- C1 (F)
- 2e Tour
- PSG-Juventus (1-2)
Ligue des champions féminine : un déclassement à la française
Avec les lourdes défaites du Paris FC et du Paris Saint-Germain lors du 2e Tour de la Ligue des champions féminines, l’Olympique lyonnais sera le seul représentant tricolore lors de cette campagne 2024-2025. Un scénario qui ne s’était plus produit depuis la saison 2013-2014. Les huit sacres continentaux des Fenottes ont bien du mal à cacher la désormais triste réalité du football féminin hexagonal.
Onze ans séparent la campagne européenne 2013-2014 de celle de 2024-2025. Onze ans durant lesquels l’Olympique lyonnais a glané six de ses huit couronnes européennes et le Paris Saint-Germain a atteint deux fois la finale de la Ligue des champions en 2015 et 2017. Point d’orgue lors de la saison 2023-2024 lorsque le Paris FC est entré à son tour dans le gratin des équipes européennes en se qualifiant pour la première fois de son histoire pour les poules de la C1. Trois clubs français étaient alors qualifiés, un authentique exploit parti en fumée en moins d’un an après les sorties de route dès le 2e tour des deux clubs parisiens, laissant l’OL comme seul représentant hexagonal… comme en 2013-2014.
La France, désormais nation secondaire ?
La France n’aura donc qu’un seul représentant en Ligue des champions cette saison, soit autant que l’Autriche, les Pays-Bas, la Norvège, la Suède ou encore la Turquie, un bond en arrière amorcé il y a déjà plusieurs saisons. Surtout, le PSG semble ne pas avoir su se mettre au diapason pour performer en Europe. Il est éliminé cette saison par la Juventus, un club dont la section féminine a été créée en 2017, date à laquelle le PSG disputait une finale de Ligue des champions 100% tricolore face à l’OL. Une contre-performance jugée comme « une grosse déception » par Fabrice Abriel, coach du PSG. L’ancien entraîneur de Fleury estime même ne pas avoir « fait ce qu’il fallait pour être qualifié » alors que « l’adversaire a tout bonnement très bien joué sa chance et mérite sa qualification ». Même son de cloche du côté du Paris FC après sa sortie de route face à Manchester City. Après la manita subie au match aller à Charléty, Sandrine Soubeyrand, coach du Paris FC, a concédé être « tombée contre une équipe qui ira vraiment loin en Ligue des champions », avant d’assurer qu’il « faut aussi se rendre compte qu’entre les équipes anglaises et les équipes françaises, il y a un gap ».
Alors que le championnat français semblait avoir une longueur d’avance sur la concurrence auparavant, les écarts se sont réduits, voire inversés. Si aucun club anglais n’a encore réussi à soulever la C1, le Barça de son côté est devenu un club majeur de la scène européenne malgré le manque de concurrence en Liga. Considérées actuellement comme « la meilleure équipe du monde », les Blaugrana restent loin du palmarès des Fenottes pour l’instant, même si elles tendent à s’en rapprocher avec trois Ligues des champions glanées depuis 2021, dont deux consécutivement et un dernier exploit à Bilbao justement contre leur bête noire lyonnaise.
Un championnat en perte de vitesse
La France ne rayonne donc plus autant qu’auparavant. Cette réalité ne peut être contredite par les résultats (décevants) des Bleues quand l’Espagne, championne du monde en titre, ou l’Angleterre, championne d’Europe en titre, utilisent leur sélection nationale comme locomotive. La D1 devenue Arkema Première Ligue aura besoin de plus qu’un nouveau nom pour concurrencer la Women’s Super League. L’omnipotence lyonnaise ne peut pas être l’unique excuse : certes l’OL domine les débats, mais le Paris Saint-Germain sur la scène nationale se doit de faire beaucoup mieux. Avec seulement un championnat en 2021 et quatre Coupes de France remportés au cours de son histoire, le PSG, avec les moyens dont il dispose, se doit de concurrencer l’OL chaque saison. Si le club de la capitale bénéficie de moyens amplement décuplés face à la concurrence, faut-il encore que la direction du club ne néglige pas sa section féminine. Une question qui peut légitimement se poser lorsque, pour espérer renverser un score défavorable concédé à l’aller à Turin, le club opte pour la fraîche ambiance du centre d’entraînement à Poissy…
Ajoutez à cela la fuite des talents constatée lors du dernier mercato estival (Delphine Cascarino vers les États-Unis ou Sandy Baltimore à Chelsea), vous aurez la confirmation que le championnat domestique, bien que devenu professionnel à l’aube de la saison 2024-2025, n’en a toujours pas l’allure. Il faudra donc se résoudre à suivre le parcours européen de l’OL pour voir la France exister sur la scène continentale… À l’occasion du lancement de la Ligue féminine de football professionnel le 29 avril dernier, Jean-Michel Aulas, nouveau président de l’entité, a déclaré en prenant comme exemple la demi-finale de C1 qui opposait alors l’OL et le PSG qu’« aucune autre nation européenne n’est capable de fournir deux clubs à ce stade de la compétition ». Une déclaration qui cette année peut déjà être perçue comme obsolète.
Par Léna Bernard
Propos de Sandrine Soubeyrand et de Fabrice Abriel après PFC-Manchester City et PSG-Juventus recueillis par LB à Charléty et au Campus PSG. Propos de Jean-Michel Aulas reccueillis par AEC lors de la soirée de lancement de la Ligue Féminine de Football Professionnel.