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Renard et les Bleues : maux croisés

Par Adrien Hémard-Dohain
4 minutes

Battues en finale de Ligue des nations par les championnes du monde espagnoles, les Bleues ont affiché des lacunes inquiétantes. À cinq mois des Jeux olympiques, Hervé Renard a du pain sur la planche, alors que les progrès tardent à se faire sentir.

Seville, Spainen, 28.02.2024: Herve Renard, head coach of France schaut waehrend des Spiels der UEFA Women's Nations League 2024 Final zwischen Spain vs France im La Cartuja Stadion am 28. February 2024 in Seville, Spainen. (Foto von Manu Reino/DeFodi Images)  Seville, Spain, 28.02.2024: Herve Renard, head coach of France looks on during the UEFA Women's Nations League 2024 Final match between Spain vs France at the La Cartuja Stadium on February 28, 2024 in Seville, Spain. (Photo by Manu Reino/DeFodi Images)   - Photo by Icon Sport
Seville, Spainen, 28.02.2024: Herve Renard, head coach of France schaut waehrend des Spiels der UEFA Women's Nations League 2024 Final zwischen Spain vs France im La Cartuja Stadion am 28. February 2024 in Seville, Spainen. (Foto von Manu Reino/DeFodi Images) Seville, Spain, 28.02.2024: Herve Renard, head coach of France looks on during the UEFA Women's Nations League 2024 Final match between Spain vs France at the La Cartuja Stadium on February 28, 2024 in Seville, Spain. (Photo by Manu Reino/DeFodi Images) - Photo by Icon Sport

Pour elles aussi, Séville restera un mauvais souvenir. Balayée par l’Espagne en finale de Ligue des nations, ce mercredi au stade de la Cartuja, l’équipe de France d’Hervé Renard n’en gardera toutefois pas un traumatisme à la hauteur des Bleus de Platini à Sánchez Pizjuán, lors du Mundial 1982. Et pour cause : face aux championnes du monde, les Françaises n’ont aucun regret à avoir, puisqu’elles n’ont tout simplement pas existé. Surclassées dans tous les compartiments du jeu, les joueuses d’Hervé Renard ont affiché des lacunes inquiétantes à cinq mois du rendez-vous de leur vie aux Jeux olympiques de Paris. Onze mois après son arrivée, celui qui était prêt à voler au secours de la Côte d’Ivoire récemment n’a toujours pas posé sa patte sur un groupe qui continue de se chercher.

Le pire du milieu

À l’issue de la démonstration espagnole, Renard a d’ailleurs reconnu « l’écart à combler » comparé à cette « équipe qui survole le foot mondial et qui sera encore celle à battre en août ». À l’heure d’analyser la débâcle tricolore, le sélectionneur a sorti son grand classique : « Le football est simple : il faut y mettre de l’agressivité quand on n’a pas le ballon. » Avant de reconnaître que son système à deux milieux (Grace Geyoro et Amandine Henry) derrière quatre offensifs avait pris l’eau face au pressing espagnol : « Elles nous ont imposé une pression importante et on a eu du mal à répondre, on s’est retrouvées très rapidement asphyxiées. » Pour se dédouaner, le double champion d’Afrique s’est même laissé aller à une comparaison. « J’ai affronté l’Espagne à la Coupe du monde 2018 avec le Maroc, contre un milieu Iniesta, Isco, Busquets, a-t-il développé. J’avais l’impression que je voyais la même chose ce soir. »

J’avais l’impression que je voyais Iniesta, Isco et Busquets au milieu ce soir.

Hervé Renard, métaphorique

À l’écouter, c’est donc avant tout la supériorité de l’Espagne qui explique le résultat. Ce qui n’est pas faux, mais ce qui éclipse aussi les nombreuses failles tricolores, béantes. Ne serait-ce que la faillite technique collective d’une équipe de France qui a raté toutes ses relances, n’a cadré aucune frappe et a rarement su enchaîner plus de trois passes. « On a joué en 4-4-2, il y avait forcément plus d’espaces pour elles au milieu. On a essayé de faire les efforts avec Amandine, les excentrées ont resserré aussi. Mais c’est leur point fort, elles sont techniques, elles saisissent la moindre faille, justifiait Grace Geyoro après la rencontre, frustrée par un rôle trop défensif pour elle. On était à deux six à plat, pour se projeter, on part de beaucoup plus loin. Ce n’était pas évident de trouver Eugénie et Kadi qui ont été aussi bien serrées. À chaque fois qu’elles essayaient de décrocher, il y avait une Espagnole derrière. »

Les chantiers de Renard

Dans ce contexte, les Bleues ont aussi pêché physiquement, trop souvent battues dans les duels, à l’exception d’une charnière Mbock-Lakrar qui a continué de marquer des points. « On n’a pas été assez bonnes dans le pressing, on ne les a pas assez mises en difficulté sur ce domaine-là. On aurait pu mettre plus d’impact dans les duels pour récupérer plus de ballons et les mettre en difficulté », regrettait Eugénie Le Sommer dans les travées de la Cartuja. Seule joueuse offensive en vue mercredi soir, la meilleure buteuse de l’histoire des Bleues ne pouvait pas faire un autre constat : « Elles nous ont fait courir et quand on a récupéré le ballon, on n’a pas fait les bons choix, on n’a pas eu le bon geste pour pouvoir avancer sur le terrain. […] C’est compliqué de gagner un match quand on a du mal à avancer sur le terrain. […] C’était compliqué d’avoir des ballons et, quand on les avait, de se trouver sur le terrain. On était loin les unes des autres. »

Positionnée en soutien de Marie-Antoinette Katoto – encore en manque de rythme –, Le Sommer s’est démenée, en vain. En témoigne le nombre de frappes pour les Bleues à la pause : zéro. Malgré un léger sursaut en seconde période, cela ne s’est jamais véritablement amélioré avec un quatuor offensif invisible, comme l’avait justement noté Montse Tomé avant la rencontre. Avec 9 buts inscrits sur la phase de groupes de cette Ligue des nations, la France était la plus faible attaque du Final 4. Le problème ne date donc pas d’hier, mais Renard ne semble pas inspiré pour y remédier. « Pour changer, il faut trouver la solution qui soit meilleure. Il est toujours facile de dire que si on avait fait jouer untel, ça aurait été mieux », a simplement lâché le sélectionneur, qui n’a pas encore trouvé la formule pour gagner ni pour rendre cette équipe de France conquérante et attrayante. À cinq mois des JO, les chantiers sont donc nombreux pour Renard, qui aura quatre matchs de qualification pour l’Euro (début avril et fin mai), avant d’entamer la préparation olympique début juillet. Pour les Bleues, le temps presse et la perspective de décrocher l’or à Paris semble un peu plus lointaine après l’échec de Séville.

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Par Adrien Hémard-Dohain

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