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Lyon-Barcelone, meilleures ennemies ?
Lyonnaises et Barcelonaises se retrouvent pour la troisième fois en finale de Ligue des champions ce samedi (18h), après celles de 2019 (4-1) et de 2022 (3-1) dont les Fenottes sont à chaque fois sorties vainqueurs. La tendance semble pourtant s’être inversée dans les esprits des observateurs, au point de faire du Barça le favori au titre suprême ?
La statistique est édifiante : en cinq confrontations, l’OL a toujours battu le FC Barcelone. Ce sont pourtant bien les coéquipières d’Alexia Putellas qui sont données favorites pour la troisième finale de Ligue des champions opposant les deux équipes, qui se jouera ce samedi dans un San Mamés plein à craquer (50 000 personnes attendues) et largement acquis à la cause des Catalanes. La réalité de la saison a pris le dessus sur les chiffres et l’histoire, le Barça s’étant mué en véritable rouleau compresseur sur les scènes nationale et européenne ces dernières années, banalisant presque le palmarès gargantuesque des Lyonnaises.
Un développement express pour combler l’écart
En tant que place forte du foot féminin depuis de nombreuses années, Lyon disposait d’une avance considérable sur Barcelone dans le domaine. Les Blaugrana ont travaillé de manière spectaculaire pour réduire l’écart et se retrouver au sommet de la pyramide européenne. L’équipe aujourd’hui dirigée par Jonatan Giráldez partait de loin, de très loin. Ce n’est qu’en 2015 que les joueuses barcelonaises ont obtenu le statut professionnel, à la suite de l’arrivée de Markel Zubizarreta, fils d’Andoni, à la tête de la gestion de la section féminine. À l’époque, le FCB fait figure de pionnier en Espagne… onze ans après la professionnalisation de l’OL.
Arrivée à Barcelone durant l’été 2017, Élise Bussaglia aura été un parfait témoin de l’évolution d’un club qui a pris une autre dimension. « Les ambitions, quand je suis arrivée, elles étaient déjà là, mais l’effectif était encore en phase de construction. Donc ils ont mis tous les moyens pour y arriver, mais ils ont fait ça par étapes. Ça ne s’est pas fait en une seule saison, même si ça s’est fait très rapidement, développe l’ancienne internationale française. Ils ont mis en place les fondations : c’est-à-dire toute la formation au sein de la Masia. Et des joueuses ont éclos comme Putellas, Bonmatí, c’est l’ADN du Barça. Ensuite, ils ont été se renforcer au niveau international pour apporter justement ce qu’il y avait moins dans l’effectif du Barça : plus de vitesse, de puissance avec des joueuses aujourd’hui comme Graham Hansen, par exemple. » La formation et un recrutement intelligent, voilà les clés du succès barcelonais. Les mêmes que l’OL, finalement.
OL-Barça, un classique européen sur fond de rivalité ?
C’est peut être parce que les deux formations se ressemblent autant que leur rivalité ne cesse de croître. Le point de départ remonte sans doute à ce mois de mai 2019 quand, à Budapest, les Lyonnaises l’avaient emporté en finale de la Ligue des champions (4-1), ne se gênant pas pour rappeler l’écart important entre les deux clubs. « Entendre que le Barça était le favori de cette finale m’a énormément vexée, avait lâché Selma Bacha, alors âgée de 18 ans, piquée par certaines déclarations du camp catalan. En tant que compétitrice. Il ne faut jamais parler avant, le terrain parle. » Ada Hegerberg n’avait pas dit autre chose en 2022, à l’occasion d’un entretien accordé au Mundo Deportivo, alors que le Barça comptait s’offrir un doublé européen après avoir soulevé le trophée en 2021 : « Elles doivent encore gagner beaucoup de Ligue des champions pour entrer dans l’histoire, et je le dis en tant que joueuse de Lyon, car nous l’avons gagnée cinq fois de suite. »
Pour Élise Bussaglia, qui a évolué à l’OL entre 2012 et 2015 puis au FC Barcelone en 2017-2018, cette rivalité est postérieure à son passage dans le club catalan. Elle tient même à la tempérer : ce n’est pas tant que les deux clubs sont ennemis, c’est plutôt l’envie de faire tomber les reines du foot féminin de leur piédestal. « Lyon, c’est l’équipe qu’on veut faire tomber, parce que, quand il y a une équipe aussi dominante et aussi forte qui gagne plusieurs titres, on a envie de rivaliser, déroule-t-elle. Donc Lyon, c’est le rival absolu, mais il n’y avait pas une si grande rivalité. » À l’approche de cette nouvelle finale de C1, Selma Bacha est d’ailleurs restée très mesurée. « Ce sera 50-50. On sait que Barcelone, ce sont les tenantes du titre, a-t-elle confié. Elles ont beaucoup de qualités. Mais le plus important, c’est qu’on se concentre sur nous-mêmes. On a l’expérience, même si ça ne fera pas tout. »
Avec huit titres continentaux glanés depuis 2010, l’OL n’a plus rien à prouver quant à sa qualité, tout le contraire du Barça qui, malgré les deux C1 remportées, n’a jamais réussi à battre l’ogre lyonnais, une donnée qui exacerbe ce ressentiment côté blaugrana, comme l’a laissé transparaître Aitana Bonmatí au micro de beIN Sports en avril dernier : « Jusqu’ici, on n’a pas gagné contre Lyon, même en match amical. L’OL est notre rival à battre dans les prochaines années. C’est une équipe historique, qui fait les choses tellement bien depuis des années. Mon vrai objectif, c’est de gagner contre Lyon. » Une posture également adoptée par Keira Walsh dans les colonnes de Relevo : « Je pense que le Barça a toujours eu suffisamment de talent pour pouvoir rivaliser avec Lyon, qui a probablement eu un peu plus d’expérience dans le passé, mais cela a un peu changé. Il y a beaucoup plus d’expérience dans ces grands matchs et ces finales maintenant. » Au tour du terrain de parler.
Par Léna Bernard, à Bilbao
Propos d’Elise Bussaglia reccueillis par LB