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Brest : tout sauf le Stade de France ?
Assuré d’être qualifié, au minimum, pour les barrages de la Ligue des champions, le Stade brestois pourrait de nouveau devoir déménager. Les Ty-Zefs aimeraient rester à Guingamp, mais l’UEFA voit les choses autrement. Une chose est sûre, les supporters du club de la Cité du Ponant veulent tout, sauf le Stade de France.
« On se rend compte que ces compétitions sont faites pour les grands clubs et on essaye d’éliminer les petits clubs comme nous. La volonté de l’UEFA est l’argent pour l’argent. Ce qui m’agace, c’est qu’on essaye d’éliminer tous les gens qui aiment le foot parce qu’ils apprécient l’incertitude du résultat, le fait que le petit puisse battre le gros. » Cette déclaration au vitriol, survenue après la quatrième victoire brestoise en six rencontres de Ligue des champions, est signée Éric Roy. L’entraîneur du SB29 peut voir rouge : l’UEFA n’accepte pas pour le moment que ses protégés continuent d’évoluer au stade de Roudourou. Dans ce cas, l’une des éventualités est le Stade de France. Ce qui est loin de faire l’unanimité.
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— Brest On Air 🇪🇺 (@BrestOnAir) December 15, 2024
« On se sent bien à Guingamp »
Si les Brestois vivent une partie de leur belle épopée dans les Côtes-d’Armor, le stade de Guingamp ne répond pas au cahier des charges pour la phase finale. Pour le mettre aux normes, il faudrait agrandir la plate-forme TV en la doublant et répondre à des exigences plus importantes en matière de sécurité. En l’état, quelques travaux et aménagements permettraient d’y remédier, mais pour l’instant, l’option privilégiée par les instances serait d’obliger les Finistériens à déménager de nouveau, notamment parce que l’enceinte doit être la même jusqu’aux potentielles demi-finales. Cette situation désespère les supporters, qui ont affiché leur mécontentement dimanche lors de la large victoire face à Nantes (4-1) avec une banderole « Le Stade de France, on n’en veut pas », avant de reprendre pendant plusieurs minutes un chant sur le même thème. Mais ce n’est pas tout.
Le podcast Brest on Air a lancé une pétition avec un titre assez peu équivoque : « Stade brestois : non au Stade de France ! » À ce jour, elle a déjà recueilli plus de 800 signatures. « Jouer au Stade de France dénaturerait complètement l’épopée européenne que nous vivons depuis septembre, construite notamment sur des valeurs de proximité et d’identité locale. […] Ajoutons à cela le coût non négligeable que représenterait une telle transhumance. Nuit d’hôtel, transport, prix du match…, se sont insurgés les membres de BOA. Vous avez dit « fête populaire » ? Le Stade de France est à l’opposé de l’image que nous nous faisons du Stade brestois : froid, impersonnel, sans âme. L’enceinte, trop grande, ouverte aux quatre vents, est plutôt mal adaptée pour assister à des matchs de football. L’architecture du stade, proposant des tribunes éloignées du terrain, est en parfaite opposition avec la réalité des ambiances bouillantes des soirs de match à Guingamp. Quelle tristesse d’imaginer une fin d’aventure à Saint-Denis, si loin de tout ce qui a fait votre réussite. »
Ce point de vue est partagé par la majorité de la communauté brestoise, qui n’imagine pas une seconde disputer une phase à élimination directe historique en dehors des terres bretonnes. Né à Saint-Renan, le capitaine emblématique du club, Brendan Chardonnet, a participé au débat en zone mixte dimanche : « On ne connaît pas les règlements UEFA, mais on se sent bien à Guingamp. On a nos repères, les supporters ont également leurs marques… Là-bas, on arrive à retranscrire l’ambiance de Le Blé, a argumenté le défenseur central. Les supporters peuvent se déplacer assez facilement, nos amis et nos familles aussi. Si on a le choix, on aimerait rester à Guingamp. Est-ce que c’est possible ou pas, je ne sais pas. »
Quelles sont les solutions ?
Si on exclut Roudourou et le Stade de France, les deux autres possibilités qui s’offrent au SB29 sembleraient être le Roazhon Park et le stade de La Beaujoire. Mais selon une source interne du club, ces options ne sont pas dans les cartons, puisqu’il faudrait de nouveau refaire des travaux d’aménagement, ce qui n’est pas envisageable. Lors d’une interview qu’il a récemment accordée à So Foot, Bruno Grougi, légende du club et entraîneur adjoint de Brest, avait évoqué cette problématique : « Délocaliser, aller à Rennes, ça ferait encore un chamboulement pour l’équipe et pour les gens… Le Stade de France, je n’en parle pas, même si ça ferait un vrai événement. À titre individuel, je préférerais que l’on continue à Guingamp. »
De son côté, la présidence du club a bien contacté les équipes du Stade de France, une pelouse que n’a jamais foulée l’actuel 7e de la Ligue des champions. L’idée de voir 80 000 Bretons monter dans la capitale ne semble pourtant pas faire l’unanimité, alors qu’aucune tendance ne se dégage pour l’instant. Il y aura sans doute des déçus, mais le SB29 n’a d’autre choix que de trouver des solutions dans un monde où il n’est pas forcément le bienvenu. Aucune date n’est arrêtée, mais la décision sera prise par le board brestois, sous validation des délégations de l’UEFA. L’attente sera longue, pourvu que cela ne gâche pas la fête.
Par Thomas Morlec