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Ligue des champions : une Superligue au quart de tour

Par Nicolas Kssis-Martov

Les quarts de finale de la Ligue des champions vont illuminer notre semaine, avec un Real-City, un classique PSG-Barça, Arsenal-Bayern ou le choc des rookies entre l’Atlético et Dortmund. Petite question subsidiaire : avec de telles affiches, a-t-on vraiment besoin de créer une Superligue ?

Ligue des champions : une Superligue au quart de tour

La Ligue des champions s’avère sans conteste la tête de gondole de l’UEFA, le mètre étalon des rapports de force sur le Vieux Continent. Les quarts de finale de l’édition 2023-2024, la dernière avec ce format, ne déçoivent pas, du moins au regard du casting. Une série de confrontations haut de gamme, suffisamment excitantes pour inciter le quidam amateur de ballon rond à s’acquitter de son abonnement ou à casser sa tirelire pour assister en tribune à ces chocs des titans. Même si son club et son pays (quatre seulement sont concernés) ne sont plus de la partie.

La Superligue, une menace sous une nouvelle forme

Ces quarts de finale fournissent surtout un tableau assez précis de l’état des puissances qui se disputent le trophée, ainsi que de la prévalence des championnats dont sont issus les prétendants (sauf peut-être la Ligue 1 et son PSG surdimensionné). Une observation qui aujourd’hui s’affine à l’ombre de la menace de la Superligue. Cette dernière a évolué. Tout d’abord avec la décision de la Cour de justice de l’Union européenne qui laisse une petite porte ouverte juridique (même si, par exemple, la Premier League du Brexit y est toujours réfractaire). La dernière mouture annoncée se voulait même légèrement davantage inclusive, avec des ersatz de divisions, afin de répondre à la frustration des petites nations, et aux accusations de sécession d’une élite égoïste d’ultra-riches. Enfin, le déplacement en semaine semblait indiquer la volonté de ménager les championnats locaux, et les États qui veillent sur eux.

Sauf qu’il apparaît de plus en plus que ce bel assemblage viendrait surtout alourdir un calendrier bien chargé, sans apporter finalement de véritable plus-value, sauf financière (et qui reste aléatoire), avec ce que propose déjà la C1. Le petit cercle des clubs qui accèdent quasi systématiquement à l’étage des phases éliminatoires en suggère une version bêta bien installée. Il suffit de regarder les derniers exercices pour en mesurer le périmètre, et les logos à l’intérieur, sauf quelques exceptions bienvenues afin de caresser sans risque la nostalgie du foot romantique (coucou l’Ajax Amsterdam). Pour les autres, rendez-vous en Ligue Europa ou en Conférence, pour le plus grand bonheur des « autres » clubs espagnols ou anglais.

La Ligue des champions, une alternative qui n’en est plus une

L’UEFA a donc réformé, une fois encore, son principal produit d’appel. Trente-six équipes (contre trente-deux) s’affronteront dans une mini-précompétition, où elles disputeront huit matchs (petit cadeau en matière de droits télé et billetterie). La France y gagne ainsi une place, voire deux. Judicieuse idée qui permet de proposer une alternative immédiate à la Superligue, et d’accroître le nombre de surprises indispensables au storytelling sportif (Lens qui bat Arsenal, Brest qui ferait tomber un autre mastodonte, etc.), tout en garantissant néanmoins, à l’instar des années précédentes, de se retrouver en bonne compagnie, sans risque d’accident industriel, dès les huitièmes (ou au pire les barrages). Pour enfoncer le clou, l’UEFA va également augmenter l’enveloppe redistribuée aux heureux élus (400 millions d’euros de plus, soit 2,467 milliards d’euros). Les seconds couteaux se contenteront toujours des miettes, soit 565 millions d’euros en C3 et 285 millions d’euros en C4.

Pour enfoncer le clou, l’UEFA va également augmenter l’enveloppe redistribuée aux heureux élus (400 millions d’euros de plus, soit 2,467 milliards d’euros).

Face à ce cynisme qui n’ose dire sa vérité, les partisans de la Superligue peuvent toujours arguer de la sincérité de leur démarche qui ne se réfugie pas derrière des alibis historiques ou institutionnels. De ce point de vue, ils ont pourtant perdu la bataille culturelle et de la communication. Il leur reste pour consolation l’idée que, mardi ou mercredi, leur prédiction se sera déjà en grande partie réalisée. Florentino Pérez pourra s’amuser à gommer le logo UEFA en bas de l’affiche pour presque s’y croire.

Quels clubs envoient le plus de joueurs à l’Euro 2024 ?

Par Nicolas Kssis-Martov

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