- C1
- J4
- LOSC-Juventus
Timothy Weah, infidèle au poste
Recruté par la Juventus à l’été 2023 en tant que latéral, Timothy Weah (24 ans) retrouve le LOSC et son antre de Pierre-Mauroy ce mardi soir (21h) dans la peau d’un ailier offensif qu’il était lors de ses premières années lilloises. Un repositionnement voulu par son nouvel entraîneur Thiago Motta, désireux de réveiller en lui ce rôle de dynamiteur des défenses qui colle à la peau du fils de George depuis le berceau... Pour enfin devenir incontournable au plus haut niveau ?
Auteur de deux buts lors des trois derniers matchs de Serie A, Timothy Weah est l’homme en forme du début d’automne côté Juventus : et il faut bien l’admettre, peu de suiveurs bianconeri auraient pu prédire pareil scénario au mois de juillet dernier, lorsque son international américain était rentré la tête basse d’une Copa América à domicile complètement ratée par la Team USA, sortie dès la phase de poules et au cours de laquelle Weah aura vu rouge pour un vilain coup de sang face au Panama (1-2). Plus encore, c’est l’arrivée de Thiago Motta sur le banc turinois qui laissait présager un avenir incertain pour le joueur formé au Paris Saint-Germain, le nouveau technicien ne le plaçant pas sur la liste des joueurs « intransférables » lors du mercato estival et alimentant les rumeurs de transfert vers Lens ou Everton notamment. Pas poussé dehors mais pas particulièrement désiré, « Timmy » a dû batailler pour prouver son importance dans l’effectif turinois, comme il l’a toujours fait depuis ses débuts pros.
Pistonné par Paulo Fonseca
Sa première saison dans le Piémont avec 35 matchs disputés toutes compétitions confondues n’avait rien de ridicule, sans avoir de quoi convaincre pleinement les supporters de la Juve. Des blessures à répétition et une sérieuse irrégularité de performances qui n’auront pas surpris les fans du LOSC, où l’ancien Dogue aura soufflé le chaud et le froid pendant quatre saisons et 107 matchs, décrochant au passage le quatrième titre de champion de France de l’histoire du club au nez et à la barbe de son club formateur du PSG. Souvent considéré dans le Nord comme un joker offensif de luxe et barré par la concurrence successive d’Ikoné, Bamba, Luiz Araujo, Burak Yılmaz ou David, le New-Yorkais a toujours été important dans la rotation lilloise, sans pour autant s’imposer comme un vrai titulaire.
C’est toutefois lors de la saison 2022-2023 que la carrière du joueur va prendre une autre tournure, lorsque son entraîneur Paulo Fonseca le replace sur le flanc de la défense à la suite de nombreuses blessures côté Dogue. Un choix qui n’est pas totalement le fruit du hasard, comme le racontait l’intéressé dans les colonnes de The Athletic la semaine dernière : « Je blaguais toujours à l’entraînement sur ça. Vous savez, si vous avez besoin de quelqu’un pour jouer derrière, vous savez sur qui compter ! » Une prise d’initiative appréciée et récompensée par de très belles prestations sur le flanc droit de la défense nordiste, jusqu’au point de faire de lui un titulaire en puissance. Des performances répétées qui conduiront les scouts de la Juve à flairer le bon coup, et Massimiliano Allegri, alors entraîneur, à convaincre le président Agnelli de sortir le chéquier et de débourser autour de 11 millions d’euros pour s’attacher ses services. C’est donc au cœur d’un 3-5-2 et dans un rôle de piston droit que Tim Weah vit sa première saison chez la Vieille Dame, capable de coups d’éclat comme lors de son premier match amical face au Real Madrid (victoire 3-1) où il est élu MVP, comme de longues traversées du désert au cours d’une année en dents de scie.
De plus en plus décisif en Serie A
Le licenciement d’Allegri et l’intronisation l’été dernier de Thiago Motta, plus adepte d’un 4-2-3-1 qu’il avait déjà expérimenté avec succès du côté du Genoa et de Bologne, n’avait donc rien d’une bonne nouvelle pour TW22, jugé moins sûr défensivement qu’Andrea Cambiaso, chouchou du coach. Thiago Motta connaît néanmoins très bien Weah, qu’il a vu intégrer le groupe professionnel du PSG lors de ses derniers mois de joueur, à la fin de la saison 2017-2018. Disputant même deux matchs de Ligue 1 sous le même maillot, à Troyes (0-2) puis à Caen (0-0), le Motta sentinelle avait eu tout le loisir de découvrir les prémices du talent du jeune Weah, avant-centre de formation. Dans l’esprit du désormais entraîneur Motta, Timothy est un joueur offensif : malgré une énième blessure qui l’aura éloigné des terrains courant septembre, il est donc intégré à la rotation offensive des Bianconeri depuis le début de saison, où il doit faire face à une sérieuse concurrence, entre le talentueux néerlandais Koopmeiners, son BFF américain McKennie, l’autre fils de Conceição ou encore la pépite turque Yildiz (19 ans).
Une pluralité d’options pour Motta, qui n’hésite pas à titulariser chaque joueur en fonction de sa forme du moment. Et à ce jeu-là, c’est actuellement Timothy Weah qui tire son épingle du jeu : buteur en championnat face à l’Inter (4-4) puis face à Parme (2-2) trois jours plus tard, l’international américain enchaîne les bonnes performances et intègre régulièrement le 11 sans que personne ne trouve rien à y redire. Et alors qu’il a déjà dépassé son bilan statistique de l’an dernier (3 buts et 2 passes dé, contre 1 but et 2 passes), Motta ne pouvait que louer « son importance en phase de transition » la semaine dernière en conférence de presse. Sa polyvalence, qui a pourtant pu lui jouer des tours par le passé, fait aujourd’hui le bonheur de la Juve, qui raffole tant de sa vitesse que de ses retours défensifs, au pays où la structure défensive est reine.
Mister George valide la Juve
Parfaitement intégré dans le vestiaire italien, Timmy se sent bien à Turin, comme il le confiait toujours à The Athletic. Le club idéal pour passer un véritable cap dans sa progression ? C’est oui selon le paternel, qui n’a pas manqué d’affoler les médias transalpins la semaine dernière, à l’occasion de la cérémonie du Ballon d’or lorsque le lauréat 1995 déclarait « avoir toujours été un fan de la Vieille Dame » malgré son attachement naturel pour l’AC Milan. Fier du rejeton, George Weah ne pouvait que se féliciter de la forme actuelle de son fils, qu’il estime prêt à franchir un palier à la Juve et enfin trouver une certaine régularité. Une progression suivie avec attention par le nouveau sélectionneur américain Mauricio Pochettino, qui compte sur Timothy pour porter les USA vers le sacre mondial à domicile en 2026. Les supporters lillois, qui gardent Weah en estime pour bons et loyaux services rendus, croiseront toutefois les doigts ce soir pour que leur ex retrouve un peu d’irrégularité le temps d’une soirée.
Par François Goyet