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Luis Enrique au PSG : ceci est une révolution

Par Tom Binet et Andrea Chazy
6 minutes

Depuis son arrivée au PSG cet été, Luis Enrique ne laisse personne indifférent en dehors du terrain. À l’heure de retrouver le Barça en quarts de finale de la Ligue des champions (21h), celui qui a façonné la remontada en 2017 se démarque aussi par sa capacité à proposer un large éventail d’évolutions tactiques. Et pour l’instant, ça plaît.

Luis Enrique au PSG : ceci est une révolution

Changer ses habitudes n’est pas chose aisée, et c’est peut-être bien pour cela que semaine après semaine, Luis Enrique reste le même. Ainsi, à la veille du quart de finale aller de Ligue des champions qui oppose son PSG au Barça, le coach espagnol a une nouvelle fois tout fait pour faire les gros titres. L’animal médiatique qu’il est n’a pas eu besoin de beaucoup de temps ou de parler de Kylian Mbappé pour choquer l’auditoire. Comment ? En répondant à une question simple, qui de lui ou de Xavi, l’actuel coach et légende du Barça, représentait le mieux l’ADN du club blaugrana ? « Sans aucun doute moi, a répondu Luis Enrique sans cligner de l’œil. Non non, ce n’est pas une opinion, regarde les données, la possession du ballon, les occasions de but, le pressing haut, regarde les trophées, les titres, sans aucun doute moi. Tu peux avoir une autre opinion. Mais sans aucun doute, c’est moi. »

Une petite musique teintée d’égo qui fait son effet malgré sa redondance : tous les jours, les talks et les fans ne parlent plus que de Luis Enrique. Même Mbappé, à qui il ne reste plus que quelques semaines sous le maillot rouge et bleu si l’on en croit la tendance en interne, est quasi relégué en deuxième position dans les sujets de discussion. La personnalité de « Lucho » y est pour quelque chose. Ses perpétuelles expérimentations sur le terrain, ainsi que ses impressionnantes séries de matchs sans défaite en Ligue 1 (septembre) et en Ligue des champions (novembre) aussi.

Style et ouverture d’esprit

Depuis sa nomination dans la capitale, Luis Enrique s’est attelé à imprégner sa nouvelle maison d’une identité forte, ce qui a régulièrement manqué dans la capitale depuis des années. Au cœur d’un été marqué par un important chassé-croisé (pas moins de onze recrues), l’Espagnol n’a par exemple pas hésité à indiquer la sortie à Marco Verratti ou Neymar, faisant fi des statuts. Dès la première journée de Ligue 1 contre Lorient et malgré un score nul et vierge, l’intensité et l’énergie affichées par les Rouge et Bleu ont ramené les sourires dans les travées du Parc des Princes. « Une philosophie se met en place : avoir le ballon, vouloir le ballon, il veut une équipe plus agressive, détaillait début septembre Marquinhos – qui pourrait devenir le joueur le plus capé de l’histoire du club face au Barça – après le large succès à Lyon. On comprend de plus en plus la philosophie, la manière de jouer, de défendre. On est sur le bon chemin. »

J’adore avoir des ressources et pouvoir changer le style de l’équipe. Si les gens ne le comprennent pas, tant pis.

Luis Enrique

Sept mois plus tard, l’ancien coach catalan continue de pianoter pour trouver la meilleure formule. Achraf Hakimi qui s’intègre de plus en plus haut dans l’entrejeu ? Une habitude, désormais. Ousmane Dembélé en faux neuf ? Une réussite, même si la finition de Dembouz laisse encore à désirer. Ailleurs sur le rectangle vert, Warren Zaïre-Emery, Vitinha ou Lee Kang-in ont eux aussi pu faire valoir leur polyvalence, donnant l’impression d’une progression collective de semaine en semaine. « Il aime construire une équipe et tirer le meilleur de chacun. Cette exigence s’étend à tous les joueurs, quel que soit leur nom, assure Guillermo Amor, ancien directeur du centre de formation du Barça à l’époque où Enrique dirigeait l’équipe réserve du club. Ses équipes jouent bien, essayant toujours de contrôler le jeu et de prendre l’initiative. Il aime que son équipe maintienne l’intensité et la concentration. »

Autant de préceptes que les habitués de la porte d’Auteuil ont pu admirer au cours des huit derniers mois. « J’adore avoir des ressources et pouvoir changer le style de l’équipe. Si les gens ne le comprennent pas, tant pis. Tant que mes joueurs et moi-même comprenons, c’est suffisant, analysait Enrique lundi au micro de PSGTV. J’ai toujours entendu une chose très basique : “Je ne sais jouer qu’ici, ce joueur est meilleur dans telle position.” Sortez ! Ce n’est pas bon du tout ! Il faut jouer avec ouverture d’esprit. Je te garantis que l’entraîneur adverse ne saura pas où les joueurs vont jouer tant qu’il ne les aura pas vus sur le terrain. L’adversaire ne sait pas ce que nous allons faire, mais je t’assure que nous, oui. C’est comme un puzzle. J’enlève les pièces, je les remets, je les enlève et je les remets à nouveau. »

Le manager de l’année

Au-delà de l’aspect tactique, Luis Enrique a également chamboulé les habitudes par son management au pied de la tour Eiffel, comme l’illustre notamment sa gestion du cas Kylian Mbappé depuis deux mois. En janvier 2015, au cœur de sa première saison sur le banc barcelonais, il n’avait par exemple pas hésité à bousculer Lionel Messi, le laissant sur le banc lors d’un match contre la Real Sociedad. « Sans Luis Enrique, on n’y serait pas arrivé. Tout a changé à partir d’Anoeta. Guardiola et lui sont les deux meilleurs coachs du monde, ils ont fait de moi un meilleur footballeur », reconnaîtra pourtant la Pulga quelques mois plus tard, le deuxième triplé de l’histoire du club en poche. Un leadership dont le natif de Gijón ne s’est jamais départi, de Rome à la sélection espagnole, où il avait lâché « Ici le chef, c’est moi » lors de sa présentation devant la presse.

J’ai plus appris avec Guardiola qu’avec lui parce que je ne l’ai côtoyé qu’une seule saison, mais si on me donnait le choix, c’est avec Luis Enrique que je partirais à la guerre.

Jeffren Suárez

Mais sans jamais que cela ne prenne le pas sur la dimension collective de sa tâche. « Le style Luis Enrique, c’est finalement un style très Carles Puyol. En premier lieu, il veut que ses joueurs aient une mentalité de guerriers, prêts à se bagarrer pour l’écusson et le collectif. Une fois qu’ils adhèrent à son discours et à cette idée de lutte, il se concentre sur la façon de proposer le football le plus attractif possible, détaillait ainsi Jeffren Suárez, son ancien meneur de jeu au sein de la réserve du Barça, dans le So Foot n°209 de septembre 2023. Si tu le suis, que tu ne triches pas et que tu t’entraînes bien, tu joues. Avec lui il n’y a ni statuts, ni privilèges, on l’a vu quand il s’est passé de Sergio Ramos en sélection. J’ai plus appris avec Guardiola qu’avec lui parce que je ne l’ai côtoyé qu’une seule saison, mais si on me donnait le choix, c’est avec Luis Enrique que je partirais à la guerre. »

Avant de savoir s’il gagnera cette guerre face au Barça, le PSG peut profiter du calme et de la sérénité que l’intéressé a su insuffler à ses troupes à l’approche d’un tel rendez-vous. C’est en tout cas ce que répétait Danilo devant la presse, ce mardi, à la veille du grand soir. Loin de l’agitation, des parties de poker de Neymar, des états d’âme de Mbappé ou de Messi, qui ont régulièrement entouré le moindre match à de telles hauteurs ces dernières années à Paris. « L’ennui, c’est bien la dernière chose que les supporters parisiens vont expérimenter avec Luis Enrique, prédisait également l’ancien président blaugrana Joan Gaspart à So Foot. Ils sont entre de très bonnes mains. Avec (Luis Enrique), ils vont s’éclater. C’est un crack. » Promesse tenue.

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Par Tom Binet et Andrea Chazy

Propos de GA recueillis par TB.

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