- C1
- J4
- Sparta Prague-Stade brestois (1-2)
Brest, le rêve armoricain
Alors que l'on promettait au Stade brestois de finir au mieux avec quelques petits points dans ce nouveau format de Ligue des champions, le club de la cité du Ponant a remporté trois de ses quatre premiers matchs. Avec ce parcours déjà exceptionnel, les Bretons réalisent, n'ayons pas peur des mots, l'un des plus grands exploits du football français dans la compétition.
Qui aurait cru le 29 août dernier lors du tirage de la Ligue des champions qu’après quatre rencontres, les Ty-Zefs en seraient là ? Invaincu, vainqueur du Sturm Graz, de Salzburg et du Sparta Prague, capable de tenir en échec le Bayer Leverkusen, le Stade brestois pointe à la 4e place de la C1 avec 10 points et a quasiment assuré sa place pour les barrages d’une compétition que le club de la cité du Ponant dispute pour la première fois de son histoire. Les pisse-vinaigres parleront de ce tableau de chasse comme celui d’un bon concurrent en C3, mais il faut tout remettre dans son contexte : les Bretons roulent sur l’Europe et personne ne peut aujourd’hui prédire jusqu’où ils peuvent aller.
⌚️| 44' Une volée 𝒎𝒂𝒈𝒊𝒒𝒖𝒆 😍#ACSPSB29 0️⃣-1️⃣ pic.twitter.com/mo3PslMale
— Stade Brestois 29 (@SB29) November 6, 2024
Les terreurs de Brest
Dans la foulée d’une nouvelle folie brestoise, Bredan Chardonnet a parlé au micro de Canal+ avec son cœur et ses tripes, comme à son habitude : « On a mérité d’être dans cette compétition là et on veut y croire jusqu’au bout donc on donne tout, on ne triche pas, on est à 100%. C’est vraiment cool d’avoir des résultats comme ça. » Relancé par Laurent Paganelli sur le classement et du fait que seul Liverpool a fait drastiquement mieux, le capitaine des Ty-Zefs a répondu avec malice : « Rah…on va aller les chercher ! (rires) » C’est justement cette innoncence et cette absence de complexe qui permet au 15e budget de Ligue 1 (vers le 50 millions d’euros) de regarder ses adversaires européens dans les yeux et de performer. On parle tout de même d’un club qui, hormis la saison extraordinaire de 2023-2024, luttait constamment pour se maintenir dans l’élite et dont le président, Denis Le Saint est co-gérant avec son frère une entreprise comptant parmi les leaders français de la distribution de fruits et légumes. Friqué peut-être mais loin d’être un multimilliardaire puisant dans les énergies fossiles.
Depuis qu’Éric Roy est aux manettes, cette équipe ne fait que de progresser. Encore ce soir, face au champion en titre de République tchèque, les Ty-Zefs, sereins même lors de la réduction de l’écart adverse à la 90e+2, ont donné l’impression de disputer la Ligue des champions depuis des années. Cette assurance sortie de nulle part avec des joueurs tout sauf considérés comme des maîtres de leur discipline (Mahdi Camara, Pierre Lees-Melou, Ludovic Ajorque ou encore Marco Bizot) diffuse un élan de sympathie incroyable dans un monde du football toujours plus aseptisé et gangrené par le diktat des datas. Ce qu’il se passe à Brest est une anomalie, un vent de fraîcheur.
L’anti Superligue par excellence
Alors que le projet de la Superligue voulait vendre aux amoureux du ballon rond des grosses affiches à outrance, les Bretons démontrent que ce qu’il y a de plus jouissif dans le football c’est quand une équipe parvient à renverser l’ordre établi. On imagine ce soir qu’un Florentino Perez, président d’un Real Madrid essoufflé, ou qu’un fan anglais doit se pincer quand il voit une équipe française inconnue au bataillon sur la scène européenne jouer des coudes avec Liverpool, l’Inter ou encore le Barcelone pour les premières places de la Ligue des champions. Si, à part le Paris-SG, battu au Parc des Princes par l’Atlético de Madrid dans les derniers instants, Lille et Monaco réussissent pour le moment une belle campagne européenne, l’épopée brestoise a, de par la dimension du club, une saveur particulière. Certes, le plus plus dur est à venir : Barcelone à Montjuïc, le PSV à Roudourou, le Shakhtar à Schalke et la réception du Real en guise de feu d’artifice. Mais puisque les cœurs ont déjà chaviré, autant tout renverser.
Par Thomas Morlec