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Naples, un simple retour à la normale
Naples aurait-il sombré dans la folie en limogeant son entraîneur à 48 heures du huitième de finale aller de Ligue des champions face au Barça ? Non, le club de Campanie est tout simplement de retour dans ses standards. Les pétards servant à fêter le titre l'an dernier sont rangés et les Napolitains s'apprêtent à remanger leur pain noir.
Même quelqu’un qui n’a jamais mis les pieds en Italie est au courant que Naples est une ville différente. Faits d’un autre bois, les Napolitains ne se privent pas de revendiquer leur particularisme à chaque occasion. Si l’originalité exacerbée n’est parfois plus qu’un prétexte pour attirer les touristes en quête de sensations fortes après avoir vu quelques films et séries, elle n’est plus à prouver au sein de la SSC Napoli, véritable fierté locale et souvent symbole de la folie ambiante. Désireux de démontrer une nouvelle fois cette déraison, le club a décidé de bouleverser son organigramme à 48 heures de l’échéance la plus importante de la saison. Ainsi, avant d’affronter le FC Barcelone en huitièmes de finale de Ligue des champions, Francesco Calzona est devenu le troisième entraîneur de la saison, remplaçant ce lundi Walter Mazzarri, qui avait lui-même pris la place de Rudi Garcia en novembre dernier.
La machine à laver De Laurentiis
Moins d’un an après le Scudetto historique, Naples est actuellement neuvième de Serie A et présente le visage du pire champion sortant possible. Rudi Garcia avait conscience de l’ampleur de la tâche au moment de poser ses valises en Campanie et n’a pas réussi à relever le défi. Éjecté avant la mi-saison, le Français a vu son successeur galérer autant que lui, même si Walter Mazzarri connaissait déjà les lieux pour avoir occupé le poste entre 2009 en 2013. Cette saison, avec 8 défaites en 17 rencontres, il a réussi à battre le record du pire bilan du club depuis 2004, début de l’ère Aurelio De Laurentiis, qu’il détenait lui-même lors de son premier passage. Son éviction, à l’aube d’un match aussi important pour la saison, reste toutefois une surprise.
De son côté, Francesco Calzona va jongler entre ce rôle de coach à Naples et celui de sélectionneur de la Slovaquie, en vue de l’Euro 2024. S’il n’est pas remercié avant, puisqu’il est devenu le douzième entraîneur différent en 20 ans, le sixième depuis 2018. Si tout le monde se souvient du jeu soyeux lors du passage de Maurizio Sarri et du titre national acquis l’année dernière sous les ordres de Luciano Spalletti, d’autres restent beaucoup plus anecdotiques. Même Carlo Ancelotti, resté 18 mois avant de se faire limoger, n’avait pas réussi à modifier la politique de turn-over incessant du président. À l’heure d’aborder la double confrontation face au FC Barcelone, puis les rencontres contre la Juventus et l’Inter en championnat au courant du mois de mars, le nouvel entraîneur serait bien confiant de ne pas se sentir d’ores et déjà sur un siège éjectable.
Le coup d’un an
Pourtant, la saison 2023-2024 de Naples était d’abord accompagnée de nombreux espoirs. L’été peu mouvementé, avec la perte de Kim Min-jae comme seul événement notable sur le marché des transferts, et la nomination d’un entraîneur expérimenté comme Rudi Garcia ont suscité leur lot d’attentes. Certains supporters espéraient conquérir un deuxième Scudetto consécutif, chose inédite dans leur histoire, tandis que d’autres voulaient faire mieux que la saison précédente en Ligue des champions en ralliant le dernier carré. Même face à un Barça également malade, un épais voile recouvre désormais ces rêves. Ceux-ci étaient presque naïfs tant ce club n’a jamais été voué à soulever un nouveau trophée national ou à régner sur l’Europe.
Le retour sur terre est brutal, mais logique. À coups de larges défaites contre l’Inter Milan (0-3) ou Frosinone (0-4), en Coupe d’Italie, ou de leçons de réalisme données par la Juventus (1-0) et l’AC Milan (1-0), Naples est rentré dans le rang qu’il n’aurait jamais dû quitter dans une saison classique. Après avoir trébuché, les Interistes ont appris à être impitoyables et filent vers le titre cette saison, alors que les fers de lance Victor Osimhen et Khvicha Kvaratskhelia ont arrêté de surperformer et ne permettent plus aux Napolitains de vivre au-dessus de leurs moyens. L’été prochain, le Nigerian et le Géorgien auront sans doute encore plus envie d’ailleurs et le SSC Napoli redeviendra définitivement un club normal. Le comble dans cette ville.
Par Enzo Leanni