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Ligue des champions africaine : la VAR en rade à Radès
La finale retour de la Ligue des champions africaine opposant l'ES Tunis au Wydad a vrillé en polémique ce vendredi à Radès, dans des proportions rarement connues. Au cœur de l'histoire, une protagoniste qui a brillé par son absence : la VAR.
De Bakou à Radès, on est pour le moment loin d’une semaine de rêve en matière de finales continentales. Après le bide saupoudré de scandale concernant la dernière marche de la petite coupe de l’UEFA mercredi, c’est carrément la grande compétition de la CAF qui est parti en sucette, deux jours plus tard.
Tenante du titre, l’Espérance sportive de Tunis accueillait dans son stade olympique un autre gros poisson du football africain, le Wydad AC de Casablanca, qui s’était hissé sur le toit de l’Afrique en 2017, pour une deuxième manche couperet après le score nul de l’aller (1-1) et tendue côté tribunes après des incidents survenus à Rabat. Un peu avant l’entracte, le héros algérien Youcef Belaïli (passé à Angers en coup de vent en 2017-2018 et déjà buteur lors de plusieurs finales) place les locaux en tête d’un pion délicieux, pour le plus grand plaisir de la fournaise de Radès. Un stade en fusion, un attaquant en état de grâce, un suspense entier : le frisson est là.
Bakary Gassama dans tous les bons coups
Sauf que passé cette pause et avec presque une heure de jeu dans les pattes, les joueurs de Casa vont totalement sortir de leur match, au sens propre. Au milieu du nuage de fumigènes, Walid El Karti vient pourtant de se faufiler entre ses deux gardes du corps pour placer une tête victorieuse sur une caresse d’Ismail El Haddad. La joie est de courte durée, puisque le drapeau s’est immédiatement levé. Dommageable, car le buteur n’est pas hors jeu, et les Casablancais le savent. Problème, la video assistant referee, apparue depuis quelques mois dans les compétitions de la CAF, n’est vraisemblablement pas opérationnelle alors que l’installation est en place. On s’excite gentiment contre le corps arbitral côté visiteurs, et l’homme en noir gambien Bakary Gassama, lui, est impuissant.
S’ensuivent 90 longues minutes de gueulante avec dirigeants à cran, le président de la Fédération Ahmad Ahmad descendant sur la pelouse, le Wydad refusant catégoriquement de reprendre la partie sans visionnage de la VAR et rentrant aux vestiaires en se faisant agresser par des supporters adverses… Puis un M. Gassama mettant fin à ce joyeux baroufle (avant de filer se planquer) par trois coups de sifflet signifiant le succès de l’ES Tunis sur tapis vert, laissant l’enceinte célébrer la conservation du titre aux deux tiers seulement de la partie. Une scène d’une autre dimension qui n’est pas la fin de l’histoire.
[?️VIDEO] ? CAF Ligue des champions ? L’Espérance Tunis sacrée dans des conditions assez folles !? Un but injustement refusé? Une VAR qui ne fonctionne pas Les joueurs du Wydad refusent de reprendre la rencontrehttps://t.co/XM12yGSnI3
— beIN SPORTS (@beinsports_FR) 1 juin 2019
Un comité exécutif d’urgence, une issue à confirmer
Car la polémique est absolument immense de l’autre côté de la Méditerranée et l’on crie au complot, ou au sabotage. Le dénouement de cette Ligue des champions 2018-2019 est encore totalement flou, à l’image de la remise du trophée qui ne s’est pas vraiment faite selon le protocole. Ce samedi matin, la CAF est dans la panade : alors que selon beIN Sports, Ahmad Ahmad aurait annoncé une démission sous peu, l’organisme a prévu un comité exécutif d’urgence qui se tiendra le 4 juin « pour débattre des issues réglementaires à réserver à cette rencontre » . Tunis est-il réellement champion ? C’est du délire.
Le football africain et son arbitrage n’avaient vraiment pas besoin de ça, d’autant que cet incident fait déjà suite à la polémique du match aller : l’arbitre égyptien Gehad Grisha (présent lors de la dernière Coupe du monde), qui a officié à Rabat samedi dernier, a été suspendu six mois pour « mauvaise performance » lors de cette rencontre. Une plainte avait été déposée côté marocain après deux situations litigieuses (un but refusé et un penalty non accordé) ayant désavantagé le Wydad, alors que la VAR fonctionnait, ce coup-ci. Ça commence à faire beaucoup cette année pour le club le plus titré du Maroc.
Bonne ambiance avant la CAN
Mais cela devient une habitude et les rôles ne sont pas toujours les mêmes : la saison dernière, alors que le match pour le titre de C1 se jouait en novembre et que la VAR faisait sa première apparition dans la compétition, l’Algérien Abid Charef avait accordé un coup de pied de réparation litigieux aux locaux d’Al Ahly malgré l’aide de la vidéo, face à Tunis. Et la finale 2017 avait également apporté son lot de piment, offrant d’ailleurs une anecdote cocasse : avant la manche 2 d’hier, la formation tunisienne était entrée dans un colère noire en apprenant que c’était Bakary Gassama qui allait être au sifflet, le soupçonnant d’avoir avantagé le Wydad lors de la finale face à Al Alhy il y a deux ans. En attendant, la première CAN de l’histoire profitant de la VAR (à partir des quarts) débute dans 20 jours en Égypte, et l’on ne devrait pas être déçu.
Par Jérémie Baron