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Hummels, forte tête

Par Julien Faure

Unique buteur du soir, homme du match à l’aller et au retour, le champion du monde 2014 a symbolisé tout ce qu’il a manqué au Paris Saint-Germain : de l’efficacité dans les deux surfaces.

Hummels, forte tête

Il y avait une forme de fatalité à voir Mats Hummels célébrer son but dans un Parc des Princes interloqué. Parce que Gianluigi Donnarumma n’est pas sorti, parce que le corner était évitable et peut-être aussi parce que c’était lui, le symbole de ce Borussia Dortmund, inconstant en championnat mais conquérant en Europe, qui venait de mettre les siens sur les rails d’une nouvelle finale de Ligue des champions.

Le PSG n’était jamais resté muet lors d’une défaite cette saison, il vient de l’être deux fois en l’espace de six jours. Il a certes touché six (!) fois les montants sur l’ensemble de la double confrontation, mais son mutisme n’est pas simplement dû au manque de réussite de ses joueurs. Le sursaut d’orgueil de Nico Schlotterbeck, que l’on annonçait incapable de tenir face aux flèches rouge et bleu, a bien aidé, mais c’est surtout la science de Mats Hummels, qui continue de briller sur la scène européenne, qui a fait la différence.

Mad Mats

En 180 minutes, Paris a accumulé 44 frappes et 55 centres. Si rien de tout cela n’a permis de faire mouche, c’est aussi que les défenseurs du BvB ont haussé le ton, Mats Hummels le premier. Avec plus d’un but par match encaissé cette saison et un but contre chacune des équipes qu’elle a affrontées deux fois en Bundesliga à l’exception de Cologne, la bande d’Edin Terzić n’a pourtant pas toujours été une assurance tout risque. Sans la maladresse chronique des Parisiens ce soir, elle ne l’aurait certainement pas été non plus. Sauf qu’avec plus de technique, un schéma tactique suivi à la perfection et un supplément d’âme supplémentaire, le Borussia a serré la vis et n’a rien laissé passer.

Au milieu de tout ça, difficile de passer à côté des deux rencontres disputées par Mats Hummels. De retour en sélection en novembre dernier après plus de deux ans d’absence, le défenseur a plané dans ce dernier carré. Emre Can bloqué à la relance au match aller, c’est lui qui a su prendre la relève avec ses 57 passes à 82,5% de réussite, meilleur total allemand. Il fallait empêcher le ballon d’arriver jusqu’à la surface et bloquer la profondeur parisienne au retour, mission réussie avec ses dix dégagements, trois interceptions, quatre tacles (qui ne compte pas celui, chirurgical, à la limite de la surface sur Ousmane Dembélé) et deux tirs contrés, tous meilleurs totaux des visiteurs ce soir. Devant lui, Kylian Mbappé n’a pas existé.

La France lui va si bien

Et si sa prestation détonne, c’est aussi que le contraste est tellement frappant dans le camp d’en face. Un mollet qui couvre Niclas Füllkrug sur le but au match aller, une passe totalement aléatoire qui amène le corner du but au retour : voilà pour Marquinhos (et pourtant loin d’être le plus inquiétant de sa troupe). Une blessure aux croisés en plus d’être pris de vitesse par le buteur allemand pour Lucas Hernandez. Un manque de précision coupable et un duel perdu sur le but d’Hummels, ça, c’est pour Beraldo. Le beau brun allemand avait déjà été décisif en délivrant une merveille de ballon à Julian Brandt contre l’Atlético en quarts, il a récidivé ce soir au Parc. Une tête, comme il en a délivré des dizaines durant sa carrière, lui qui a déjà marqué 51 buts depuis ses débuts. À 35 ans, il disputera sa deuxième finale de Ligue des champions, 11 ans après la première, déjà sous les couleurs du Borussia. Il pourrait y retrouver le même adversaire et ancien club si le Bayern Munich fait tomber le Real Madrid dans l’autre demi-finale. S’il garde de nouveau sa cage immaculée à Wembley, Dortmund pourrait bien soulever le plus prestigieux des trophées européens.

Jamais avare pour dénoncer publiquement les manques sportifs du PSG, Hummels est peut-être l’antagoniste de Paris. Il a toujours multiplié les efforts, usé du dépassement de fonction et il a finalement été buteur, comme pour parachever son œuvre. Élu  homme du match à l’aller et au retour, l’Allemand prend définitivement son pied à faire mal aux équipes françaises. Au Brésil, à l’occasion de la Coupe du monde 2014, c’est lui qui avait assombri les espoirs tricolores de l’équipe de France version Didier Deschamps en devançant Raphaël Varane et en plaçant une tête imparable pour Hugo Lloris, propulsant l’Allemagne en demi-finales. Il y a 10 ans surtout, il est devenu champion du monde. Depuis ce soir, c’est tout Dortmund qui rêve d’une issue aussi glorieuse.

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