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- Brest-Real Madrid (0-3)
Le Real à Guingamp : voyage au bout d’un autre monde
Pour la première fois de son histoire, le Real Madrid, considéré comme le plus grand club du monde, posait ses bagages en Bretagne pour disputer l’ultime rencontre de la phase régulière de C1 face à la surprenante équipe du Stade brestois, à Guingamp. Tempête, fausse venue de CR7 et rencontre inédite... Retour sur le déplacement épique des Merengues.
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Dans les alléchantes affiches de cette dernière journée de phase régulière de Ligue des champions, un duel sortait du lot. Pas forcément par son enjeu, puisque les deux équipes étaient déjà assurées de jouer, au minimum, les barrages, mais par l’écart abyssal de dimension entre les deux formations : Brest-Real Madrid. Pour son premier déplacement en Bretagne, le club madrilène, auréolé de ses 15 C1, a fait une courte, mais intense immersion dans les Côtes-d’Armor.
Adelante Madrid
Quand le club madrilène se déplace, il ne fait pas semblant. Après avoir privatisé 90 chambres du Novotel de Saint-Brieuc, réputé comme étant l’un des meilleurs de France, et snobé à son arrivée en Bretagne des collégiens qui avaient séché toute une matinée de cours pour les apercevoir, la plus grande équipe du monde a provoqué, malgré elle, des bouchons sur la N12 avec son cortège de bus, escorté par près de 8 camions de forces de l’ordre. Contrairement à eux, beaucoup de supporters madrilènes sont arrivés à Guingamp mercredi, soit le jour de la rencontre la plus prestigieuse pour le Stade brestois, dont Thibaut Courtois a avoué en conférence de presse ne connaître que Marco Bizot, « parce qu’il a joué en Belgique ». Dans les trains en provenance de Paris, des supporters français du Real Madrid avec le trophée de la Ligue des champions en plastique dans les mains ironisent : « On va à Guingamp, la plus belle ville de France. » Et voilà comment le village de 7105 habitants devient encore une fois le centre du monde.
Mis à part un irréductible Brestois, qui passait simplement pour aller aux toilettes, la voiture est remplie d’aficionados du club madrilène, qui exultent comme sur un but de Rodrygo au moment de l’annonce de la gare de Guingamp. Même volume sur le quai en reprenant des chants de supporters, faisant esquisser quelques sourires sur les Guingampais, qui n’avaient pas vu un tel cirque depuis… peut-être le premier match de Neymar avec le PSG, ici contre l’En Avant ? Et surtout quelle compagnie est comparable au Real Madrid ?
Le Real est une entité à part. Pour preuve, après avoir fait quelques mètres sous le crachin, les nouveaux adorateurs de Kylian Mbappé s’engouffrent dans le Brit Hôtel, privatisé par le club pour que les membres des groupes de supporters puissent venir retirer les places. Il faut alors présenter une pièce d’identité, mesure pour mieux contrôler ses supporters tout en évitant une revente à prix exorbitants de billets sur le marché noir. Sturm Graz, Leverkusen, PSV, passés par Guingamp un peu plus tôt cette saison, n’avaient pas ce niveau d’organisation.
« Le Real à Roudourou, c’est lunaire »
Autre preuve de l’engouement fou que provoque l’actuel leader de la Liga, une photo du jet privé de Cristiano Ronaldo, le Gulfstream G650, après son atterrissage à l’aéroport de Trémuson a lancé une incroyable rumeur sur X : « Et si CR7 était présent à Roudourou ce soir ? » Malheureusement, c’était un mirage : Al-Nassr, le club de la légende portugaise, jouait jeudi à 18h, et puis lui n’avait pas pris rendez-vous avec Noël Le Graët… Le jet en question aurait en réalité été loué par l’état-major du club madrilène, selon les informations d’Ici Breizh Izel.
Je suis plus motivé par ce type de rencontre que pour un OM-Real. Là, on sait que c’est inédit.
Planté devant le Campbell’s Pub, lieu de ralliement des supporters merengues, à quelques heures de la rencontre, Amine, membre de la Peña Madredistas de Paris, peine encore à croire qu’il va assister à ce match. « Pour nous, le Real à Roudourou, c’est vraiment spécial, même un peu lunaire. Mine de rien, c’est quand même un match à enjeu, je suis très excité. Si on m’avait dit ça il y a quelques années, je n’y aurais jamais cru, récite le jeune supporter. La route depuis Paris était un peu longue, 5 heures, mais la ville est sympa. Bon, le climat n’est pas top, mais on a pu faire un petit tour et même visiter un musée. Après, c’est la Bretagne. (Rires.) » Pour Rahli, le plus marquant est l’écart entre les deux formations : « Le décalage, il est incroyable. Pour rappel, on a quand même gagné six Ligues des champions en 10 ans alors que Brest ne va jouer que son huitième match en Coupe d’Europe… Mbappé contre Ajorque, Magnetti contre Bellingham, ça paraît fou, et en plus à Roudourou et même pas à Francis Le-Blé ! Franchement, je suis plus motivé par ce type de rencontre que pour un OM-Real. Le Real connaît déjà le Vélodrome et il le refera probablement, là on sait que c’est inédit. »
🤝 À quelques heures de la rencontre face au Real Madrid, les deux délégations ont participé à un déjeuner officiel.🇪🇺
𝐃𝐞𝐧𝐢𝐬 𝐋𝐞 𝐒𝐚𝐢𝐧𝐭 et 𝐅𝐥𝐨𝐫𝐞𝐧𝐭𝐢𝐧𝐨 𝐏𝐞́𝐫𝐞𝐳 – Président du @realmadrid – ont profité de cette rencontre pour s'échanger de belles… pic.twitter.com/ujB0M0D4rT
— Stade Brestois 29 (@SB29) January 29, 2025
Malgré une météo exécrable, le déboulonnement d’un panneau Brest posé symboliquement devant le stade de Roudourou, et une exceptionnelle ferveur des supporters brestois avant la rencontre, le Stade brestois est tombé avec les armes face au rouleau compresseur madrilène (0-3), dont le budget est 20 fois supérieur à celui des Finistériens. La bande d’Éric Roy, qui affrontera soit le PSG ou Benfica en barrages, n’a pas à rougir, mais l’expérience du tenant du titre de la compétition a fait toute la différence : 23 tirs, 5 cadrés, 0 but pour les Bretons contre 14 tirs, 6 cadrés et 3 buts pour les Madrilènes. Définitivement pas dans la même cour. En revanche, même si la soirée a été parfaite pour eux, il y a peu de chances que les Merengues choisissent Guingamp pour leurs prochaines vacances.
Par Thomas Morlec, à Guingamp