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Ligue des champions : Rennes et la boucle de Séville

Par Clément Gavard, à Séville
5 minutes
Ligue des champions : Rennes et la boucle de Séville

Vingt mois après son succès sur la pelouse du Real Betis en Ligue Europa, le Stade rennais retrouve Séville pour y jouer l'autre club de la ville en Ligue des champions, ce mercredi soir. La capitale andalouse ne sera pas cette fois submergée par une vague rouge et noir, mais le club breton a l'occasion de poursuivre sa croissance en surprenant le FC Séville dans son antre.

Il n’y a pas eu besoin d’un jumelage entre Rennes et Séville pour tisser un lien entre les deux villes, le football s’en est parfaitement occupé. Depuis cette soirée de février 2019, date du succès rennais sur la pelouse du Real Betis, les suiveurs du club breton sont tombés amoureux de la capitale andalouse. D’abord pour son soleil, ses bars et le cadre de vie agréable, mais aussi pour le symbole de cette victoire déclic. Dans les têtes des quelque 3500 supporters présents à l’époque, il reste le souvenir impérissable de cette glissade de M’Baye Niang devant le parcage perché dans les hauteurs du stade Benito Villamarín après un troisième but synonyme de qualification pour un premier huitième de finale européen. « C’est vrai que c’est un bon souvenir, a glissé Julien Stéphan en visioconférence de presse quelques minutes après avoir retrouvé le sol sévillan mardi après-midi. On se souvient surtout d’un moment de partage très fort avec nos supporters, qui nous manquent en ce moment. On avait vécu une journée exceptionnelle avec eux. Mais maintenant, c’est un autre club, une autre compétition, une autre équipe, on ne peut pas faire plus de comparaisons. » Au menu cette fois : le FC Séville, l’autre club de la ville, et la Ligue des champions.

L’effervescence à distance

Dans la capitale andalouse, les commerçants n’ont pas oublié le passage festif de fans bretons assoiffés et ivres de bonheur, et quelques rares stickers à la gloire du club rennais sont toujours là pour le leur rappeler. Mais pour des retrouvailles chaleureuses, il faudra repasser. Pas de chants incessants dans le vol Transavia en direction de Séville, pas de marée rouge et noir dans les rues de la capitale andalouse et même un drôle de silence sur la place Catalina, où le bar du même nom, QG des supporters rennais le jour du match face au Betis, affiche fermé en raison de la crise sanitaire. Pour les points de repères, il reste le soleil réconfortant et les édifices monumentaux à l’image de la fameuse Giralda. Et c’est tout. Séville n’est plus la ville de l’hiver 2019 : le coronavirus a perturbé le sens de la fête de la capitale andalouse, dont les bars et restaurants doivent plier les gaules une heure avant le couvre-feu de 23 heures, instauré depuis le dimanche soir. Pour les fans du Stade rennais, l’effervescence se vivra donc à distance.

Sauf pour quelques courageux, bien décidés à vivre l’évènement sur place malgré le huis clos imposé au stade Ramón Sánchez Pizjuán. « Je m’étais fait la promesse de revenir tellement on avait passé un séjour mémorable, assure Benito, qui a profité de l’occasion pour venir passer quelques jours en Andalousie avec sa copine. En temps normal, on fait les déplacements à quatre ou cinq potes. Bon, là c’est frustrant de savoir qu’on ne va pas pouvoir aller au stade, surtout avec tous les souvenirs qu’on a eus ici, mais c’est le jeu vu la situation sanitaire actuelle. » Ce mercredi, il ne verra pas du rouge et noir à tous les coins de rue comme il y a un an et demi, mais il croisera peut-être la dizaine de supporters rennais, dont huit membres du Roazhon Celtic Kop et trois étudiants en Erasmus, présents à Séville cette semaine. « On ne sait même pas où on va regarder le match, explique l’un d’eux. On va sûrement essayer d’aller voir autour du stade ce qui se passe et on verra ! »

Une nouvelle ambition

Pour des retrouvailles heureuses, il faudra donc compter sur ce qui se passera à l’intérieur du mythique Sánchez Pizjuán, théâtre du cauchemar le plus marquant de l’histoire du foot français, où Julien Stéphan et ses ouailles ont pu faire quelques pas de reconnaissance avant de regagner leur hôtel mardi soir. Cinq kilomètres plus loin, le stade Benito Villamarin n’a pas bougé, et il reste un lieu spécial pour le technicien rennais, qui n’est pas du genre à jouer la carte de l’émotion. Surtout qu’il sait depuis mardi midi qu’il devra accrocher le Séville de Lopetegui sans ses deux internationaux tricolores Eduardo Camavinga (forfait) et Steven Nzonzi (suspendu de dernière minute), ni Flavien Tait. « On a eu connaissance de la décision pour Steven après le dernier entraînement, ça change pas mal de choses, a grimacé le quadragénaire, qui va devoir bricoler au milieu de terrain. Je vais devoir réfléchir ce soir, cette nuit, pour trouver la meilleure solution et construire notre match sur la durée. J’ai besoin d’un temps de réflexion. »

Reste qu’en dehors des considérations technico-tactiques, Stéphan ne peut pas nier que le destin est taquin. 615 jours après ce succès face au Betis, son Stade rennais a de nouveau le droit de se faire un nom en Espagne dans la plus belle des compétitions. De quoi faire un parallèle entre les deux épisodes ? Stéphan : « C’est très difficile de comparer. Ce sont deux compétitions différentes, deux clubs différents, les effectifs ont changé. (Dans le groupe de 23 du SRFC pour affronter le FC Séville, sept étaient là contre le Betis, N.D.L.R.) Ce qui est nouveau, c’est qu’entre-temps, on a gagné un titre et obtenu le meilleur classement dans l’histoire du club. Mais est-ce que ça fait de nous un club fondamentalement différent ? On ne se transforme pas en vingt mois et je crois qu’on va encore arriver dans la peau de l’outsider mercredi. » Rennes n’a pas encore la carrure d’un très grand, mais il apprend. Et ce deuxième détour par Séville doit être une étape supplémentaire dans la quête d’ambition du club breton.

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Par Clément Gavard, à Séville

Tous propos recueillis par CG

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