- C1
- 8es
- Real Madrid-Leipzig (1-1)
Le Real Madrid et ses 14 bonnes étoiles
Bousculé à Bernabéu, le Real Madrid doit davantage sa qualification à l'inefficacité de son adversaire, Leipzig, qu'à deux performances rodées et dignes de son statut. À une pointe de réussite aussi, à tous les niveaux, comme souvent dans une compétition qu'il a de nouveau faite sienne depuis 10 ans. Mais cela peut-il suffire ?
Au coup de sifflet final mercredi soir, la même rengaine revenait avec insistance. Même sans gagner, même sans briller, même sous les sifflets de leurs supporters, les Merengues n’ont pas fléchi et ont une nouvelle fois rejoint les quarts de finale de la Ligue des champions. En difficulté face à une équipe allemande emballante, mais trop imprécise, les protégés de Carlo Ancelotti ont fait le dos rond et ont piqué là où ça faisait le plus mal. Après avoir concédé 36 tirs en deux matchs, dont 13 cadrés, les Madrilènes n’ont pourtant concédé qu’un seul but.
La faute à une inefficacité chronique des joueurs offensifs de Leipzig, Loïs Openda en tête, mais aussi à une bonne dose de réussite et d’abnégation, à l’image d’Antonio Rüdiger, sauveur sur sa ligne sur une frappe de Xavi Simons, ou de la barre transversale touchée par Dani Olmo dans le temps additionnel. La faute aussi, peut-être, à quelques décisions controversées du corps arbitral. Le 13 février dernier déjà, les polémiques avaient animé un après-match tendu entre deux formations qui venaient de réaliser 90 minutes pleines de tensions. Le Real s’était imposé sur la plus petite des marges (0-1), mais avait vu les Allemands rater beaucoup d’occasions face à un Andriy Lunin de gala, qui avait pourtant cédé avant de voir le but annulé dans la confusion la plus totale.
Sifflé par le public, pas forcément par l’arbitre
Deux joueurs ont cristallisé les tensions au retour : Vinícius Jr et Toni Kroos. Si Spiegel souligne que le Brésilien a eu « un peu de chance », l’autre média allemand Bild prend moins de pincettes et dénonce le « scandale d’étranglement de Vinícius ». Double buteur dans un match où les décisions arbitrales n’ont pas penché en faveur du Real le week-end dernier, le numéro 7 aurait bien pu finir sa soirée sur la pelouse plus tôt que prévu. Avant d’ouvrir le score sur une merveille d’action avec Jude Bellingham, l’ancien joueur de Flamengo a été l’auteur d’un très mauvais geste sur Willy Orban, le repoussant des deux mains au niveau de la glotte. Sorti presque indemne de la situation, avec un simple carton jaune, « Vini » ouvrait le score 11 minutes plus tard.
❌ 🟥 Vinicius a échappé au carton rouge sur cette action. #UCL pic.twitter.com/0xF7MSyL7M
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La victime de l’histoire, Orban, avait donc un avis bien tranché à l’issue de la rencontre. « Malheureusement, les arbitres n’ont pas le courage d’expulser ce genre de joueurs. C’était rouge direct, il m’attrape le cou avec les deux mains. C’est un manque de respect », rageait le capitaine de Leipzig, tandis que le club préférait en rire sur son compte X. Pour Benjamin Henrichs, « si ça avait été l’inverse, il aurait été expulsé à 100% ». Kroos aussi a semble-t-il bénéficié de la légèreté des arbitres, échappant à la biscotte à l’heure de jeu et continuant de casser les contre-attaques adverses jusqu’à son avertissement arrivé à la 75e minute et sa sortie dans la foulée. « On a vu que la semaine dernière, on n’avait pas été épargnés par l’arbitrage. Peut-être qu’aujourd’hui, on a eu de la chance, donc tant mieux pour nous », admettait Aurélien Tchouaméni au micro de Canal +.
Le Real Madrid reste le Real Madrid
Il a bien sûr été question d’un Real Madrid trop grand et donc trop favorisé par les arbitres, mais Marco Rose n’a pas non plus voulu se cacher derrière les décisions de l’homme au sifflet. « Nous n’avons tout simplement pas marqué assez de buts, concédait-il. Nous ne voulons pas être de mauvais perdants. Le reste, je pense qu’on l’a bien vu et qu’on le juge par soi-même. Mais je ne veux pas être celui qui le fait. » Le RBL n’est pourtant pas tombé sur un immense Real Madrid, allumé par la presse espagnole parlant d’une « mission accomplie dans la souffrance » (AS) et d’une équipe qui a « joué avec le feu dans un match horrible » (Marca). Nacho Fernandez disait la même chose après la rencontre : « Ils ont été phénoménaux, et nous n’avons pas été bons. D’une manière générale, ce n’était pas un bon match, ni au début, ni en seconde période, ni quand nous avons pris l’avantage. » Dans la même veine, Ancelotti a tenu à accepter les critiques légitimes d’un Real franchement pas emballant. « Quand elle est méritée, il faut l’accepter, admet le coach madrilène. Aujourd’hui, c’est mérité. Les sifflets sont mérités. Il faut avoir un public exigeant comme celui du Bernabéu. J’ai peut-être fait une erreur dans le 11 de départ. »
20 – Le Real Madrid est qualifié pour les quarts de finale de la Ligue des Champions pour la 20e fois de son histoire, c’est la 2e équipe à atteindre cette marque après le Bayern Munich (22 en comptant 2023/24). Habitué. #RMARBL pic.twitter.com/RhxTXqb1Iu
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Rageant sur l’égalisation allemande, intervenue trois minutes après l’ouverture du score, le Mister a ciblé les failles mentales de son équipe : « Quand on a un petit avantage, on ne sait pas le gérer. Je pense qu’au niveau mental, nous n’avons pas été bons. » Comme d’habitude, la nervosité et la médiocrité n’ont pas empêché le Real Madrid de prendre le dessus sur son adversaire et de lui montrer la porte. Sans être fort, ce club conserve un avantage psychologique naturel sur les acteurs d’un match se disputant à Madrid (dont l’arbitre ?). Pour sortir le club le plus titré en Ligue des champions, il ne faut pas seulement le dominer ou être un peu plus fort, il faut le surclasser, l’éteindre sans laisser l’espoir de voir la flamme se rallumer. Demandez au PSG, demandez à Liverpool, demandez à Chelsea… Manchester City avait fait le boulot la saison dernière en roulant sur le Real Madrid au retour (4-0). C’est ce qu’il faut pour éliminer un club qui a remporté cinq coupes aux grandes oreilles durant la dernière décennie.
par Julien Faure