- C1
- J3
- PSG-PSV (1-1)
À jouer sans 9, le PSG est à dix
Très maladroit à la finition, Paris a encore laissé échapper un succès européen à cause de son manque de réalisme. Ce qui ne préoccupe pas tant que ça son entraîneur.
« On sait que le foot est injuste. » Voilà comment Luis Enrique a introduit sa conférence de presse après le nul concédé à domicile face au PSV (1-1). Il est peu certain que cette explication suffise aux supporters parisiens, mais ils n’auront pas mieux pour essayer de comprendre le manque de réalisme criant du PSG, encore auteur de 26 frappes contre les Néerlandais, pour un tout petit but. Une inefficacité chronique qui commence à inquiéter, alors que le mal est profond et semble même dater de la demi-finale aller-retour de la saison passée contre Dortmund, summum des manques des Franciliens. Qui inquiète aussi, parce que le seul à ne pas vouloir s’en préoccuper s’appelle Luis Enrique.
Combien de temps à se voiler l’attaque ?
Oui, l’effectif parisien est limité ; oui, le seul « vrai 9 » est blessé ; oui, Paris a plutôt bien joué au Parc ; et oui, Paris aurait mérité de gagner. Mais non, cela n’explique pas tout. En revanche, le PSG aurait sûrement gagné avec un buteur, un vrai, dans ses rangs ce mardi soir. Depuis plusieurs semaines, c’est Lee Kang-in qui occupe une fonction de faux numéro 9, alternant parfois avec Marco Asensio. Problème, s’il est assez à l’aise à l’idée de jouer dans les petits espaces, il l’est beaucoup moins pour venir occuper les centraux adverses ou pour venir couper des centres au premier poteau, tout comme il n’est pas le plus à l’aise à la finition, avec deux belles situations galvaudées dans le premier acte.
Interrogé sur le sujet en conférence de presse, Luis Enrique n’a pas souhaité s’épancher, mais n’a pas laissé entrevoir de changements dans les semaines à venir : « Je ne peux pas faire jouer tous les joueurs dans leur meilleure position. Ils doivent s’adapter et faire ce qu’il faut pour le collectif. » Le problème est peut-être aussi mental, puisqu’il semble compliqué d’imaginer les mêmes joueurs qui ont déjà inscrit 25 buts en 8 matchs de Ligue 1, certes face à une opposition moindre, devenir des manches au moment de faire trembler les filets, sous prétexte qu’ils évoluent en Coupe d’Europe.
Gonçalo Ramos, un sauveur un peu trop attendu
Il était attendu comme le buteur du PSG cette saison, mais les résultats ont pris trois mois de retard. Sérieusement blessé dès la première journée de championnat au Havre, Gonçalo Ramos donne cruellement l’impression d’être le chaînon manquant des Rouge et Bleu cette saison. Alors qu’il manquera encore un bon mois, Paris ne va pas pouvoir attendre encore et encore et compter sur les coups d’éclat de ses feux follets de devant. Ces derniers, auxquels on pourrait ajouter les latéraux, doivent être à la passe et fournir en centres un buteur. Ce qu’ils font régulièrement, et plutôt bien, sans celui qui fait lever les foules au bout. Avec 32 centres contre le PSV (pour 6 minuscules réussites), les Parisiens ont arrosé la surface de Walter Benítez, souvent dans des bonnes zones d’ailleurs. Ousmane Dembélé (6 centres, un seul réussi), Achraf Hakimi (7/1) et Nuno Mendes (6/1) ont ainsi tenté en vain de trouver quelqu’un à même de finir les coups. Résultat, jusqu’au but du Marocain, le PSG battait un record de déchets offensifs en C1 depuis 20 ans.
94 – Paris n’a inscrit aucun but sur ses 94 derniers tirs en Ligue des champions (hors CSC), plus longue série sans marquer depuis qu’Opta collecte cette donnée (2003/04). VousNePouvezPasComprendre. #PSGPSV pic.twitter.com/WMAdr1LMRG
— OptaJean (@OptaJean) October 22, 2024
Le problème, c’est que celui qui semble le plus à même de remplir le rôle de buteur s’appelle Randal Kolo Muani et qu’il n’est pas vraiment dans les petits papiers du technicien espagnol pour le moment. Relégué sur le banc à quasiment chaque sortie (deux titularisations cette saison), alors qu’il s’éclate devant le but en équipe de France, « RKM » est dans l’impasse et ne semble pas non plus assez confiant pour forcer son destin. « Je fais ce que je pense être le mieux pour l’équipe. Chaque minute que je donne à un joueur, je l’analyse très sérieusement en amont, sur le plan offensif et défensif », a même lâché Luis Enrique à une question sur son rôle et sur l’attaque.
L’Espagnol va devoir faire un choix, mais il ne pourra pas espérer que la chance soit du bon côté à toutes les rencontres, et ressasser la malchance parisienne à chaque point presse. Quitte à positionner les joueurs là où l’équipe en a besoin, on pourrait peut-être bien y voir le meilleur buteur du club, Barcola, qui a déjà joué quelques fois à ce poste à Lyon, ou bien Ibrahim Mbaye prochainement. Qui sait ? Tant qu’ils arrivent à faire ce que d’autres ne font pas : marquer. Dans un club qui a connu depuis le début du siècle Pedro Miguel Pauleta, Zlatan Ibrahimović ou Edinson Cavani, il serait temps de trouver un successeur à ces beaux noms et un homme dont la seule profession pourrait simplement se résumer à celle d’être un buteur.
Par Julien Faure