Kondogbia. Le Centrafricain s’offre le « sale boulot », en laissant le champ d’expression nécessaire à l’international français. En chiffres, cela se traduit par l’implication de Veretout dans les buts marseillais. Depuis le début de saison, 10 de ses actions déclenchées vers l’avant ont ainsi fini en but, au même titre que 9 de ses passes clés (passes qui lancent le passeur décisif ou permettent de casser une ligne défensive). Des statistiques flatteuses pour un numéro 8.
L’équilibre idéal entre défense et attaque
Ce jeu vertical, Jordan Veretout en a donc fait une arme cette saison. Par volonté offensive, mais aussi obligation de résultats. « Le jeu passe quasi exclusivement par lui. Il doit donc à la fois décrocher pour servir d’appui à son défenseur, puis casser une ligne pour ouvrir le jeu à ses coéquipiers, détaille de son côté Bruno Baronchelli, adjoint de Landry Chauvin et Michel Der Zakarian lors de sa période nantaise. C’est épuisant, mais lui dispose du coffre nécessaire. » La faute à des changements de système récurrents (sept dispositifs tactiques différents utilisés par Marcelino, Gennaro Gattuso, Jacques Abardonado, et Jean-Louis Gasset) et au rendement parfois insuffisant des autres membres du milieu, Amine Harit et Azzedine Ounahi en tête.
Dans ce contexte, il peut donc sembler « plus aisé » pour Veretout de se mettre en avant, fort d’une constance dont certains coéquipiers pâtissent. « Si je devais définir Jordan en un mot, ce serait : fiabilité, pose Baronchelli. C’est le type de joueurs qui ne met pas deux plombes à comprendre une consigne. C’est un leader tactique. Un joueur qui ne va pas vous sortir dix dribbles par match, mais qui va rassurer ses coéquipiers par sa présence au bon endroit. Vous savez, il n’y a pas besoin de gueuler contre l’arbitre pour que vos coéquipiers vous respectent. Utiliser sa tête suffit largement. »
Un joueur de devoir donc, mais pas de l’ombre, comme le crie tant bien que mal Chaker Alhadhur : « Ce qui est frustrant avec des joueurs comme Jordan, c’est qu’ils font tout bien, sont les maillons essentiels d’une équipe, mais personne ne les voit. Si le mec ne te met pas deux petits ponts et une frappe en lucarne à chaque match, ses prestations ne sont pas mises en avant. C’est pour cela que je suis content de voir Jordan s’affirmer offensivement comme il le fait actuellement à l’OM. Cela permet au grand public, qui n’a pas forcément un regard pointu sur 90 minutes, de comprendre que si Marseille marque beaucoup, c’est grâce au travail d’un Veretout. » Pour se faire une idée de cette influence, il suffit d’ailleurs d’observer une statistique qui, si elle ne constitue évidemment pas une vérité absolue, traduit le rôle joué par Veretout dans les résultats positifs de Marseille. Quand il est sur le terrain, les Phocéens pointent à 45% de victoires toutes compétitions confondues ; sans lui, cela chute à 33%.
« C’est le garant de l’équilibre attaque défense. Et c’est franchement impressionnant. Ce que je veux le voir faire maintenant, c’est tenter beaucoup plus sa chance. Il est parfois trop “poli” devant les cages. Il a une très bonne frappe et peut vraiment marquer une dizaine de buts par saison », conseille Alhadhur. Même constat du côté de Bruno Baronchelli : « Jordan est ultra-complet, le petit bonus serait donc qu’il s’offre quelques stats sur le CV, et il en a largement la capacité. Quand on est titulaire sous José Mourinho, Stefano Pioli, à l’OM, et qu’on est un membre régulier de la rotation de Didier Deschamps, c’est qu’on a quand même quelques qualités, non ? » À l’OM de continuer d’en profiter. Dès ce jeudi face à Benfica, si possible.
Par Adel Bentaha
Tous propos recueillis par AB.